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Aux cris de « Non, à la délocalisation de nos emplois à l’étranger ! », l’opinion publique allemande s’est insurgée contre le projet de délocalisation de la comptabilité du groupe de distribution allemand Metro vers l’Inde et la Pologne. Les salariés du numéro 2 de la distribution en Europe sont inquiets.

 

metro allemagne

Le projet intitulé CORA menaçait 3 000 emplois en Allemagne. « Lorsqu’il a eu vent de l’affaire, le comité d’entreprise européen a exigé des explications illico. La direction et la toute nouvelle DRH Claudia Schlossberger ont dû accepter de nous présenter l’expert du cabinet Ernst & Young, qui les avait conseillés », raconte le Français Gérald Reinosa, secrétaire du comité d’entreprise européen (Euro-Forum) depuis 2 mandats. Le projet renégocié conduira à 100 licenciements seulement en Allemagne. Une broutille, car le bilan de Metro Germany, dénombre la disparition de 4000 postes en 2010 rien qu’en Allemagne avec entre autres la fermeture de plusieurs magasins Kaufhof.

 

Metro emploie 300 000 salariés dans 2100 magasins répartis dans 33 pays via des supermarchés Real et Metro Cash & Carry, des grands magasins Kaufhof et des chaînes de multimédia Saturn et Media Markt. Peu optimiste, M. Reinosa évoque le bruit qui court : Metro pourrait délocaliser l’informatique et créer un service d’achat unique pour tout le groupe. L’incertitude prévaut, car Metro fait le choix de la restriction des coûts en Europe.

 

Pour le moment, Metro a son siège et son actionnaire principal (la famille Haniel) en Allemagne et fait la plus grande part de son chiffre d’affaires sur le continent : 67,3 milliards € en 2010 au total (en hausse de 2,6%). Cependant, Metro privilégie les investissements et les perspectives de développement à l’international : du Kazakhstan à l’Indonésie en passant par l’Égypte et l’Ukraine.

 

« De manière générale, les magasins du groupe souffrent de sous-investissement chronique, raconte M. Reinosa, rencontré sur la conférence d’Uni Europa Commerce à Madrid. Les conditions de travail se détériorent. Certains magasins ne sont plus aux normes depuis longtemps. Les murs tiennent parfois à peine debout ». Une aberration pour ce syndicaliste CFDT qui a déjà 31 ans de maison chez Metro, et cumule les responsabilités de délégué central France et de représentant du personnel sur le site d’Aubervilliers (93). Il se trouve que Metro n’investit plus dans certains sites, pour mieux les fermer. Récemment, l’entreprise a fermé le site historique de Munich, qui était situé dans un quartier défavorisé ».

 

Déjà des travailleurs pauvres
Contrairement aux autres groupes chez qui la main d’œuvre est très féminisée et marquée par le temps partiel, les 14 000 employés français de Metro sont à 45% des femmes, et effectuent peu de temps partiel. Sur un total de 15%, entre 7 et 8% choisit de travailler à temps partiel. Les salaires sont en général plutôt meilleurs que dans le reste du secteur : « La grille de salaires que nous avons négociée en octobre 2010 va devenir obsolète, si le SMIC augmente au 1er juillet en raison de l’inflation. Certains salaires seront alors en dessous du minimum légal. Mais la direction française ne veut rien entendre pour le moment et refuse de négocier ».

 

Sur le site d’Aubervilliers, le syndicaliste constate l’appauvrissement des certains salariés. « Le fonds social de l’entreprise est intervenu cet hiver pour aider une cinquantaine de personnes à payer leurs factures de gaz et d’électricité. Qu’est-ce que ce sera si ce dispositif de solidarité disparaît ? » se demande-t-il.

 

Repère
Metro est le 4e groupe mondial de distribution (derrière Wal-Mart, Groupe Carrefour et Home Depot) et le 2e en Europe (après Carrefour). Il figure au rang des 50 premières entreprises mondiales avec les enseignes : Metro-macro, Real (inno en Belgique), Saturn et Mediamarkt, galeria Kaufhof. Et aussi Metro Group Asset Management (gestion active du portefeuille immobilier en Europe et en Asie et pour le développement et la construction de l’immobilier commercial et la gestion des 70 sites en Allemagne, en Pologne et en Turquie). Depuis 2007, le nouveau PDG de Metro est Eckhard Cordes.

La famille Haniel : actionnaire principal de Metro est aussi présent dans la pharmacie avec Celesio, dans le recyclage pour l’industrie et les matériaux de construction –

 

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