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par Albane Flamant

« Une charte de la laïcité abusive ? », « PAPREC sur le fil du rasoir »… Au centre de tous les gros titres en février dernier, cette entreprise de 4 000 salariés,  spécialisée dans le recyclage de déchets, n’avait jamais imaginé que l’introduction d’une charte interne de la laïcité aurait un tel retentissement médiatique.

 

PAPREC

Au centre de la controverse, un article de cette charte adoptée en accrod avec l’ensemble de ses salariés et interdisant « le port de signes ou tenues par lesquels les collaborateurs manifestent ostensiblement une appartenance religieuse. » Kippas, voiles et croix chrétiennes sont donc entre autres passés à la trappe dans l’enceinte de PAPREC.

 

Au-delà de l’anecdote, ce cas illustre la difficulté globale des entreprises à réagir aux tensions sociales et aux dysfonctionnements organisationnels qui prennent place en leur sein. En l’absence d’un modèle accepté, elles cherchent leurs propres réponses à la problématique l’expression religieuse au travail.

 

« C’est une volonté, un choix plutôt qu’un besoin,» nous explique Claude Sollarz, vice-président de PAPREC, qui veut prévenir des problèmes semblables à l’affaire Baby Loup. « L’idée, c’était de trouver tout ce qui nous rassemble, et d’éliminer tout ce qui nous divise. Nous voulions créer un outil pour aider nos directeurs d’agence à faire face aux demandes potentielles de nos travailleurs. »

 

En somme, cette charte est une mesure de précaution qui a apparemment trouvé des adeptes à l’intérieur de l’entreprise. Parmi les témoignages des employés qui l’ont majoritairement adopté, on note celui d’un délégué originaire d’ex-Yougoslavie, qui était très favorable à l’instauration de ces nouvelles règles.

 

« J’ai bien vu la tragédie qui s’est passée là-bas, » a-t-il dit à Europe1. « On a vécu pendant 50 ans en paix avec plusieurs nations et plusieurs religions. En quelques années, tout s’est transformé en une guerre terrible. Ca n’existe pas aujourd’hui, mais autour de nous, dans le monde et en France, on voit de plus en plus des montées nationalistes et fondamentalistes. Ca se passe autour de nous, on se demande si ça ne viendra pas chez nous. Pour que ça ne vienne pas, il vaut mieux prévenir que guérir. »

 

Beaucoup s’interrogent cependant sur le bien-fondé de cette charte, ainsi que sur ses implications. De fait, l’entreprise prend la place laissée vacante par le gouvernement, et prend sur soi de décider ce qui doit être fait. Est-ce bien son rôle ? D’autres s’interrogent sur la validité de cette charte devant un tribunal en cas hypothétique de licenciement pour non-respect de cette dernière. Les employés actuels de la compagnie de recyclage l’ont plebiscitée, mais qu’en est-il de ceux qu’elle embauchera dans le futur ?

 

L’approche de PAPREC n’est pourtant qu’une réponse parmi bien d’autres en France. Dans sa propre charte interne, EDF fait par exemple la distinction entre « les questions à poser » et « à ne pas poser » dans ces cas de figure: l’importance de la pratique pour la religion du travailleur ne doit pas être discutée. Ce qui compte, c’est son impact sur la sécurité, l’hygiène et la bonne marche de l’entreprise.

 

EDF

 

N.B. : Il s’agit seulement d’un extrait de cette section. Pour la consulter dans son entièreté, cliquez ici.

 

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