Les makerspaces: un petit coin de paradis technologique?

Dans un livre très documenté, Makers. Enquête sur les laboratoires du changement social, Isabelle Berrebi-Hoffmann, Marie-Christine Bureau et Michel Lallement nous convient à un voyage ethnographique dans les hackerspaces, les makerspaces et les fablabs, ces temples du bidouillage qui prolifèrent aujourd'hui en France. À l'issue de la lecture, une hésitation est permise : s'agit-il de laboratoires de l'innovation, leviers utiles à l'économie nouvelle, ou bien de pôles d'éducation populaire dédiés à l'art de la main et à finalité intégratrice ?

Quand les hackers réinventent le travail

En mars 2015, Jean-Marie Bergère revenait sur le livre de Michel Lallement L'Age du faire - Hacking, travail, anarchie. Celui-ci est à l'image de ce qu'il décrit, foisonnant et optimiste. L'auteur a passé une année aux Etats-Unis à San Francisco et, à la manière d'un journaliste autant que d'un ethnographe, il nous fait partager la vie et les utopies de ces « zones d'autonomie où se bricole une autre manière d'innover, de produire, de collaborer, de décider, de façonner son identité et son destin », ces hackerspaces dont les noms, Noisebridge, Ace Monsters Toys, LOL Oakland Makerspace, Mothership HackerMoms, The Crucible, Biocurious, Hacker Dojo, etc., hésitent entre marketing et profession de foi