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L’arrivée d’Ukrainiens, de Roumains et de Moldaves a transformé durablement le Portugal en provoquant une véritable (r ?)évolution démographique et culturelle.

 

Le Portugal des années 2000 se présente à raison comme une nouvelle terre d’accueil en Europe. La petite république facilite en effet la délivrance de visas et la naturalisation des migrants venus d’Europe centrale et orientale. Le pays a-t-il définitivement rompu avec le phénomène séculaire d’émigration de ses forces vives ?

 

Aujourd’hui, un tiers des Portugais vit à l’extérieur du Portugal (5 millions) estime le Ministère des Affaires Etrangères en 2006, 10,6 millions vivent à l’intérieur. En 2007, le nombre d’étrangers légaux s’élevait à 446 333. Les migrants proviennent majoritairement du Brésil depuis les années 90, et des pays africains de langue portugaise (îles du Cap-Vert, Angola, Mozambique, Guinée-Bissau) depuis les années 70.

 

La donne a changé en 2001. La police des frontières rapporte cette année-là : sur 183 000 personnes, 101 000 proviennent d’Europe centrale et orientale. Premiers au palmarès : les Ukrainiens (65 000). « Entre 2002 et 2004 : le chiffre se maintient puis s’infléchit, rapporte Custódia Domingues. Les migrants dont la situation s’est stabilisée font venir leur famille. Commence alors pour ceux-ci la phase d’intégration, tandis que les autres repartent« .

 

Portugal

Aujourd’hui, les migrants du Brésil et du Cap Vert sont toujours en tête (67 000 et 64 000), viennent ensuite les Ukrainiens (40 000), les Roumains (20 000) et les Moldaves (14 000). L’arrivée de migrants a sans aucun doute contribué à remonter le taux d’accroissement naturel du pays qui est à nouveau positif depuis 2006 (0,3 en 2008).

 

Intégrer les forces vives

Le Portugal qui a longtemps souffert de l’émigration de ses forces vives et d’un taux de natalité parmi les plus bas d’Europe justifie une politique d’accueil et d’intégration active. Depuis 2006, une nouvelle loi sur la nationalité est entrée en vigueur. Celle-ci facilite substantiellement l´acquisition de la nationalité pour tous ceux qui ont fondé une entreprise. Les étrangers qui ont donc réussi à fonder une entreprise ont pu acquérir la nationalité portugaise après 5 ans d’activité. Selon l’OCDE, 0,8% de la population étrangère a été naturalisée en 2006 (soit près de 3000 personnes).

 

Miaailiz Vitaliy, présidente de l’Association des Ukrainiens du Portugal constate que ses compatriotes repartent le plus souvent vers d’autres pays de l’Union européenne muni de leur passeport portugais, notamment vers la Pologne pour se rapprocher de chez eux et pour saisir les opportunités d’emploi de l’Euro de Football en 2012 coorganisée par la Pologne et l’Ukraine.

 

Aussi pour permettre l’implantation durable de certains migrants, le Portugal a lancé un programme ambitieux. « En mai 2007, le gouvernement portugais a dévoilé un Plan global d’intégration des immigrés, rapporte l’OCDE. Ce plan couvre tous les aspects de l’intégration et coordonne une série d’actions menées par tous les ministères concernés par cette question. Il comporte 122 mesures, depuis l’accueil jusqu’au logement en passant par l’éducation, la santé, etc. »

 

Implantation ou passage

L’accueil et l’intégration des migrants répond à des besoins très précis du marché du travail portugais dans les secteurs traditionnels (bâtiment, industrie, agriculture et restauration) ainsi que dans celui de la santé. Là, plusieurs programmes d’équivalence ont justement permis de pallier au manque de personnel qualifié, mené notamment par la Fondation Gulbenkian. Entre 2002 et 2005, sur une première sélection de 120 candidats-médecins, 106 ont obtenu l’équivalence de leur diplôme. 91% venait d’Europe de l’Est. Entre 2004 et 2007, sur 69 candidats-infirmiers, 56 ont obtenu leur équivalence, il venaient tous d’Europe de l’Est. Preuve que le Portugal veut enraciner ces personnes sur son territoire.

 

 

Le Site du Haut Commissariat à l’immigration et au dialogue interculturel

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