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Une enquête de l’automne 2018 menée par des consultants en Sciences politiques de YouGov. Deutschland.GmbH a été publiée par la Friedrich Ebert Stiftung. Elle permet de photographier les critiques et les attentes des Allemands. Le titre de la publication est significatif : « More just. More social. Less inequal. What German expect from Europe ». Quelques résultats :

Pour les constats, on peut sentir que la crise est comme devenue l’état normal de l’Europe et que l’Europe comme institution n’a pas réalisé les promesses que contenait son projet. Du coup, les souhaits que formulent les Allemands sont surtout tournés vers la politique sociale, d’autant qu’ils sont conscients des énormes différences de développement économique et social existant entre les différents pays de l’UE : un challenge pour tous ! 40 % pensent que les inconvénients et les avantages de l’Europe sont équivalents, mais les catégories sociales dont les revenus sont les plus bas pensent que les désavantages l’emportent.

Trois Allemands interrogés sur quatre sont d’accord avec l’introduction d’un SMIC européen (ce qui ne signifie pas le même salaire partout, mais le même principe de calcul partout : un certain pourcentage du salaire médian du pays). Les mesures de renforcement des contrôles et des mesures de régulation vis-à-vis des sociétés multinationales comme vis-à-vis des dettes souveraines sont plébiscitées.

Plus en détail : un citoyen sur trois pense que l’Europe ne promeut pas l’égalité des conditions de travail et les opportunités d’amélioration des conditions de vie (livehood opportunities). Les thématiques à adresser sont alors les retraites, les soins de santé, l’éducation et le logement. Mais paradoxe, ce sont des sujets plutôt « classés » comme relevant des politiques nationales. D’un autre côté sont envisagés comme sujets européens : la sécurité (lutte contre la criminalité et le terrorisme), la protection de l’environnement et du climat, l’intégration des migrants, les affaires étrangères et la défense. Alors que les systèmes de retraite, le système de santé et de soins, l’éducation et le logement (aides au logement et politique de prêts immobiliers) relèveraient de chaque pays. Il y aurait donc une dialectique subtile à trouver entre le niveau européen et les choix nationaux… d’autant que les opinions de ceux qui sont partagés sont plus nombreuses que celles de ceux qui ont un avis tranché…

D’après cette enquête, les quatre sujets d’urgence qui devraient se trouver tout en haut de l’agenda des nouveaux responsables européens :

  • L’immigration venue des pays non européens
  • Les dettes souveraines des Etats de l’UE
  • Les Etats membres qui ont des politiques non conformes aux valeurs européennes (EU member states disagreeing politically)
  • La protection de l’environnement et du climat

A quoi pourrait ressembler une « Europe sociale » ?

Elle comporterait un salaire minimum européen, des standards sociaux minimum européens (on peut supposer que cela peut concerner les minimas sociaux, les diverses formes de « revenu citoyen », les prestations sociales de base…), une clause interdisant aux Etats européens de réduire le niveau des prestations sociales (!), une fiscalité commune pour les entreprises multinationales. Les mesures de salaires minimums et de fiscalité des grandes entreprises sont considérées comme primordiales et viennent dans l’ordre des choses à faire juste après le contrôle des dettes souveraines des différents Etats (on est quand même en Allemagne !)

Voilà des résultats bien intéressants, si ce n’est que les citoyens interrogés avouaient qu’ils ne font confiance à aucun des partis existants pour mener à bien ces transformations… Alors qui ?

  • Pour en savoir plus :

    – L’étude a été réalisée par Martha Posthofen et Frieder Schmidt à partir d’une enquête quantitative conduite avec le panel de YouGov On Line et d’une enquête qualitative constituée de groupes de discussion. A l’automne 2018 et dans les villes de Cologne, Stuttgart et Rostock.

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