Réformer pour mieux protéger

À force de tirer à boulets rouges sur le droit du travail, sur la base d'un certain nombre de faux-semblants , on en oublie sa contribution essentielle au fonctionnement du capitalisme. La productivité du travail en France ne serait sans doute pas parmi les plus élevées au monde si le droit français n'accordait pas un degré élevé de protection aux salariés. À l'heure où la flexibilisation des rapports de travail a bonne presse, il importe de rappeler que la protection des salariés n'est pas une option à laquelle on peut renoncer, fut-ce au nom de la lutte contre le chômage. Elle est la contrepartie nécessaire de la subordination qui, quoi que laisse penser le discours sur la fin du salariat, régit aujourd'hui encore les rapports de travail salariés, à la fois en fait et en droit. Elle est aussi la contrepartie de l'engagement, par le salarié, de sa personne dans le rapport de travail. Pour Pascal Lokiec, professeur à l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense, deux objectifs semblent devoir guider les évolutions du droit du travail si tant est que celui-ci poursuive une logique de protection.