par Yara Evans
Les phénomènes de discrimination contre les travailleurs étrangers perdurent au Royaume-Uni surtout dans les emplois peu qualifiés. Yara Evans, géographe de l’Université Queen Mary de Londres a travaillé en 2007 dans plusieurs quartiers de Londres pour enquêter sur le quotidien des migrants avec ou sans papier travaillant pour des bas salaires.
La plupart des travailleurs étrangers du Royaume-Uni sont basés à Londres (40% sur un million et demi). Ils sont souvent cantonnés dans des emplois routiniers et mal payés. Le marché du travail londonien est impitoyable, changeant rapidement, il est de plus en plus inégalitaire. Londres reste une ville attractive, malgré la crise, car les projets de constructions pour les Jeux Olympiques de 2012 engendrent notamment un besoin énorme de main d’œuvre. Mais les travailleurs migrants de Londres ont de plus en plus de difficultés à suivre une stratégie globale de réussite ou de survie. Ils doivent se contenter de mener des tactiques au jour le jour, se serrant les coudes entre personnes de même sexe, de même communauté ou de même origine.
La semaine dernière encore, Yara Evans a pu rencontrer un salarié touchant 3,60 Livres de l’heure pour des ménages dans un hotel ! Pour lui le seul avantage, c’est de toucher du liquide. Il ne bénéficie d’aucune protection sociale correcte. L’hotel sous-traite à une société de propreté, lui attribue un certain budget, et cette société organise ses équipes comme elle souhaite : deux personnes par étage, ou bien une seule, ou bien une personne pour deux étages. Et elle a tendance à couper dans les effectifs… Cette place qui ne vaut déjà pas cher est extrêmement précaire. Ces sociétés de nettoyage ont un fort taux de roulement, et emploient souvent des travailleurs sans-papiers.
Pourtant la législation existe. Le salaire minimal tourne autour de 6 livres de l’heure. Les employeurs ne sont pas suffisamment sensibilisés à leurs devoirs, sur les peines qu’ils encourent en cas de discrimination avérée. Certains refusent d’employer des migrants, africains ou asiatiques, à cause d’un accent, ou de la couleur de leur peau. D’autres abusent de ces travailleurs de peine qui ne savent justement pas à qui s’adresser en cas d’abus. Ils vivent dans un univers extrêmement désavantagé et marqué par le chômage, un faible revenu, de mauvaises conditions de travail, un faible capital social et culturel. Un grand nombre de ces migrants qui pourtant possèdent des papiers n’osent pas dénoncer, ou bien ne savent pas où dénoncer.
Il y a bien des initiatives locales soutenues par le département d’Etat, des organismes vers lequel on peut se tourner en cas de discrimination. Seuls les sans-papiers, sont les moins bien lotis. Si ces derniers veulent se mobiliser, il faut qu’ils soient syndiqués. Dans certains cas pourtant, les syndicats ne savent pas gérer cette situation inconfortable ; la salarié a payé sa cotisation, mais le syndicat est pris entre deux feux : l’illégalité du salarié et le combat syndical pour l’égalité de traitement.
Repère :
Le Race Relations Act est introduit en 1976, un an après le Sex discrimination Act, bien qu’il y ait eu une loi sur l’origine ethnique dans les années 60, qui ne couvrait pas l’emploi.
Ces lois ont bouleversé le droit de la discrimination dans le monde du travail. Elles sont bâties sur des termes similaires comme par exemple les définitions de discrimination directe et indirecte : les clauses professionnelles, les actions préventives, la création d’organes comme l’EOC (Equal Opportunities Commission ) et CRE (Commission for Racial Equality), and the Disability Rights Commission. Ces trois organismes ont fusionné récemment au sein de l’Equality and Human Rights Commission depuis octobre 2007.
Laisser un commentaire