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À l’heure où la ministre de l’Enseignement et de la formation professionnelle Carole Grandjean et ses équipes mettent la dernière main à leurs propositions, il est intéressant de revenir sur les travaux engagés depuis 2 ans sur la question du développement de l’apprentissage dans les lycées professionnels, principalement par l’association française pour le développement de l’enseignement technique (AFDET), mais aussi par l’association des inspecteurs de l’éducation sans frontière (IESF), et d’en rappeler les principaux messages. Jean-Raymond Masson fait le point après s’être entretenu avec Philippe Dole et Roland Kastler, Président et Vice-Président de l’AFDET, ainsi qu’avec Jean-Claude Bellanger, ancien Secrétaire de l’Association ouvrière des Compagnons du devoir et du Tour de France et fondateur du cabinet INDICOM qui intervient auprès des CFA.

Dans la foulée de la mobilisation qui s’est manifestée en faveur de ce développement, et malgré les craintes qui se sont manifestées çà et là selon lesquelles les lycées professionnels (LP) allaient perdre leurs meilleurs élèves au profit de CFA privés, (voir à ce sujet le rapport de l’IESF « L’Éducation nationale et la loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel » et l’article que Metis lui avait consacré en avril 2022 sous le titre « L’éducation nationale face au boom de l’apprentissage ») il importe selon ce rapport d’engager une action résolue afin de persévérer dans cette voie. Parmi les constats puis les propositions avancées dans le rapport de l’IESF la fixation par le ministère de l’Éducation nationale (MEN) d’objectifs quantitatifs et qualitatifs, la mobilisation des établissements et la montée en puissance des rectorats dans le traitement et la coordination des actions de formation initiale (scolaires, étudiant et apprentissage) et continue, l’attention à apporter à la qualité des mixités des parcours (scolaires puis apprentis) et dans certains cas des publics (scolaires et apprentis dans le même groupe) et des formes d’alternance mises en place, ainsi qu’au suivi des élèves et des apprentis grâce à un identifiant jusqu’à leur entrée dans la vie active. Y figure également la demande de confier à l’Éducation nationale et aux autres ministères certificateurs le contrôle pédagogique de l’ensemble des formations par apprentissage, y compris de celles qui préparent aux titres RNCP.

Un faisceau d’arguments en faveur de l’apprentissage dans les lycées professionnels

Publié en aout 2022 par l’AFDET, un Rapport intitulé « Pour un développement circonstancié de l’Apprentissage dans les lycées professionnels, les lycées généraux et technologiques et les lycées polyvalents » s’inscrit dans la même dynamique et avance un faisceau d’arguments susceptibles de balayer les réticences et les résistances. Dans le texte qui suit, nous nous intéressons de façon privilégiée à ce qui concerne les lycées professionnels (LP) et les niveaux de formation 5 (CAP) et surtout 4 (Baccalauréat professionnel), même si ce Rapport aborde également les formations par apprentissage au niveau 3 (BTS) en Lycée général et technologique.

Il convient d’abord de rappeler les atouts dont disposent les LP par rapport aux CFA. Face à la diversité des souhaits, des comportements des élèves et des apprentis ainsi que des demandes des entreprises, il s’agit de la possibilité de bâtir des parcours mixtes entre voie scolaire et apprentissage, mixité des parcours avec par exemple une première année en bac pro selon la voie scolaire suivie de deux années en apprentissage (option qui a déjà été mise en œuvre avec succès dans certaines académies notamment dans la région PACA) ou d’autres combinaisons. Cette approche de mixité des parcours est également bien adaptée au traitement des ruptures de contrat d’apprentissage, car les élèves peuvent alors, et à l’inverse, revenir en tant que scolaire pour aller jusqu’à l’obtention de leur Diplôme. De tels dispositifs pourraient également se développer dans le cadre d’accords passés entre LP et CFA privés. Il est également possible de développer la mixité des publics au sein de mêmes groupes en formation (ce qui n’est cependant pas facile à réaliser).

