Katharina Pistor est une juriste allemande, professeure de droit comparé, spécialiste, en particulier, de la réglementation financière internationale. Dans ce livre, elle apporte une analyse approfondie des nouveaux modes de construction du droit par les avocats, des acteurs privés donc. À l’époque où de nombreux militants tentent de s’appuyer sur le droit pour mettre en cause les entreprises et les États, c’est une lecture particulièrement passionnante.
Le conflit à propos de l’âge de départ en retraite a paradoxalement révélé l’urgence de poser collectivement la question du travail, son organisation, ses conditions d’exercice, le sens qu’il peut prendre pour chacun. L’engagement d’Alain Alphon-Layre pour qu’un débat ait lieu sur ces questions est plus ancien. Il a porté les « questions du travail » tout au long d’un parcours militant et pendant une dizaine d’années au sein de la direction nationale de la CGT, à l’intérieur de la Confédération syndicale comme à l’extérieur. Il publie aujourd’hui Et si on écoutait les experts du travail ? Ceux qui le font.
Le livre de Jean-Pierre Bouchez Le travail et ses espaces invite à un parcours historique et géographique des évolutions du travail au travers du prisme des espaces : l’usine fermée sur elle-même, le gratte-ciel de fer et de verre, les bureaux paysagers plus ou moins utopiques, les open spaces, le flex-office, le télétravail à la maison : autant de formes qui modifient le sens du travail.
Le concept de « société de consommation » questionnait notre propension à faire de la possession des choses le principe et la finalité de nos vies. La consommation est simultanément, et souvent contradictoirement, vue sous des angles différents. L’un d’eux est économique. Consommer est une question de prix et de pouvoir d’achat. Un autre est utilitaire. L’objet qui me rendrait service est-il disponible ? Des considérations politiques, éthiques et écologiques peuvent intervenir, comme lorsque nous décidons de ne plus consommer d’aliments carnés. Le livre d’Anthony Galluzzo en explore la portée symbolique. Il retrace les grandes étapes de « notre conversion à la consommation » qui a fait « des objets et des pratiques de consommation les dispositifs centraux de la définition et de la mise en scène de soi ».
Avec Pédagogie de la résonance (2022), livre d’entretiens avec Wolfgang Endres, Hartmut Rosa poursuit sa sociologie du rapport au monde. Il analyse ce qui peut se passer dans l’univers d’une salle de classe, en plaçant au centre de toute transmission du savoir, la relation de l’enseignant à ses élèves, la relation des élèves entre eux et avec leur enseignant. Cette relation est toujours non seulement cognitive, mais aussi émotionnelle et physique. Elle peut être une relation « muette » ou, selon le vocabulaire du socio-philosophe allemand, une relation résonante, caractérisée par « une réciprocité vivante », lorsque la matière enseignée parle à l’élève, s’inscrit en résonance avec sa propre vie actuelle et le transforme. Le livre concerne surtout l’espace scolaire, mais le concept de « pédagogie de la résonance » peut s’appliquer à tous les espaces de formation destinés aux actifs.
Xavier Baron dans son article « Le travail de maintenance : entre danse et éthique de l’entretien » a livré sa lecture du livre de Jérôme Denis et David Pontille, Le Soin des choses, Politiques de la maintenance. Denis Maillard le lit à son tour, en s’appuyant sur les philosophes convoqués.
Le livre de Monique Canto-Sperber Une école qui peut mieux faire reprend les critiques adressées au système d’enseignement français mais surtout contient des informations précieuses sur le développement des « free schools » ou « charter schools » en Suède, aux USA et en Angleterre. Il dessine des organisations de l’école différentes dans leurs organisations et aux effets contrastés, pas toujours ceux attendus.
Françoise, Elisabeth, Marie-Agnès et Alain racontent. Elles sont assistantes sociales et il est éducateur spécialisé. Ces professionnels de l’aide sociale à l’enfance (ASE), ont exercé dans la même ville dans un département rural. Ils ont eu des fonctions d’encadrement, ou non, et sont, au moment de l’écriture du livre Aux côté des familles, de jeunes retraités. Elles et il se souviennent.
« Ça parlait – De la Picardie – Et des roses – Qu’on trouve là-bas… » Déjà empreinte de nostalgie lorsqu’Yves Montand l’interprétait en 1980, cette chanson – Dansons la rose – paraît d’autant plus vieillie que les roses politiques, celles que le parti socialiste portait au poing, semblent être définitivement fanées, qu’elles proviennent de Picardie, du Nord, de l’Est et même d’une partie du Sud de la France. Le « peuple de gauche », pour parler comme dans les années 1970, c’est-à-dire cette alliance politiquement féconde des ouvriers, des employés, des enseignants et des intellectuels est désormais plus difficile que jamais à rassembler.
Pandémie, dérèglement climatique, épuisement des ressources : autant de crises grosses de dangers, mais qui ont au moins cette vertu de rendre brusquement aigus et palpables des problèmes qui sans elles resteraient la préoccupation de quelques penseurs, groupements et lanceurs d’alerte, condamnés à prêcher dans le désert du déni collectif. Ainsi en va-t-il du travail : les alertes n’ont pas manqué sur ses dérèglements, mais il aura fallu la pandémie pour que la « Grande démission » donne à la question son ampleur et son urgence. C’est tout l’intérêt du livre, Redonner du sens au travail, que publient Thomas Coutrot et Coralie Perez que de s’en saisir.
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