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La crise touche l’Allemagne de plein fouet. Coup dur pour le géant européen, qui assiste au rapide retournement de son marché du travail.

Allemagne-crise

« Grâce aux réformes des cinq dernières années, notre pays est dans une meilleure situation que d’autres », affirme le vice-chancelier Hans Steinmeier (SPD). Le gouvernement vient d’adopter le Konjunkturpaket II, un nouveau plan de relance pour stimuler la conjoncture et prévenir les licenciements.

Matthias Knuth de l’université de Duisburg-Essen est plus circonspect. « Depuis les réformes Hartz menées entre 2003 et 2005 par les sociaux-démocrates sous Gerhardt Schröder (SPD), explique-t-il, le marché du travail est plus flexible, plus réactif à la conjoncture, c’est pourquoi il s’est retourné en très peu de temps. Ces réformes n’ont pas rendu le marché du travail plus résistant. La dernière période de croissance a certes créé davantage d’emploi et bon nombre de chômeurs ont retrouvé du travail, mais la majeure partie des emplois créés avec Hartz était précaires ».

Ces contrats a minima ont contribué à l’incroyable embellie des chiffres du chômage jusqu’à fin 2008 : entre autres les mini-jobs (contrat de travail de type précaire, moins taxé, à court terme), les « jobs à 1 euro » à caractère obligatoire, pour percevoir les allocations chômage ou bien encore les midi-jobs (salaire compris entre 400 et 800 euro/mois). « En période de crise, ce sont ces personnes en situation précaire qui subissent en premier les ajustements » constate Knuth.

Dès janvier, les statistiques du chômage ont franchi la barre des 3 millions. Pour affronter la conjoncture économique délétère, le gouvernement allemand vient d’adopter quantité de nouvelles mesures. L’allongement de la durée du chômage partiel à 18 mois est censé assurer l’activité des employés permanents. « Mais cette mesure contribue avant tout à creuser le fossé entre permanents et sous-traitants ou intérimaires, prévient Knuth. Seule la main d’œuvre qualifiée et les cols blancs sont gagnants, leur emploi est mieux protégé au détriment de celui des autres. Finalement, c’est seulement lors des faillites et des fermetures d’usines, que tous les salariés sont égaux ».

10 milliards pour l’emploi

Le 27 février dernier le gouvernement fédéral allemand a entériné un deuxième paquet de 50 milliards d’euro pour les années 2009-2010. Il complète le premier plan de 23 milliards adopté en novembre dernier. Les mesures essentielles de l’automne prévoyaient des déductions d’impôts pour les entreprises, pour les artisans, des avantages pour les acheteurs de voitures propres, et 3 milliards d’investissement visant à réduire les émissions de CO2 des habitations.

« Ce nouveau plan assouplit en partie les règles du chômage, explique Johannes Kirsch de l’Université de Duisburg-Essen. L’Agence fédérale pour l’emploi va avancer aux employeurs la moitié des cotisations de sécurité sociale, dans certains cas elle les remboursera entièrement ». Les conditions d’attribution des allocations chômage sont assouplies, et la durée est prolongée de 12 à 18 mois. De plus, 1,2 milliards d’euros vont être affectés à la formation continue des chômeurs. Ce dispositif induit la création de 5000 postes pour le retour à l’emploi et l’accompagnement des chômeurs. Quant à la cotisation pour l’assurance chômage due par les employeurs, elle restera fixe (2,8%).

Le gouvernement fédéral assure qu’il tâchera de maintenir son objectif de réduction de l’endettement lorsque l’économie le permettra. Reste à savoir qui paiera la gageure.

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