Le boom de l’apprentissage depuis 2018 a aussi montré que les élèves de la voie scolaire s’orientent avant tout vers l’obtention d’un CAP, d’un baccalauréat professionnel (ou d’un BTS) tandis que l’offre des CFA récemment créés se limite le plus souvent à des titres ou certificats professionnels à profil plus spécialisé, mais plus étroit, faute sans doute dans la majorité des cas de disposer de la qualité et de la diversité nécessaire des compétences des formateurs ou pour bénéficier indirectement pour certains, de l’effet d’aubaine lié à un marché de l’apprentissage en développement exponentiel du fait des primes accordées aux entreprises qui recrutent des apprentis. L’obtention de tels Titres a pour objectif premier de favoriser l’accès à un emploi, mais ne facilite pas la poursuite d’études, à la différence des LP qui permettent à la fois la préparation à l’emploi et la poursuite d’études, en Bac pro après un CAP ou dans l’enseignement supérieur après un bac pro, notamment en BTS, grâce à la poursuite de l’acquisition de connaissances et de compétences dites générales. Or les statistiques révèlent qu’au sein des CFA, au 31 décembre 2021, la répartition des apprentis selon les certifications préparées a considérablement changé, depuis 2019. Pour les formations de niveau 3, on observe une augmentation de plus de 75 % des titres professionnels ou autres certificats et seulement de 15 % pour un CAP ou une mention complémentaire ; pour le niveau 4, les augmentations sont de 13 % pour un bac pro et de 9 % pour un brevet professionnel, mais de 64 % pour un titre professionnel ou autre certificat.

Par ailleurs, le Code de l’éducation assure dans son article 1er à tous les jeunes le droit à « l’acquisition d’une culture générale et d’une qualification reconnue ». La Loi de 1989 (confortée en 1993 et en 2002) précise que, quel que soit le niveau atteint à l’issue de la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans, « un élève doit avoir la possibilité de poursuivre une formation initiale jusqu’à ce qu’il obtienne une première qualification ». Un décret pris en 2020 a instauré « l’obligation de formation des jeunes de 16 à 18 ans » et enfin le Code du travail définit la formation professionnelle tout au long de la vie comme une obligation nationale qui vise à permettre à chacun de progresser (au moins) d’un niveau de qualification au cours de sa vie professionnelle. Même si ces textes ne mentionnent pas la notion de diplôme et se contentent de celle de qualification, l’association faite des termes de culture générale et de qualification dans le Code de l’éducation pourrait être avancée par les LP pour renforcer leur engagement en faveur de l’apprentissage.

Quant aux Lycées professionnels (et technologiques), on peut mentionner leur couverture territoriale étendue, leur organisation en réseau, notamment au sein des Campus des métiers et des qualifications (CMQ) et les relations privilégiées qu’ils entretiennent avec les grandes branches de l’industrie et du tertiaire, sans oublier la structuration des diplômes professionnels en blocs de compétences favorisant ainsi l’individualisation des parcours.

Des tensions sur les effectifs notamment en raison de la démographie

D’autres considérations viennent renforcer le message. Comme l’explique le rapport de l’AFDET, par nature, « l’apprentissage donne aux entreprises la possibilité d’un choix parmi les jeunes, d’autant que la loi de 2018 leur donne la possibilité d’une période d’essai (ici financée pour partie par l’État). Une telle sélection a pour conséquence le maintien dans les LP des élèves que les entreprises n’ont pas retenus… avec le risque que se développe une image négative et même stigmatisante des LP auprès des jeunes et des parents s’il est considéré qu’ils n’accueilleront plus que les jeunes qui n’ont pas été sélectionnés par des entreprises pour des contrats d’apprentissage ».

À cela s’ajoutent les perspectives démographiques qui prévoient une baisse globale des effectifs du second degré engagée depuis 2022 et qui devraient atteindre environ 80 000 jeunes (sur un total de 5 640 000) en 2026, tandis que la pression va s’intensifier sur les lycées professionnels en raison de l’objectif gouvernemental d’accueillir 1,2 million de jeunes en apprentissage. Selon l’AFDET, comme avancée déjà par le rapport de l’IESF de mars 2022, « cette situation pourrait aboutir à des fermetures de certaines sections dans certains LP de territoires ruraux sauf à envisager au cas par cas la création de sections en mixité de publics entre scolaires et apprentis (éventuellement avec des adultes en formation continue) pour préparer le même diplôme »

Dans ce contexte tendu, voire concurrentiel, on peut considérer que les LP sont aussi mieux armés que les CFA, au vu des dispositifs d’assurance qualité. Le système Qualiopi en vigueur pour tous les établissements appelés à proposer de l’apprentissage (CFA publics des LP et LGT et CFA privés) n’était fondé dans sa première phase que sur les déclarations des établissements, alors que les LP sont soumis aux critères de qualité du système EDUFORM. C’est ainsi que la deuxième phase à venir de Qualiopi qui va s’appuyer sur une batterie de critères pourrait mettre un terme aux activités de CFA nouvellement créés qui n’offriraient pas des garanties de qualité suffisantes.

