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par Hélène Bergstedt (traduit de l’anglais par Eva Quéméré)

En Suède, un demandeur d’emploi peut obtenir de l’aide auprès du service public de l’emploi suédois (Arbetsförmedlingen, AF) et auprès d’une quinzaine de Job Security Foundations (fondations pour la sécurité de l’emploi), en fonction de la branche dans laquelle il se trouve. Pour épauler les chercheurs d’emploi, l’une et l’autre de ces structures, de temps en temps et à des degrés divers, sous-traitent auprès d’entreprises privées.

 

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Le cadre général de l’aide aux demandeurs d’emploi
Le service de l’emploi suédois (AF) est une agence nationale publique dont les missions, comprenant des objectifs à long-terme et des activités spécifiques, sont sous la responsabilité à la fois du Parlement suédois et du Gouvernement. Son objectif général est de faciliter le rapport entre les employeurs et les demandeurs d’emploi, avec une priorité spéciale pour ceux qui, pour différentes raisons, ont un défi supplémentaire : être éloigné de l’emploi. Ainsi, l’AF peut, au travers des programmes du marché du travail, mettre en place des mesures additionnelles pour les chômeurs. La façon dont ces programmes sont élaborés dépend de l’état du marché du travail. Mais, en tous les cas, certains peuvent être créés pour les personnes qui en sont durablement éloignées. Les plus importants sont le Programme d’Emploi et Développement et le Programme pour l’Emploi des Jeunes. En outre, des subventions au recrutement sont versées aux employeurs pour stimuler les embauches.

Les groupes ciblés pour ces subventions sont les demandeurs d’emploi ayant des difficultés quant à leur mise en concurrence sur le marché du travail. En effet, certains ont été, depuis très longtemps, hors de l’emploi, d’autres ont un niveau trop faible en suédois, d’autres encore ont une incapacité fonctionnelle ou simplement un manque de qualification.

En complément des services de l’AF, les chercheurs d’emploi peuvent aussi obtenir de l’aide auprès d’une job security foundation, comme Trygghetsrådet TRS. Leur mission est basée sur des accords collectifs sur la sécurité de l’emploi. On en compte de 15 à 20 en Suède, couvrant à peu près 80 % des employés. Dans ce pays, le fait de résoudre les problèmes liés au marché du travail par des accords collectifs est une longue tradition, c’est ce que l’on appelle  » le modèle suédois de négociation collective « . Celui-ci est basé sur la régulation des salaires et des conditions de travail par des accords entre les partenaires sociaux (organisations syndicales et patronales) où le règlement des différends est fait par les parties elles-mêmes.


Le modèle suédois de négociation collective
Le système précédemment évoqué de régulation des salaires et des conditions de travail par des conventions collectives a émergé au fil du temps. C’est un arrangement entre les organisations syndicales, les organisations patronales et l’Etat. Les négociations de conventions collectives sont une méthode de fixation conjointe des salaires et des conditions de travail. Ce modèle suédois induit que les partenaires sociaux sont indépendants et autonomes. L’implication de l’Etat est, elle, particulièrement restreinte et principalement limitée à la législation de base, à l’action de soutien du développement industriel, et, sous d’autres aspects, au soutien des partenaires sociaux.

Job Security Foundations
C’est dans ce contexte que les Job Security Foundations ont émergé. Les partenaires sociaux de différents secteurs ont validé des accords sur la sécurité de l’emploi et l’organisation des transitions d’un emploi à un autre. Le premier accord sur les transitions a été signé en 1972 et depuis plusieurs autres l’ont suivi. Chaque fondation recouvre différentes branches en Suède comme le secteur non-lucratif, le secteur gouvernemental, le secteur privé pour les cols bleus, pour les cols blancs, etc. Chaque fondation est privée et indépendante de l’Etat. Le conseil d’administration de chacune d’entre elles est composé d’organisations de travailleurs et d’organisations patronales, elles travaillent ainsi ensemble et doivent donc coopérer pour que la fondation puisse fonctionner. Leur financement, par des honoraires payés par les employeurs, est règlementé dans les accords collectifs.

La principale mission des job security foundations est de fournir un soutien individuel pour trouver un nouvel emploi. La façon dont ce soutien est apporté peut varier selon les fondations mais elle est généralement assez similaire.

Les professionnels du soutien
La plupart des job security foundations ont leur propre personnel (conseillers/coachs) mais beaucoup font aussi appel aux services de certains sous-traitants qui sont des entreprises privées. Les conseillers ont de fortes compétences et sont très professionnels. Leur travail consiste à encourager et à aider les chercheurs d’emploi à trouver un nouveau travail. Il s’agit par exemple de donner des conseils, aider à la rédaction du CV, préparer aux entretiens. En outre, et dans une certaine limite, toutes les fondations peuvent aider au financement d’études, de formations professionnelles, de stages, elles peuvent aussi contribuer à la création d’entreprises. Ainsi, leur soutien s’adapte et varie en fonction des beso,ins de chacun.

Toutes les Job Security foundations ont de bons résultats quant à l’atteinte de leur principal objectif : un nouveau travail pour les chercheurs d’emploi. En effet, le taux de personnes ayant un nouvel emploi dans l’année est très élevé, mais il dépend bien sûr de la situation économique globale et de l’état du marché du travail, variant alors entre 80 et 90 %.
Une certaine forme de flexicurité ?

Les suédois ne voient pas leur système comme une forme de flexicurité « à la danoise ». En effet, il y a, à mon sens, certaines différences entre les deux systèmes. Ainsi, pour comprendre la façon dont le système suédois fonctionne il faut pouvoir appréhender son modèle de conventions collectives et ses effets sur le marché du travail. L’une des explications de l’émergence de ce modèle dans le pays est que la Suède est une petite économie orientée vers l’export et dépendant donc de sa capacité à être compétitive sur les marchés mondiaux. Ainsi, le consensus n’est pas un outil pour diminuer les salaires lors des mauvaises périodes mais bien pour stimuler les changements structurels, par exemple en acceptant la fermeture d’entreprises et les situations de chômage. Ainsi, les changements structurels se font d’une façon plus aisée depuis que les employés peuvent bénéficier d’une aide professionnelle. Pour autant, ceci ne veut pas dire qu’il soit facile de faire des propositions d’évolution aux gens ou que les conflits entre les syndicats et les organisations patronales n’existent pas.

 

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