Ces invisibles qui font le cinéma, de Samuel Zarka.
C’est bien connu, Metis aime le cinéma. Au point que, fort du dévouement de Jean-Marie Bergère, le plus cinéphile de ses rédacteurs, il vous offre chaque quinzaine ou presque la critique d’un film que vous n’auriez peut-être pas eu l’idée d’aller voir ou revoir sans lui. Une rubrique cinéma dans une revue traitant avec sérieux de sujets austères comme le travail et l’emploi, on pourrait voir ça comme une petite fenêtre entrouverte sur le divertissement, histoire de faire passer la pilule. Mais voici qu’un livre tout récemment paru prétend tenir les deux bouts en proposant, selon les mots de son auteur, Sociologue à Sorbonne Paris Nord et au Cnam-CEET, une « histoire du cinéma français par le bas ». Ou encore, en termes académiquement plus conformes, une « sociohistoire du travail cinématographique et audiovisuel en France ».
Le livre collectif Consentement, organisation et société, publié sous la direction de Jean-Michel Saussois aux Presses de l’Université Laval (PUL), explore l’ensemble des dimensions de la notion de consentement au coeur de débats difficiles et particulièrement d’actualité. Au travail, dans l’intimité, dans la relation entre un patient et son médecin, en tant que citoyen et contribuable, dans la liste interminable des CGU de nos applications favorites, lors de choix de carrière ou pour modifier sa consommation, que signifie consentir ? Est-il possible de le faire de façon « libre et éclairée », quelle place pour la dimension contractuelle de nos relations, pour la « fabrique du consentement » dans la société, que faire de la « servitude volontaire » ? Les questions sont nombreuses.
Dans les articles que nous avons publiés sur les enjeux de la santé mentale au travail, la question des discriminations et de la stigmatisation qui isolent et excluent les personnes vivant avec des troubles psychiques plus ou moins sévères, a été systématiquement posée.
Claire Le Roy-Hatala a publié à l’automne dernier « La vérité sur les troubles psychiques au travail ». En variant les postes et fonctions, elle explore depuis une vingtaine d’années les différentes facettes de cette question plus que jamais dans l’actualité. Elle intervient aujourd’hui auprès des personnes et des organisations confrontées aux conséquences de troubles psychiques plus ou moins sévères. Jean-Marie Bergère l’a rencontrée dans son bureau dans l’est parisien. Au fond d’une minuscule cour, il est protégé des bruits de la ville. Le cadre idéal pour une conversation à bâtons rompus et néanmoins approfondie.
L’ouvrage de Philippe Denimal Valoriser les emplois, reconnaître le travail, se présente comme un manuel à mettre entre les mains de tous les acteurs sociaux, qu’ils soient employeurs, managers aux différents niveaux ou délégués syndicaux et représentants du personnel dans l’entreprise ou négociateurs de branche. Plus largement, il s’adresse à tous ceux qui s’intéressent aux hiérarchies professionnelles et salariales que sont les grilles de classification de branche et aux politiques salariales menées dans les entreprises. Un livre important à un moment où la négociation de branche revient sur le devant de la scène et où est posée avec acuité la question des minima salariaux de branche et de la dynamique salariale par rapport au SMIC. Michèle Tallard le présente aux lecteurs de Metis.
Dans son nouveau livre Les institutions invisibles, Pierre Rosanvallon poursuit son exploration de la « boîte noire » de nos sociétés. Nous avons en tête la dynamique vitale entre « les lois et l’esprit des lois », entre les règles et les mœurs, entre les institutions et les variables d’ordre culturel. Pierre Rosanvallon ajoute un troisième élément à cet édifice qui permet de « faire société » : celui des « institutions invisibles », institutions car « facteurs d’intégration, de coopération et de régulation structurant le monde social », invisibles car n’ayant ni statut ni instances dédiées pour les gouverner. Il en cite trois : la confiance, l’autorité et la légitimité.
Nous avions publié en 2022 un article à propos du livre de Madeleine Riffaud Les linges de la nuit. Elle vient de nous quitter mais son livre reste d’actualité. En 1974, elle se glissait dans la peau d'un agent hospitalier. Dans son livre elle faisait le récit de cette immersion incognito. Cinquante ans après, le livre est réédité chez Michel Lafon.
Philippe Denimal était son ami le plus proche depuis des années, en l’absence de famille, il l’a accompagnée dans ses joies comme dans ses douleurs et jusqu’au bout de son chemin exemplaire.
Antoine Compagnon publie La littérature ça paye. J’aime bien les pas de côté et le titre provocateur du livre de l’académicien, professeur émérite au Collège de France et professeur à l’université Columbia, m’a incité à aller y voir de plus près. Avons-nous là une alternative au déclin des revenus du travail, une lueur d’espoir, au moment où Antoine Foucher, directeur de Cabinet de Muriel Pénicaud, ministre du travail de 2017 à 2020, publie Sortir du travail qui ne paie plus et qu’un rapport de l’OIT alerte sur le déclin des revenus du travail comparés à ceux du capital ? La question mérite réflexion.
Le livre d’Antoine Foucher semble en vogue. Il a rapidement été épuisé et a nécessité une réédition. C’est dire si la promesse du titre rencontre un écho important. Il est écrit par quelqu’un qui a été au cœur des questions de l’emploi et du travail comme directeur de cabinet de Muriel Pénicaud, ministre du Travail du gouvernement d’Edouard Philippe. Ce livre comporte deux parties classiques, un diagnostic et des propositions.
Le Rassemblement National apparait désormais comme une alternative envisageable pour un nombre grandissant d’électeurs dont les caractéristiques se diversifient. On a pu déceler une ligne de partage territoriale entre ceux qui votent pour le RN et les autres, opposant les villes des campagnes, les différences de vote entre centres urbains et mondes ruraux s’expliquant par des différences de composition sociale – niveau de diplôme, de revenu, génération, genre –, par l’histoire du territoire, le tissu économique ou encore les conditions de travail. Les dernières élections législatives ont montré des poussées importantes chez le bac+3 (+14 points avec un niveau de 22%) et idem pour les cadres (dont ceux de la fonction publique).
La France n’est pas le seul pays concerné par ce type de menace : globalement, avec quelques exceptions, tout le monde occidental subit cette pression. Pourquoi ces populations sont-elles en souffrance ?
Le temps de l’été est propice à quelques relectures de textes déjà publiés dans Metis pour apporter (ou rappeler) quelques éclairages et montrer comment des mouvements géopolitiques et géoéconomiques œuvrent et brisent les pactes sociaux sur lesquels nous croyons vivre encore et qui nous enferment dans des pièges redoutables.
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