3 minutes de lecture

Un certain nombre de pays européens et du Sud-est asiatique ont réagi immédiatement face à la catastrophe japonaise. L’Allemagne est revenue sur un récent compromis avec les opérateurs électriques en décidant la fin du nucléaire civil. En Italie, le référendum des 11 et 12 juin s’est exprimé à 94% en faveur de l’arrêt du programme de construction de centrales. La Suisse sortira du nucléaire en 2034. La Thaïlande a provisoirement renoncé à ses nouveaux projets.

Même si les décisions sont latentes depuis plusieurs dizaines d’années, cette « libération du nucléaire » va coûter cher. En Allemagne, cette décision bénéficie d’un consensus social et politique très large. L’effort que demande le tournant énergétique promet d’être largement financé par l’État fédéral, car il conditionne une nouvelle politique industrielle écologique et un New deal social fortement soutenu par la confédération syndicale (DGB).

 

Cet optimisme à tout crin tranche avec les critiques des 15 États membres « atomiques », très sévères sur la décision de la première économie européenne. Les partisans d’une renaissance du nucléaire sont puissamment organisés. Claude Fischer de Confrontations Europe exerce par exemple un lobbying pro-nucléaire intensif pour promouvoir un « Schengen du Nucléaire », condition d’un « nucléaire sûr et durable ». Ce think tank pressent politiques et entrepreneurs européens d’unir leurs forces pour gagner la bataille de la compétitivité face aux Américains. Rien n’est moins sûr.

 

En France, le sujet de la sortie progressive du nucléaire reste tabou. Pourtant selon le sondage IFOP effectué en juin dernier, 62% des Français se déclarent pour une sortie progressive du nucléaire. En 2008, le nucléaire ne faisait même pas partie des discussions du Grenelle de l’environnement, qui se présentait comme une grand messe de la future politique écologique française, réunissant syndicats, associations environnementales, État et territoires et qui a accouché d’une souris. Les syndicats sont gênés aux entounures, vu le nombre d’emplois concernés. Des voix parviennent cependant à se faire entendre sur la santé et la sous-traitance. Les conditions de travail des « nomades du nucléaire » et des travailleurs détachés sur le chantier de l’EPR s’attirent régulièrement les foudres de l’inspection du travail et des médias.

 

Partout dans le monde, le débat sur le nucléaire trébuche toujours sur la question des déchets. Le documentaire Into Eternity de Michael Madsen qui présente Onkalo, un tombeau colossal souterrain destiné aux déchets radioactifs finlandais pose la question éthique qui permet de trancher : sachant que l’homme est sur terre depuis 25 000 ans, et que ces déchets ont une durée de vie de 100 000 ans, avez-vous assez confiance dans les générations futures pour leur laisser porter un tel fardeau ?

 

 

Print Friendly, PDF & Email
+ posts