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par Thomas Schnee

A l’usine de Wolfsburg, siège et usine mère du 3ème constructeur automobile mondial, aucun dirigeant syndical ne veut le dire clairement. Mais l’accord conclu, début novembre 2008, sur la suppression de la filiale Auto 5000 entre la direction et les représentants des salariés, scelle bel et bien la fin du « Modèle Volkswagen ».

VW-Usine

Ce modèle avait vu le jour en 1993 avec l’introduction de la fameuse semaine de 4 jours. Au 1er janvier 2009, date à laquelle les 4200 salariés d’Auto 5000 seront intégrés au « personnel maison », il aura vécu. Au début des années 90, Volkswagen avait attiré l’attention du monde entier en introduisant, en pleine crise économique, une nouvelle organisation du temps de travail lui permettant d’éviter 30 000 licenciements. Le temps de travail hebdomadaire de ses salariés allemands passait alors de 35 heures à 28,8 heures avec 10 % de diminution de salaire. Les syndicats et le Land de Basse-Saxe, actionnaire de VW à hauteur de 20 %, présentaient l’accord comme une spectaculaire opération de protection de l’emploi doublée d’une trouvaille organisationnelle. Le « modèle Volkswagen », également défini par un taux de syndicalisation de 95 % et une forte cogestion, était né.

Dans les faits, la semaine de 4 jours allégeait singulièrement le poste « salaires » de Volkswagen. Mais elle ne réglait pas fondamentalement les problèmes de sureffectifs et de faible productivité. Par ailleurs, avec la mondialisation, le poids des salaires des employés allemands, par rapport à ceux de leurs collègues tchèques ou brésiliens, revenait vite sur le devant de la scène (103 000 sur les 329 000 salariés du groupe). En 2001, la direction de VW, désireuse de flexibiliser temps et modes de travail, mais aussi d’abaisser le niveau des salaires, choisissait d’innover une nouvelle fois, sans pour autant attaquer de front la « forteresse sociale ».

Du jamais vu chez Volkswagen

Un accord signé avec les partenaires sociaux débouchait sur la création de la filiale Auto 5000, conçue pour 5000 salariés travaillant en moyenne 35 heures par semaine avec un salaire brut de 5000 deutschemarks (2564 euros). Soit nettement moins que les « vrais » salariés de VW. La filiale se voyait confier la fabrication des modèles à succès Touran et Tiguan. Les équipes d’Auto 5000 travaillaient à l’objectif, assumant la responsabilité de la qualité et du temps de production, c’est-à-dire travaillant jusqu’à 45 heures par semaine pour atteindre leurs objectifs, et ce pour le même salaire. Du jamais vu chez Volkswagen !

La mue du modèle s’est accélérée quand VW s’est retrouvé confronté à un nouvel effondrement des ventes. La direction a obtenu, en 2004, que toute nouvelle embauche se fasse à des conditions proches de celles pratiquées dans sa filiale Auto 5000. Par ailleurs, un système de primes à la performance a été introduit et le volume d’épargne possible sur les comptes épargnes temps est passé de 200 à 400 heures. Puis, en 2006, en échange de la sécurité de l’emploi jusqu’en 2011 et du maintien en activité des 6 usines allemandes, la direction du groupe a imposé la fin de la semaine de 4 jours. Celle-ci a été remplacée par un « corridor » hebdomadaire de 26 à 34 heures sans compensation salariale. Les heures travaillées entre 35 et 40 heures sont payées normalement. Au-delà, ce sont des heures supplémentaires.

Aujourd’hui, le « modèle Volkswagen » a laissé la place à la « Voie Volkswagen », un nouveau projet d’entreprise lancé en 2007 après l’arrivée de Porsche dans le capital. Les maîtres mots du « Volkswagenweg », qui doit permettre à l’entreprise de devenir 1er constructeur mondial, sont la flexibilisation du temps de travail, l’optimisation des rythmes de production et de la qualité, la généralisation du travail en équipe, et bien sûr, l’amélioration de la rentabilité de l’entreprise.

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