Il apparaît ainsi, dans l’intérêt des jeunes comme dans celui des entreprises et enfin des lycées professionnels et technologiques que ces derniers s’engagent résolument dans le développement de l’apprentissage en complémentarité avec la voie scolaire, selon un modèle qui existe dans un grand nombre de pays européens. L’AFDET met ainsi en évidence la possibilité de plusieurs modalités de complémentarité entre les voies scolaires, étudiant et apprentissage qui concernent les lycées professionnels et technologiques publics ainsi que les établissements privés sous contrat. Différentes modalités peuvent être utilisées telles que les formations en apprentissage dans le cadre d’un CFA relevant de l’éducation nationale, ou bien en sous-traitance sous la forme et d’unités de formation par alternance (UFA) dans le cadre d’une convention avec un CFA privé, ou encore dans le cadre de sections d’apprentissage (SA) organisées à la demande d’une entreprise.

Les propositions de l’AFDET et les conditions de la réussite

Reste maintenant à se demander comment articuler les flux entre voie scolaire et apprentissage, quel que soit l’établissement où l’apprentissage est offert. C’est là qu’apparaît une faiblesse dans le système mis en œuvre par la loi de 2018. Il était nécessaire du point de vue du gouvernement, d’enlever la responsabilité première de l’apprentissage aux Régions, compte tenu de dérives qui s’étaient parfois manifestées ici ou là dans la gestion des fonds au détriment de l’apprentissage. Pour autant, il est important de constater qu’un déséquilibre s’est produit et qu’il convient d’étudier de quelle manière on peut comme antérieurement mettre en œuvre « la complémentarité entre des formations professionnelles, car elles s’adressent aux mêmes publics sur un même territoire » dès lors que les Rectorats et les Régions ont en charge l’organisation de la carte des formations professionnelles au sein des Lycées Professionnels et des Lycées Généraux et Technologiques.

C’est ainsi qu’à l’issue du Rapport où toutes ces questions ont été passées en revue, l’AFDET avance neuf propositions — qui recoupent et complètent celles émises par l’IESF — afin de favoriser une approche raisonnée d’un développement circonstancié de l’apprentissage dans les lycées professionnels et technologiques publics et privés sous-contrat. Retenons en particulier la mise en œuvre d’une politique plus incitative de la part du Ministère afin que les établissements proposent des parcours complets en apprentissage ou en mixité des parcours, une meilleure prise en compte des pédagogies innovantes et notamment de la pédagogie de l’alternance, des dispositions plus favorables pour la gestion des personnels intervenant en apprentissage, la mise en œuvre d’une politique d’équipements adaptée en liaison avec les régions, l’élaboration d’un outil numérique dédié au suivi informatique des résultats des élèves et apprentis concernés.

Quant à l’exigence de complémentarité entre les deux voies de formation initiale, sous statut scolaire ou étudiant et en apprentissage, la neuvième proposition porte sur l’organisation au moins d’une concertation annuelle, avec l’appui du CREFOP (comité régional de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelle) dans chaque région sous la forme d’une instance quadripartite associant la Région, l’État (Préfet, Recteurs et autres ministères concernés) et les Partenaires sociaux, afin d’évaluer la situation, de corréler les politiques concernées et de formuler des préconisations quant à la gestion des flux des jeunes à l’issue du collège ou du lycée. Préconisations également quant à la mise en cohérence des cartes des formations relevant de ces deux voies de formation professionnelle, et à l’articulation des formations concernant les jeunes décrocheurs ou demandeurs d’emploi.

L’information et l’orientation sur les métiers et les formations

L’ensemble de ces propositions s’appuie sur un renforcement des dispositifs d’orientation tel que présenté dans un autre Rapport publié par l’AFDET en juillet 2022 concernant l’information sur les métiers et les formations et l’aide à l’orientation scolaire et professionnelle et intitulé « Pour la création au collège et au lycée d’un véritable espace d’orientation ».

