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Première économie européenne, l’Allemagne est naturellement le premier pays de destination des migrants. Tous les acteurs économiques et politiques entendent tirer partie de ces forces vives, dont la composition change progressivement. Depuis deux ans, le départ des Turcs vers leur pays d’origine dépasse le nombre d’arrivées (en forte croissance économique – 8,9% en 2010)

 

Berlin

C’est un niveau historique. 16 millions de personnes vivant en Allemagne sont issues d’une histoire de migration. Une personne sur cinq a des parents ou des grands parents qui sont arrivés en Allemagne après 1950. Les statistiques du gouvernement fédéral dénombrent près de 6,7 millions d’étrangers (en 2009 selon, dont l’âge moyen est assez élevé (38,4 ans). Un quart ont la nationalité turque (un tiers des Turcs est né en Allemagne, mais le droit du sang a primé jusqu’en 2001). Viennent ensuite les Italiens (7%), les Polonais (6%), les Serbes, Kosovars et Monténégrins (6,8%). Depuis 2007, de nouveaux flux de migrants arrivent de Roumanie (75 000 personnes) et de Bulgarie, et plus étonnant : des États-Unis (30 000 personnes).

 

Le marché du travail est très ouvert aux migrants, ils peuvent entrer dans la police, dans l’enseignement, les administrations (notamment comme interprètes). Le taux d’emploi des ressortissants étrangers est dans la moyenne européenne avec  48% (2009- pour un taux de chômage de 18,30%). Les primo-arrivants, les Turcs et les Serbes sont les plus fragiles sur le marché du travail, car ils ont souvent le capital culturel et économique le plus faible. Ils maîtrisent mal la langue allemande, occupent les emplois les plus précaires et s’estiment de manière générale victimes de discrimination. À Berlin, où le chômage est relativement haut, un Turc sur deux était sans emploi en 2008 et vivait de transferts sociaux.

 

Les sommets de l’intégration

Depuis 2006, se sont tenus quatre sommets de l’intégration auxquels la chancelière allemande Angela Merkel a invité tous les acteurs sociaux, rapporte un rapport du Sénat français, qui déroule la chronologie des dernières réformes allemandes.

 

Le 12 juillet 2007, le gouvernement a présenté un Plan national d’intégration, réalisé en concertation avec les organisations d’immigrants, les Länder et les communes. Il contient plus de 150 mesures concrètes et 250 engagements des Länder, communes et autres organismes dans les domaines clés tels que : la maîtrise de la langue, la formation scolaire, la formation continue et le marché du travail. Parmi ces thèmes, figurent aussi l’amélioration de la situation des femmes et des jeunes filles, l’intégration par le sport et l’intégration par des engagements citoyens. Le DGB tient par exemple des permanences de conseils aux migrants dans les langues des principaux pays d’origine (turc, polonais, grec, russe). Il offre encore peu de formations professionnalisantes (7000 par an).

 

Le débat sur l’intégration a rebondi automne 2010 avec la parution du livre de Thilo Sarrazin, membre du SPD (Parti social démocrate) intitulé L’Allemagne court à sa perte. Le Président de la République Christian Wulff a rétorqué le 3 octobre 2010 : « le christianisme appartient sans aucun doute possible à l’Allemagne. Le judaïsme appartient sans aucun doute possible à l’Allemagne. C’est notre histoire judéo-chrétienne. Mais entre temps, l’islam appartient également à l’Allemagne ». Il a également rebondi à la suite des déclarations de la chancelière fédérale devant le congrès des jeunes de la CDU (Union Chrétienne-Démocrate) dans lequel celle-ci estimait que : « La société multiculturelle a échoué ».

 

 

Eviter le « brain waste »

Le Plan national d’intégration a pour objectif de rendre le territoire allemand encore plus attractif et de « piloter » l’immigration liée au travail pour la diriger vers les secteurs professionnels demandeurs.

 

En 2009, l’Allemagne a modifié sa loi sur le séjour, le travail et l’intégration des étrangers pour renforcer la politique d’encouragement de l’immigration de travailleurs hautement qualifiés. Le pays entend faciliter la reconnaissance des diplômes des étrangers (ce qui concernerait 300 000 personnes) déjà présents sur son territoire afin que ceux-ci occupent les emplois vacants d’ingénieur, de médecin et de chercheurs.

 

Le Mipex remarque que les procédures actuelles demandent encore une coopération compliquée et dispendieuse en temps entre les Länder et les organisations professionnelles. Certains Länder prennent des initiatives pour attireret insérer les jeunes migrants comme Berlin avec ce mot d’ordre « Berlin braucht dich! » (Berlin a besoin de vous). Le Mipex estime enfin que la plupart des non-Européens bénéficient en Allemagne d’une véritable égalité de droit et de chances. Si le processus est complexe, il débouche sur une prise en charge excellente. 

 

Image de la campagne « Berlin braucht dich! » (Berlin a besoin de vous) – Ensemble, nous bâtissons l’avenir

 

 

– Immigration légale et répression de l’immigration illégale (étude de législation comparée) Sénat – 2 février 2011

Migrationsbericht 2009 (en allemand)

 

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