Dossier : Le care : Un travail, des métiers, une philosophie
Jamais l’expression « prendre soin de… » n’aura été autant utilisée. Derrière « le care » : le travail peu reconnu, parfois en miettes, des « aides à domicile », « auxiliaires de vie sociale », « assistantes maternelles », « aides au maintien à domicile », « assistants de vie scolaire ». Parfois salariés des particuliers employeurs, parfois salariés de structures associatives ou privées, ces emplois sont indispensables à la vie des personnes âgées, handicapées, ou malades. Ce sont plus que des emplois, des bases de la solidarité de proximité et de ce que fait tenir la société. Metis ouvre le dossier.
L’éthique du care : ça nous concerne tous !
Sandro De Gasparo est ergonome. En faisant dialoguer l’éthique du care et les sciences du travail, il propose une réflexion sur la division sociale du travail entre les femmes et les hommes et appelle à une transformation du modèle économique, social et culturel du travail. L’éthique du care ne se limite pas alors aux seuls métiers de la relation (soignants, éducateurs). Elle permet de repenser l’organisation du travail, « la coopération devenant un principe directeur exigeant ». À nous de reconnaître la valeur créée par ce modèle du travail.
L’éthique du care, un projet démocratique
En juin 2018, Jean-Marie Bergère a assisté à un échange entre Fabienne Brugère, philosophe, et Sandro De Gasparo, ergonome, lors d’une conférence-débat intitulée : « L’éthique du care, des inégalités de genre à la relation de service ». Fabienne Brugière était revenue sur l’origine de ce concept aux États-Unis et en France, et sur ses liens avec le féminisme et la politique. Jean-Marie Bergère revient pour Metis sur les points essentiels de sa présentation.
Sur le terrain : La main de Jeanne
La Main de Jeanne est une entreprise située à Béziers. C’est un des 130 SAAD (Service d’aide et d’accompagnement à domicile) autorisés par le département de l’Hérault. Jean-Marie Bergère s’est entretenu avec Matthieu Charnelet, son gérant. Ingénieur, il a travaillé plusieurs années chez Michelin et pris goût aux organisations responsabilisantes. Il a créé La Main de Jeanne en 2010. Au début il livrait lui-même des repas au domicile des personnes âgées. Aujourd’hui son entreprise compte 265 salariées — 97 % sont des femmes — qui se rendent au domicile de 1 200 « bénéficiaires » en perte d’autonomie. Il nous en dit plus.
Les métiers du care : les conditions d’une reconnaissance professionnelle
Le vieillissement de la population impose d’organiser la vie au domicile d’une forte proportion de gens « âgés » devenus plus ou moins dépendants, avec l’appui, l’assistance et le travail des « employés à domicile ». Paul Santelmann décrit les obstacles et les défauts des réseaux professionnels actuellement en place.