par Daniel Lebègue
Daniel Lebègue, Président de l’Institut Français des Administrateurs (IFA) prône un renforcement des pratiques de gouvernance et plus de professionnalisme de la part des administrateurs de sociétés.
Le thème de la gouvernance revient au premier plan de l’actualité en cette période de crise. La gouvernance est mise en cause dans la mesure où certaines entreprises, notamment financières, ont connu des accidents. Mais toutes les entreprises sont concernées par la question de la gouvernance, aussi bien les sociétés cotées, que les entreprises publiques, mutualistes ou patrimoniales. Dirigeants et administrateurs doivent s’interroger sur les dysfonctionnements observés et les corriger.
Il faut en premier lieu renforcer les dispositifs de contrôle interne et la gestion des risques. Les conseils et leurs comités d’audit jouent un rôle primordial en la matière. Ils doivent être actifs dans le suivi des risques, le contrôle des processus et l’exercice des fonctions d’audit. Pendant longtemps, cette fonction a fait débat. Certains pensaient que c’était le rôle exclusif du management. Or si le management met en place les procédures et les dispositifs de contrôle, il incombe au conseil d’administration de s’assurer de l’efficacité de ces dispositifs.
Un autre enjeu majeur réside dans le choix, l’évaluation et la rémunération des dirigeants mandataires sociaux. Aujourd’hui, il est de la responsabilité du conseil d’administration de bien choisir un dirigeant et d’évaluer sa performance. Si les actionnaires ont leur mot à dire sur le sujet, on ne peut pas leur demander de décider directement des systèmes de rémunération des dirigeants. Ce n’est pas non plus à l’Etat de le faire dans une entreprise qui relève du droit privé. Aujourd’hui, face aux exigences de transparence et de modération, les conseils d’administration ont une responsabilité première.
Autorégulation
Il est désolant de constater que certains responsables ont perdu de vue les valeurs de base de la vie en entreprise. On attend des acteurs économiques qu’ils se conforment à une éthique : transparence, intégrité et modération, qu’ils fassent passer l’intérêt social avant leur intérêt personnel. Sans ces valeurs un entrepreneur ne peut pas avoir de légitimité vis-à-vis des parties prenantes de l’entreprise.
Pour renforcer la gouvernance, le plus délicat est de trouver le bon équilibre entre réglementation publique et régulation professionnelle. On attend beaucoup de l’intervention publique et elle est légitime sur certains points. Mais il faut prendre garde à la surrégulation. On doit trouver un juste milieu entre la soft law, qui passe par des recommandations professionnelles, et la réglementation « dure ». Cet objectif sera atteint si les recommandations professionnelles sont suivies d’effet. Par exemple, il est bien de recommander de ne pas cumuler un mandat social et un contrat de travail. Ou de ne pas assurer un parachute doré à un dirigeant en situation d’échec. Ces principes sont excellents, mais il faut les traduire en actions.
De manière générale, il émerge de la crise une exigence de professionnalisme dans l’exercice des fonctions de manager et d’administrateur de société. L’époque des administrateurs qui participaient à un conseil d’administration comme l’on va à une réunion sociale est révolue. Les entreprises ont besoin d’administrateurs actifs, compétents et bien préparés à leur fonction. C’est la mission que s’assigne l’IFA au travers de ses conférences, séminaires de formation, publications et groupes de travail.
Propos mis en forme par Clotilde de Gastines

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