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Santé et sécurité au travail, plus de 2 millions de morts chaque année !

publié le 2013-05-03

 

Ironie du sort, le drame de Savar est intervenu quelques jours avant la journée mondiale pour la santé et la sécurité au travail parrainée par l’OIT. Cette année, l’Organisation a souhaité mettre l’accent sur les maladies professionnelles. Moins spectaculaires, elles représenteraient néanmoins l’écrasante majorité des sources de mortalité liées au travail, bien avant les accidents.

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Ainsi, « sur les 2,34 millions de décès au travail constatés chaque année, seuls 321 000 sont dus à des accidents. Les autres 2,02 millions de décès sont causés par différents types de maladies liées au travail ». Par contre, les accidents non mortels (317 millions par an) demeurent – sans surprise – beaucoup plus nombreux que les maladies non mortelles (160 milions).

 

Plus largement, cette journée était également l’occasion de s’intéresser à la notion de bien-être au travail, dans un contexte où de nouveaux suicides chez Foxconn (en Chine), ou chez Renault (en France) viennent rappeler l’importance de la lutte contre le harcèlement sous toutes ses formes. Le syndicat belge FGTB a quant à lui profité de cette journée pour publier une enquête sur le « technostress », c’est-à-dire le stress induit au travail par les machines et moyens de communication. Elle révèle que pour la plupart des travailleurs interrogés, « les moyens de communication sont vécus comme un instrument de contrôle et débouchent sur une intrusion de plus en plus grande de la vie professionnelle dans la vie privée. » Sans compter les inquiétudes qui pèsent quant aux menaces sur la santé des ondes émises par certaines de ces machines.

 

Retour au Banbladesh où plus de 500 personnes ont péri dans l’effondrement de l’usine de textile Rana Plaza à Savar, de violentes manifestations continuent de secouer le pays pour réclamer la fin des négligences qui permettent la multiplication de ce type de drames. En 2005, 75 ouvriers périssaient déjà dans l’écroulement d’une autre usine de Savar. Ils étaient 18 en 2006 à Dacca, 25 en 2010 et 112 il y a à peine 5 mois lors d’un incendie.

 

Pour beaucoup, c’est la logique même de la mondialisation économique qui est à blâmer, les prix dérisoires pratiqués par les sous-traitants bangladais au profit d’enseignes multinationales bien connues ne pourraient en effet s’obtenir que sur le dos de la sécurité et du bien-être des salariés. Le développement de la RSE est apparu un temps comme une solution prometteuse dans un contexte de réglementation internationale lacunaire ou inadaptée. Mais les désillusions se multiplient également à son endroit, comme en témoigne une étude publiée par la confédération syndicale américaine AFL-CIO. Elle y dénonce les certifications accordées par des cabinets d’audit sociaux peu scrupuleux à des usines qui violent manifestement les contraintes de sécurité les plus élémentaires. Le rapport met en cause les insuffisances des audits financés par les entreprises elles-mêmes qui seraient, « au mieux, limités. Au pire, ils peuvent dissimuler des problèmes et signaler que les conditions de travail sont décentes alors qu’elles ne le sont pas ». Seules les initiatives multipartites dans lesquelles les travailleurs ont effectivement voix au chapitre s’en tireraient mieux, mais le syndicat américain en appelle tout de même aux gouvernements pour faire respecter efficacement les normes internationales du travail.

 

Source(s):

Reuters (en anglais)

Counterpunch (en anglais)

CSI

OIT

China Labor Watch (en anglais)

Le Monde

FGTB

 

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