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Caissières britanniques, un travail de qualité ?

publié le 2009-03-17

Cashier UK

La satisfaction au travail ne coïncide pas toujours avec qualité de l’emploi. La qualité de l’emploi et la rémunération sont bien sûr cruciales, mais quid des relations sociales et organisationnelles ?

Le concept de qualité de l’emploi se développe de plus en plus, cependant il n’existe pas de mesures claires pour évaluer la qualité de l’emploi. Celles qui existent sont souvent définies au regard des critères des employeurs : implication dans l’organisation et l’augmentation de la productivité du salarié. Cet article présente de manière résumée les recherches qui explorent la qualité de l’emploi selon la perspective d’un groupe de salariés -principalement des femmes – d’une grande chaine de supermarchés au Royaume-Uni, confortant l’analyse de F. Green sur « les compétences, l’effort, l’implication personnelle, le salaire et les risques en tant qu’indicateurs de la qualité de l’emploi».

Dans les supermarchés Tesco, les hôtesses de caisse trouvent peu d’intérêt inhérent à leur travail, « le travail est intrinsèquement ennuyeux ». Le travail peut être répétitif mais il y a un sentiment de contrôle du travail et de confiance de l’employeur. Le salaire n’est pas le principal déterminant de la satisfaction, même si les salariés ont conscience que leur rémunération est comparable aux autres supermarchés. Le fait de travailler pour une grande chaine de grande distribution leur donne le sentiment d’une sécurité de l’emploi.

La recherche a montré que trois autres facteurs clés participaient à la définition de la satisfaction au travail : les attentes du salarié, l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle et les relations sociales au travail. La compréhension des femmes du concept de qualité de l’emploi est influencée par des normes et des attentes définies par le genre et la classe sociale. Peu d’entre elles ont des aspirations pour un métier en particulier ou n’ont pas pu poursuivre la carrière de leur choix. Cependant le sentiment que le supermarché peut offrir des opportunités de formations et d’évolution de carrières est important dans la manière d’évaluer leur travail.

Les entretiens ont présenté une tension entre la satisfaction au travail et la qualité du travail. La qualité de l’emploi est perçue dans des termes personnels plutôt qu’économiques « vous pourriez avoir la meilleure situation professionnelle au monde et gagner des millions par heure … mais si vous n’aimez pas ce que vous faites alors ce ne sera pas un travail de qualité selon vous. » Le fait que les salariés aiment leur travail ne suffit pas non plus à ce qu’ils le considèrent pour autant comme « de qualité ». Le travail était toujours défini en termes d’environnement social sur le lieu de travail : relations avec les clients et l’encadrement, mais surtout avec les collègues « à la fin de la journée c’est un boulot … c’est les gens avec qui je travaille, c’est bien ».

L’équilibre entre la vie professionnelle et personnelle est crucial pour les salariés, ceux qui ont des enfants à charge ont rejoint l’entreprise parce qu’elle offrait la possibilité de travailler à temps partiel, leur travail s’adaptant à leur vie et aux circonstances. Les salariés apprécient le degré de flexibilité et de contrôle de leurs heures de travail mais le voient comme souvent comme un arrangement réciproque quand on leur demande d’être flexibles.

Sian Moor est professeur au Working Lives Research Institute, London Metropolitan University

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