Metis a souhaité proposer un dossier très complet sur ces problématiques complexes parfois dénommées « Travail et écologie », « Dialogue social et environnement ». La loi « Climat et résilience » prévoit que les instances représentatives du personnel (principalement le CSE) doivent faire valoir un avis sur les conséquences environnementales d’un projet de leur entreprise : bien peu le font.
Certains jeunes diplômés dans des start-up ou labos de grandes entreprises créent de nouveaux syndicats écolos (Le Printemps écologique par exemple). Les « super-diplômés » des grandes écoles ne voudraient plus aller dans les entreprises « polluantes » et trouvent que les questions environnementales n’ont pas assez de place dans leurs enseignements. Ils se retrouvent dans les « Collectifs ».
De leur côté, les organisations syndicales s’essaient à des rapprochements avec des ONG, des activistes du climat : c’est tout un champ nouveau qui s’ouvre et que Metis explore.
Partout le déni des dérèglements climatiques est en recul, mais il y a comme une réticence, un recul avant de parler de post-croissance. Les stratégies se cherchent. La peur d’affronter la question réforme/révolution ? Les contraintes sectorielles, la conjoncture économique, les politiques publiques, les choix des entreprises pèsent lourd dans tous les pays et quelle que soit la configuration des organisations syndicales. Les entreprises, comme les individus ont leurs contradictions et c’est ce dont il faut pouvoir débattre.
Dans le dossier :
1. Les syndicats et les entreprises face à la transition écologique : Quelles différences entre les pays, et les secteurs d’activité ?
- Jean-Marie Bergère et Michèle Tallard ont fait un compte-rendu détaillé des Entretiens de l’IRES « Les organisations syndicales face aux défis environnementaux » qui comporte des études pays, des problématiques plus globales tout en restituant les positions des organisations syndicales françaises.
- En 2023, Nicola Düll (Economix, Munich) a réalisé avec une équipe (Tim Vetter et Inga Pavlovaite) et des experts nationaux, une « thematic review » intitulée « Fair transition toward climate neutality » pour la Commission européenne dont Eva Quéméré a traduit le chapitre IV, « Dialogue social et transition écologique dans les 27 pays européens ». En fait c’est surtout aux niveaux intermédiaires, régional et sectoriel, que des initiatives se développent.
Partout une ligne de partage entre les secteurs industriels traditionnels, qui sont aussi ceux où les organisations syndicales sont très présentes (mines, énergie, exploitation pétrolière, gaz de schiste) et le reste de l’économie.
Partout une première entrée dans le sujet par les questions de santé, maladies professionnelles, conditions de travail, les plus proches des thématiques syndicales habituelles.
2. Les salariés et les questions écologiques
Comme dans l’approche de la plupart des citoyens, on retrouve l’opposition entre les petits gestes du quotidien, d’initiative individuelle, mais l’on voit aussi naitre des projets plus collectifs.
- Paul Montjotin a une expérience d’élu du personnel en entreprise au titre du Printemps écologique ainsi qu’une réflexion personnelle sur les questions écologiques menée notamment au sein de l’institut Rousseau. Afin d’éclairer et de préciser les enjeux et le cadre pertinent au sein duquel les entreprises et les acteurs sociaux peuvent en débattre et agir, Jean-Marie Bergère l’a rencontré et interrogé : « Les salariés et la transformation écologique de leur entreprise ».
- Martin Richer est allé à la rencontre des « Collectifs », un exemple particulièrement intéressant de levier de transformation venant du terrain. Ce sont des organisations, souvent informelles, qui se sont spontanément créées dans les entreprises dans le but de contribuer à leur transition écologique et sociale et de l’accélérer. Entretien avec Marion Rosenstiehl, qui en est une cheville ouvrière au sein du Groupe Suez : « Les Collectifs, le ferment de la transition écologique des entreprises ».
- Jean-Marie Bergère est allé explorer « Le campus de la transition» qui, à beaucoup d’égards, semble un objet singulier, original, qui ne rentre pas dans une case connue. C’est vrai aussi bien pour la philosophie de l’ensemble que pour les activités qui sont les siennes. Après s’être rendu sur place, Jean-Marie Bergère s’est entretenu avec Véronique Malé, co-dirigeante, déléguée à la formation et à la recherche : « Au Campus de la transition ».
- Michel Weill, membre du comité de pilotage du club Convaincre-Rhône-Alpes ; qui a adhéré dès sa création au Pacte du pouvoir de vivre (PPV) participe à ce titre à l’animation du groupe local Lyon-Rhône. Les échanges qui y ont lieu et les initiatives qui y sont prises ne peuvent au sens étroit du terme être qualifiés de dialogue social. Mais la naissance même du PPV résulte du constat qu’il ne pouvait pas y avoir d’action sur les enjeux socio-écologiques sans lien avec des acteurs extérieurs à l’entreprise. Le social s’élargit inévitablement au sociétal… et prend de ce fait une dimension politique ! C’est ce que ce témoignage essaie de suggérer : « Pacte du pouvoir de vivre : l’exemple de la ZFE de Lyon ».
3. Deux initiatives d’organisations syndicales françaises : les « Sentinelles vertes » (CFDT) que décrit Michaël Pinault et le Radar Travail Environnement (UGICT-CGT) dont Fabienne Tatot développe les ambitions et le déploiement
- En 2022, l’UGICT (Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens-CGT) a lancé son Radar Travail Environnement. Outil au service des salariés, acteurs des solutions à venir et du développement des commissions Environnement dans les Comités économiques et sociaux (CSE), la décision est prise de le déployer au niveau Confédéral de la CGT. Pour cela, le travail de formation réalisé par la commission confédérale ETAP (Environnement et Transformation de l’Appareil Productif) est essentiel. Fabienne Tatot, secrétaire nationale de l’UGICT, membre du CESE, pilote ce Radar Travail Environnement. Michèle Tallard l’a rencontrée pour Metis : « Radar Travail Environnement, rencontre avec Fabienne Tatot »
- Jean-Marie Bergère a rencontré Michaël Pinault, en charge depuis 4 ans de l’action revendicative au sein de la Fédération Conseil, Communication, Culture (F3C), qui a mis en place dès 2020 un réseau très actif de militants et d’élus d’entreprises, le réseau des « Sentinelles vertes » : « Un manifeste et des Sentinelles vertes. La CFDT pour une transition juste ».
- Nous vivons depuis bien longtemps dans une société du travail et de la croissance synonyme de progrès. Beaucoup remettent en cause son évidence. La crise sanitaire y contribue à sa manière. Au-delà des comportements individuels, la sobriété collective est-elle à l’ordre du jour ? À partir de ses lectures, Jean-Marie Bergère dessine des chemins : « Conjuguer progrès et sobriété ».
- Depuis le début de l’année 2024, la directive européenne CSRD est en vigueur, imposant aux entreprises des normes de rapport extra-financier. Cette mesure vise à accroître la transparence des informations concernant leurs initiatives en matière de « durabilité ». En juin 2021, Martin Richer en parlait dans cet article que nous republions : « Information « extra-financière » : reconquérir la souveraineté européenne ».
- Il faut nous confronter à l’urgence écologique. Dénoncer les fausses évidences, éviter la consensuelle bien-pensance pour chercher une nouvelle boussole et tracer des chemins pluriels. Jean-Marie Bergère à propos du livre de Pierre Veltz L’Économie désirable. Sortir du thermofossile : « Le chemin vers la sobriété de masse reste à inventer ».
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