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par Ignasi Capdevila

Au cours de la dernière décennie, de nombreux nouveaux espaces collaboratifs ont émergé, au sein d’organisations ou portés par des entrepreneurs indépendants. Au-delà de la diversité de dénominations (fab labs, living labs, hackerspaces, makerspaces, techshops, espaces de coworking), le terme open lab défini d’une manière plus englobante et générique ce phénomène. Dans un article paru le 2 décembre 2016 dans le journal The conversation, que Metis reprend, Ignasi Capdevila nous parle de cette petite révolution.

 

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Image : Co-création de meubles dans le fab lab Tricity (Gdańsk, Pologne). Maciej Wojnicki, CC BY

 

Le phénomène open labs
Un open lab fait référence à

« un lieu et une démarche portés par des acteurs divers, en vue de renouveler les modalités d’innovation et de création par la mise en œuvre de processus collaboratifs et itératifs, ouverts et donnant lieu à une matérialisation physique ou virtuelle » (Mérindol et al., 2016).

Certains open labs se sont développés par des initiatives privées soutenues par un petit groupe d’entrepreneurs (par exemple la plupart des espaces de coworking) ou par une communauté intéressée par un domaine spécifique (comme c’est le cas des hackerspaces où se rassemblent des « bidouilleurs »).

 

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Image : Betahaus Barcelona, un espace de coworking et d’innovation ouverte. Barcelona Navigator

 

Dans d’autres cas, les open labs ont été créés dans des organisations, soit dans des institutions publiques – comme des universités -, soit dans des entreprises. De nombreuses entreprises en France (Air Liquide, Alcatel Lucent, Bouygues, Dassault systèmes, EDF, PSA, Renault, SEB, SNECMA, SNCF…) ont créé un open lab au sein de leur organisation dans une démarche d’innovation ouverte, pour faciliter la collaboration entre leurs employés et pour aider au développement de nouvelles idées et prototypes qui potentiellement pourraient aboutir à un produit exploitable commercialement.

Définition des open labs

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Open labs d’entreprise
La création des open labs d’entreprise peut être à l’origine d’une démarche des salariés (dynamiques bottom up) ou des gestionnaires (dynamiques top-down). Dans tous les cas, le succès des open labs requiert de la combinaison des deux dynamiques : d’un côté, de la motivation et participation active des employés et, de l’autre, du support des managers.

Ces initiatives contribuent à mettre en œuvre l’ambidextrie organisationnelle, en renforçant les activités d’exploration, invention et idéation, qui pourront potentiellement donner lieu à l’exploitation commerciale des résultats.

Néanmoins, ce ne sont pas seulement les open labs installés dans des organisations qui contribuent au développement de la créativité collective des entreprises. Les open labs qui se sont développés hors des entreprises participent souvent aussi à alimenter la créativité des organisations. Dans un contexte d’innovation ouverte, les entreprises visent à détecter et utiliser la créativité distribuée dans leur environnement local pour alimenter leurs processus d’innovation.


Quand l’entreprise s’ouvre aux open labs de son environnement

Pour cela, de nombreuses entreprises collaborent avec des open labs de leur environnement pour renouveler leurs approches de la créativité et de l’innovation. Par exemple, des open labs de la région parisienne comme ICI Montreuil, UsineIO, ou Liberté Living Lab collaborent avec des entreprises pour co-développer des nouveaux produits en mobilisant leurs experts et les membres de leurs espaces.

 

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Image : Un des ateliers de ICI Montreuil.

 

Par exemple, dans le cas d’ICI Montreuil, les gestionnaires de l’espace mettent leurs membres en relation avec des entreprises pour le co-développement de projets innovants, d’une manière ouverte et multidisciplinaire. Comme l’affirme Nicolas Bard (co-fondateur d’ICI Montreuil) :

« [Les open labs dans les grandes firmes] ont 60 m², ils ont quelques machines, ils ont quelques employés. Ils n’ont pas 20 % des machines qu’on a. Ils ont 10 % des savoir-faire qu’on a. Ces lieux dans les entreprises leur permettent de faire quelques trucs mais ils viennent ici pour chercher des machines et des compétences qu’ils n’ont pas. »

Dans le cas d’UsineIO, l’approche est différente. Dans ce cas, des experts spécialisés employés par l’espace offrent leurs services aux entreprises pour les introduire au monde des makers et les aider à développer de nouveaux produits, tout en assurant une totale confidentialité de leurs projets. Comme l’explique Benjamin Carlu (co-fondateur d’Usine IO) :

« Beaucoup de porteurs de nouveaux projets arrivent, ne savent pas vraiment quelles vont être les grandes étapes de la vie d’un produit depuis la conception jusqu’à l’industrialisation. Il y a un vrai chantier à mettre en place pour développer un produit et là on les aide. On a créé une méthode de développement de produits qui est une sorte de checklist dans laquelle ils peuvent se mettre. Ils voient la timeline, les ressources qu’il va falloir mettre en face, etc. Ils sont vraiment accompagnés dans cette dynamique de développement de produit. »

Les open labs permettent aux entreprises d’introduire une nouvelle culture digitale en favorisant l’esprit « maker » dans leurs équipes. Une approche exploratoire interdisciplinaire basée sur le prototypage rapide et l’essai-erreur permet également de gagner en flexibilité et en efficacité, ainsi que de réduire le time-to-market.

Aussi, en participant dans les communautés de makers au sein des open labs extérieurs, les entreprises peuvent sortir de leur zone de confort et alimenter leurs processus créatifs avec les nouvelles idées et connaissances fruits de rencontres imprévisibles.

 

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Image : Amsterdam Fab Lab dans The Waag Society. Wikimedia


 

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