Les dispositions telles qu’évoquées dans les chapitres précédents ne peuvent avoir de pleine efficacité sans une intensification du travail auprès des jeunes, des familles et des enseignants des collèges et des lycées afin de combattre les stéréotypes et la dévalorisation qui continue d’accompagner la vision de l’enseignement professionnel dans notre pays. Le document mériterait tout un article. Au-delà du rappel des mesures déjà prises en 2013, notamment de la création du « Parcours Avenir » destiné à tous les élèves de collèges et des lycées et leur permettant de s’orienter, de développer leur esprit d’initiative et de découvrir le monde professionnel, et de l’attribution d’un nombre d’heures dédiées à l’orientation et inscrites dans les programmes scolaires, contentons-nous ici de mentionner les quatre propositions d’amélioration :

(1) La création d’un Espace d’orientation et de développement des compétences transversales (ou comportementales et sociétales) au sein de chaque collège et lycée, avec une demi-journée par semaine dédiée à l’information sur les métiers, les formations, l’aide à l’orientation et à l’acquisition de compétences comportementales ou sociétales par la réalisation de projets par les élèves eux-mêmes, individuellement et par petits groupes,

(2) l’organisation d’une véritable information et formation de tous les professeurs de collège, de lycées généraux et technologiques pour une meilleure compréhension des métiers et des voies de formation ainsi que des pratiques pédagogiques adaptées au développement par les élèves des compétences transversales,

(3) la création d’une plateforme numérique de référence pour l’information sur les métiers et les formations et l’aide à l’orientation,

(4) une meilleure coordination des actions régionales d’information sur les métiers et les formations, l’organisation d’un meilleur partage des informations régionales orientation-formation-emploi et la réalisation d’un premier bilan des initiatives prises par certaines régions.

La pédagogie de l’alternance

Le sujet fait l’objet de la troisième proposition du Rapport de l’AFDET concernant l’apprentissage. Mais au-delà de l’intitulé « Pour une meilleure prise en compte des pédagogies innovantes par les enseignants, dont la pédagogie de l’alternance », rien n’est dit dans les attendus de la Loi de 2018 comme au demeurant dans ce Rapport, sur les contours de cette pédagogie de l’alternance et notamment sur les exigences et les modalités de la coopération et de la complémentarité qui devraient s’instaurer entre entreprise et établissement de formation, CFA ou lycée professionnel.

Il s’agit pourtant d’un élément clef de la qualité de la formation dispensée pendant les périodes en entreprise et de la professionnalisation des apprenants. Ces exigences pédagogiques concernent les périodes de travail et de formation des Apprentis lorsqu’ils sont en entreprise, mais aussi les périodes de formation en milieu professionnel (PFMP) du CAP et du bac pro par la voie scolaire, ces fameuses périodes d’une durée totale fixée à 22 semaines actuellement, que le Président souhaitait allonger de 50 %, ou encore pour les BTS. Cette orientation a été très mal reçue par tout le monde, corps enseignant, chefs d’établissement, élèves et leurs familles, sans oublier les entreprises et les branches, car cet accroissement se serait effectué inéluctablement aux dépens de la poursuite de l’acquisition de connaissances et compétences générales au point d’amener la ministre à revoir cette question pour l’approfondir.

Selon Jean Claude Bellanger, ancien Secrétaire de l’Association ouvrière des Compagnons du devoir et du Tour de France et qui dirige aujourd’hui le cabinet INDICOM Conseil qui intervient auprès des CFA ainsi que dans la diminution des taux de rupture de contrat, la situation est critique. Pour lui, mis à part ceux implantés dans les entreprises, les CFA ne connaissent pas les entreprises où ont été recrutés les apprentis. Le suivi qu’ils exercent de ces périodes relève le plus souvent de « visites de courtoisie ». Au contraire, la pédagogie de l’alternance nécessite un véritable apprentissage de la part des formateurs des CFA comme de celle des tuteurs ou des maîtres d’apprentissage. Il convient de parvenir à une coopération entre CFA et entreprise où les deux se fixent les mêmes objectifs généraux, en référence aux mêmes référentiels et agissent en parfaite complémentarité entre eux. L’approche traditionnelle où l’apprenti applique dans l’entreprise des leçons apprises au sein du CFA doit être bannie.

La liaison entre CFA et entreprise doit être établie « comme une alchimie » à laquelle participe l’apprenti avec ses enseignants et son tuteur et où s’écrit « son histoire ». Dans cette approche, l’ensemble des compétences sont concernées ; qu’il s’agisse de savoirs généraux, de compétences transversales ou de compétences techniques et professionnelles. Il est donc essentiel que les visites dans les entreprises soient conduites avec soin, et qu’elles ne concernent pas seulement le formateur concerné du CFA. Pour Jean Claude Bellanger, ces considérations sont également valables pour les lycées professionnels dans le cas des PFMP de la voie scolaire. Il estime cependant qu’ils sont mieux armés que les CFA pour conduire cette approche.

