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Quelques réflexions d’Emmanuel Couvreur, lecteur assidu et contributeur occasionnel de Metis, sur l’assurance chômage… et pourquoi pas « l’assurance travail ? »

Dans la Chronique Internationale de l’IRES (N° 173 de Mars 2021), le chercheur Marc Kalmann traite de l’Industrie 4.0 en Allemagne : Vers la digitalisation concertée de l’industrie manufacturière. L’auteur part du constat d’une meilleure résistance de ce pays à la désindustrialisation avec une industrie qui reste la plus développée des pays de l’OCDE. Depuis les années 1990, ce pays a pris conscience que le maintien de sa compétitivité dépend de sa capacité d’innovation. C’est le pari technologique basé sur l’innovation technologique avec une mobilisation énorme de tous les acteurs sociaux, économiques et politiques. La stratégie industrielle nationale pour 2030 passe par un élargissement de l’agenda industriel aux enjeux et acteurs sociaux.

Il y est question de créer des emplois de qualité pour « faire du bon travail » et de passer de « l’Assurance Chômage » à « l’Assurance Travail » en privilégiant l’employabilité des individus avec l’acquisition de qualifications tout au long de la carrière professionnelle. Ce que je retiens c’est que la vieille économie manufacturière allemande s’est donné une vision du futur et les moyens d’une véritable concertation sociale.

….Et si on discutait en France de « l’Assurance Travail » plutôt que de s’enferrer dans un débat infernal sur le coût du chômage en finissant par perdre de vue que ce qui compte : l’assurance d’un travail pour tous.

Cela voudrait dire que toute négociation devrait prioriser le maintien ou le retour à l’emploi des salariés. Cela nous obligerait à développer la vision future de l’emploi et donc à gérer à la fois les nouveaux emplois qui se créent, mais aussi à anticiper les emplois menacés et donc les nouvelles qualifications à pourvoir. Ce que j’observe c’est qu’en France nous abordons l’emploi de manière institutionnelle et budgétaire, mais pas dans une réflexion industrielle ou tertiaire par rapport aux évolutions de l’activité. « La question n’est pas combien de postes seront supprimés, mais comment est-ce que nous réussirons à adapter rapidement notre système éducatif et de formation professionnelle aux transformations structurelles ? » En Allemagne, le syndicat est en partie responsable de l’adaptation des diplômes et des formations, et c’est au sein de cette nouvelle main-d’œuvre qualifiée que le syndicat IG Metall recrute en priorité ses militants. Enfin cela donne lieu à des expérimentations sur la manière dont s’opère l’introduction de ces nouvelles technologies. Certes l’auteur conclut que la diffusion se fait de manière différenciée et modérée en fonction de la taille des entreprises.

En cette période difficile de négociation sur l’Assurance Chômage, la France ne devrait-elle pas s’inspirer de nos voisins allemands pour redonner du souffle et de la vision à un sujet qui en fin de compte concerne autant les chômeurs que les salariés en activité dont l’avenir sera de plus en plus marqué par le changement et les évolutions d’emploi ?

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