Ce pays a une longue tradition de reconnaissance et de validation des apprentissages non formels et informels bien intégrée au sein du système de formation professionnelle. Jean Raymond Masson analyse pour Metis les spécificités du système de la VAE en Finlande, fortement basé sur la confiance.
Les premiers éléments en ont été donnés dans les années 60 et ont pris en 1994 la forme du Competence-Based Qualification (CBQ) système qui donne à chaque adulte la possibilité de voir ses compétences validées sur le lieu de travail. Cette approche a fait l’objet d’une Loi en 2006. La validation est également possible dans l’enseignement supérieur, mais dans un cadre distinct de celui du CBQ.
La validation s’opère essentiellement sur le lieu de travail, mais un module obligatoire au sein de chaque qualification donne lieu à un test de compétences organisé dans un centre de formation. Le système est modulaire et flexible et couvre les différents niveaux de qualification professionnelle. Le National Board of Education (NBE) exerce une responsabilité générale sur le CBQ en même temps que sur l’éducation des adultes d’autant qu’il assure la supervision du travail des 26 comités tripartites de qualifications sectorielles.
Pour autant, la mise en œuvre du CBQ système est assurée en étroite coopération avec les syndicats, les organisations patronales et les entreprises. C’est ainsi que la Confédération des industries finlandaises gère deux projets concernant l’anticipation des besoins en savoirs et en compétences. Quant aux syndicats, la confédération la plus importante SAK joue un rôle essentiel dans le développement de la validation, notamment sa participation active à certains programmes, tel que le programme national Noste mis en œuvre de 2003 à 2007 et dédié à l’éducation et la formation des adultes disposant du niveau d’éducation de base.
Dans ce cadre, le SAK gérait ses propres projets tandis que des adhérents intervenaient – à titre bénévole – en tant que ‘compétence pilots’ appelés à inciter les travailleurs à participer au programme et à assurer une fonction de conseil et d’orientation. Est également très actif un centre de formation créé en 1964 par le syndicat des métiers de la construction et devenu ‘folk high school’ en 1981 recevant des aides de l’Etat pour la formation des adultes ; en 2007 il proposait la validation de 250 qualifications et l’organisation de 700 tests de compétences.
Les résultats sont conséquents. Entre 1997 et 2008, le nombre de participants au CBQ système est passé de 6 000 à plus de 65 000. En 2008, 32 344 obtenaient la pleine validation d’une qualification tandis que 16 094 obtenaient une qualification partielle, les femmes constituant la majorité des bénéficiaires. Et ceci dans un pays de 5,4 millions d’habitants.
Cependant, le bilan suscite un certain nombre de questionnements voire de désillusions notamment en relation avec les ambitions des années 90 d’augmenter les niveaux de qualification. Selon les analyses, le système a surtout profité aux plus qualifiés et 20% des actifs de 20 à 40 ans restaient en 2010 sans autre qualification que l’enseignement primaire. Avec les développements de la crise, les employeurs ont été conduits à accorder moins d’importance aux actions de formation et donc aux tests de compétence, d’autant que la formation ne fait pas partie du champ de la négociation collective.
Le CBQ système s’appuie beaucoup sur un travail bénévole (notamment dans les jurys d’évaluation et les comités sectoriels de qualification) et ne dispose pas de ressources suffisantes. Les universités et les ‘polytechnics’ sont restés opposés au CBQ quoiqu’ils aient parfois introduit leur propre système de validation. Le système a pu rentrer en concurrence avec des actions de formation mieux dotées. Le processus de validation est souvent considéré comme trop bureaucratique. La validation ne débouche pas systématiquement sur une augmentation salariale… Selon les rédacteurs du rapport, peut être faudrait il mieux cibler les populations bénéficiaires du CBQ, notamment en direction des secteurs traditionnels de l’industrie et la construction, des travailleurs migrants, des sorties sans qualification du système éducatif …
En tout état de cause, les parties prenantes, gouvernement et partenaires sociaux restent attachés au succès du CBQ. Une loi portant sur le développement des compétences a été prise en 2012 qui concerne en particulier le processus d’évaluation sur le lieu de travail. La même année, les partenaires sociaux ont signé un accord portant sur une aide renforcée aux participants au CBQ. En outre, le programme du gouvernement présenté en 2011 insistait sur la nécessité de mieux contribuer à l’intégration des travailleurs migrants par le biais du CBQ (à l’instar de l’Allemagne qui envisage de développer cette politique).
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