Pour autant, les lycées professionnels ne sont pas en ce domaine, exempts de critiques. En janvier 2021, l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) a consacré un Rapport intitulé « La qualité de la formation durant les périodes de formation en milieu professionnel » où il pointe les limites et les insuffisances en ce qui concerne la coopération et la complémentarité des approches entre les lycées et les entreprises d’accueil. Il souligne en particulier l’absence d’un réinvestissement systématique des PFMP dans les enseignements, l’existence toujours en vigueur d’un principe d’étanchéité ou de cloisonnement entre les différents lieux d’apprentissage, l’implication limitée des professeurs d’enseignement général dans les phases d’encadrement des PFMP. Et pourtant, les PFMP se révèlent très efficaces en ce qui concerne les apports directement liés à la professionnalisation et à la socialisation des élèves. Globalement, selon les auteurs du rapport, les PFMP semblent être un objet encore trop peu investi au niveau pédagogique ainsi que dans l’évaluation de l’apprenant à la fin de son parcours de formation.

Peut-être faudrait-il ajouter à cette analyse des relations entre lycée et entreprise les difficultés liées à la lisibilité du système des diplômes, des titres et des certificats. Un rapport de l’AFDET publié en septembre 2021 a procédé à un état des lieux du dispositif français des certifications « Un état des lieux, un large panorama et un diagnostic : Les diplômes sont-ils encore utiles ? ». Il y met en cause la trop forte augmentation du nombre des nouvelles Certifications professionnelles (titres professionnels et titres à finalité professionnelle) au risque d’un affaiblissement de leur lisibilité et donc de leur efficacité, mais aussi de l’extrême hétérogénéité globale de l’ensemble des Certifications (Diplômes, Titres et CQP), ce à quoi on pourrait ajouter la longueur et la complexité de la rédaction des référentiels et des programmes. Tous ces éléments ne sont pas de nature à faciliter la compréhension par les entreprises des responsabilités qui leur incombent et nuisent à la qualité de leur coopération avec les établissements de formation.

En guise de conclusion

Comme le lecteur peut le constater, ce balayage des grands enjeux de la réforme des lycées professionnels a surtout porté sur l’offre, sur une évolution du système éducatif pour mieux développer l’apprentissage en complémentarité avec la voie scolaire et étudiante. Mais à l’instar de la loi de 2018, on a peu abordé les questions de la demande et notamment de la façon dont les entreprises vont répondre à cette mobilisation, contribuer à enrichir les parcours de formation des apprentis et participer à l’amélioration de l’image de l’apprentissage. Autant il est crucial pour les lycées professionnels d’apprendre à mieux connaître et à coopérer avec les entreprises, autant il est essentiel que ces dernières s’attachent à nourrir ces échanges et à développer une vision partagée de la formation des jeunes élèves et des apprentis, dans le cadre « d’un dialogue respectueux et direct entre le monde de l’école et celui de l’entreprise » telle que le souhaite Daniel Bloch dans un récent article du Café pédagogique. Espérons donc que ces questions puissent trouver quelques premières réponses avec la réforme à venir. À l’évidence la pédagogie de l’alternance reste une question ouverte qui va nécessiter des approfondissements.

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Ingénieur École Centrale promotion 1968. DEA de statistiques en 1969 et de sociologie en 1978. Une première carrière dans le secteur privé jusqu’en 1981, études urbaines au sein de l’Atelier parisien d’urbanisme, modèles d’optimisation production/vente dans la pétrochimie, études marketing, recherche DGRST sur le tourisme social en 1980.

Une deuxième carrière au sein de l’éducation nationale jusqu’en 1994 avec diverses missions sur l’enseignement technique et la formation professionnelle ; participation active à la création des baccalauréats professionnels ; chargé de mission au sein de la mission interministérielle pour l’Europe centrale et orientale (MICECO).

Une troisième carrière au sein de la Fondation européenne pour la formation à Turin ; responsable de dossiers concernant l’adhésion des nouveaux pays membres de l’Union européenne puis de la coopération avec les pays des Balkans et ceux du pourtour méditerranéen.

Diverses missions depuis 2010 sur les politiques de formation professionnelle au Laos et dans les pays du Maghreb dans le contexte des programmes d’aide de l’Union européenne, de l’UNESCO et de l’Agence Française de Développement.

Un livre Voyages dans les Balkans en 2009.

Cyclotourisme en forêt d’Othe et en montagne ; clarinette classique et jazz ; organisateur de fêtes musicales.