Que faire ? Woman at War, met les options sur la table. Halla, la quarantaine décidée, est prête à tout pour empêcher l’extension d’une usine d’aluminium aux conséquences écologiques désastreuses. Elle veut aussi adopter Nika, une orpheline ukrainienne dont la famille a été tuée. Elle dirige une chorale. Sa sœur jumelle, Asa, cherche la paix intérieure dans la méditation et la spiritualité. Sveinbjorn décide simplement de rendre service à celle qui est en difficulté. Balvin veut combattre, mais ne prendra aucun risque.
Reprenons. En Islande, pays de 330 000 habitants, capitale Reykjavik, la lutte contre la multiplication des centrales hydro-électriques censées produire l’énergie nécessaire à l’implantation d’usines par des multinationales, mobilise très largement. La chanteuse Björk s’est engagée dans ce combat contre les autorités du pays et les industriels. Halla, héroïne du film, est une militante. Elle fait le choix radical du sabotage. Elle provoque des courts-circuits sur les lignes à haute tension, finit par détruire un pylône électrique afin de décourager les investisseurs potentiels. Elle revendique cette forme de guérilla au nom de principes et de droits supérieurs, ceux de la protection d’une nature exceptionnelle et des besoins des générations futures. À l’engagement partisan, elle préfère l’éthique de la désobéissance civile et le risque de l’action illégale. Elle opère en solitaire. Elle signe « la femme des bois ».
Elle est bientôt recherchée par toutes les polices de l’île. Les drones, les hélicoptères, les barrages routiers la traquent pendant sa fuite dans les Hautes Terres islandaises, cette lande magnifique qu’elle aime passionnément. Elle fait alors l’expérience de sa vulnérabilité. L’issue de l’affrontement entre David et Goliath n’est jamais écrite à l’avance, quelle que soit notre sympathie spontanée pour Robin des bois et tous ses successeurs. Seule, elle est perdue. Au fermier croisé par hasard, elle dit « si vous voulez m’aider, c’est tout de suite ». Sans l’aide de personnes qui ne partagent pas son combat, au moins dans la forme extrême qu’il prend, elle ne peut pas s’en sortir.
Seule, elle ne pourrait pas non plus réaliser ce qui est à la fois un rêve personnel et une autre façon d’agir sur la marche du monde. Nika, une fillette de quatre ans, attend d’être adoptée. Pour les services sociaux, Halla est la première sur la liste, sa sœur Asa vient juste derrière. Il ne s’agit plus d’affronter les puissances économiques ou leurs alliés politiques et d’œuvrer pour le bien de la planète et des générations à venir, mais de donner un avenir digne à Nika, en train de dessiner tranquillement assise devant une table dans un orphelinat misérable. Nous sommes plus proches des modes d’action des Colibris, chaque goutte d’eau versée pour éteindre l’incendie, compte. Par ailleurs, Halla enseigne le chant, elle dirige un chœur. Le chant choral n’est pas un exercice solitaire.
Dans Woman at War, Benedict Erlingsson porte le combat écologiste et féministe avec conviction et légèreté. Un touriste sud-américain fait régulièrement diversion à son corps défendant. Un orchestre et quelques chanteuses apparaissent et disparaissent non sans avoir offert une respiration au film et aux spectateurs. La scène finale a beau être apocalyptique, le film réussit l’exploit de mêler la fantaisie, l’émotion, l’action et la gravité. Le talent de l’actrice Halldora Gheirardsdottir, dans les rôles d’Halla et d’Asa y est pour beaucoup. Un film aussi rare et réjouissant que les paysages somptueux et uniques de l’Islande.
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