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par Les clés du social

Manifestement, la direction de Peugeot a beaucoup de mal à s’adapter au dialogue social à l’Allemande. Après un bras de fer sur les questions d’emplois et de salaires durant l’hiver pour aboutir à un accord plutôt favorable au syndicat allemand IG Metall, les dirigeants de Peugeot envisageraient de vendre une partie du centre de recherche d’Opel considéré comme une « perle d’Opel » et son identité « made in Germany ». De quoi agacer le dirigeant du Betriebsrat (équivalent du CSE) de Rûsselsheim alors cette question n’avait pratiquement pas été évoquée lors du rachat de la marque. Dans ce papier que nous reprenons avec leur accord, Les clés du social retrounent sur un conflit qui montre que le consensus à l’allemande n’est pas spécialement un fleuve tranquille !

 

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Un conflit difficile durant l’hiver

 

Confrontée à des questions lourdes de compétitivité de la marque Opel vis-à-vis des autres marques de Peugeot (dans certaines unités, un véhicule Opel coûterait deux plus cher), la direction de Peugeot proposait aux représentants du personnel de ne pas appliquer l’accord national de la métallurgie signé entre le patronat et IG Metall (augmentation des salaires de 4,3 %) et de supprimer un certain nombre de primes au 1er janvier 2019. À cela s’ajoutait le projet de supprimer 4 000 emplois. Un site était particulièrement menacé en Thuringe (ex Allemagne de l’Est). Tout cela contre des engagements pour le moins flous de la part de la direction.

 

Autant dire que les représentants d’IG Metall étaient très remontés, accusant Carlos Tavares (PDG de Peugeot) de « benchmark junkie sans idée pour Opel ». Les politiques aussi, puisque l’affaire est remontée jusqu’à la Chancelière Angela Merkel qui exigeait que Peugeot respecte les engagements pris lors du rachat. La direction de son côté accusait les syndicats de déni de réalité et de position dogmatique. Les échanges étaient donc pour le moins rudes à la limite de la rupture entre les différents acteurs du conflit.

 

Mais, comme toujours en Allemagne, après d’âpres négociations, un accord est intervenu en mai 2018. L’accord de la métallurgie ne sera pas appliqué et certaines primes seront supprimées à partir de janvier 2019. En contrepartie, le site de Thuringe sort renforcé, le centre de développement obtient de nouvelles missions. Le nombre de suppressions d’emploi est limité à 3 700 et le programme de départs volontaires très avantageux, qui aurait pu déstabiliser l’entreprise, est largement revu à la baisse. Au final, il s’agit d’un accord équilibré entre les deux parties.

 

Si tous les acteurs se sont félicités de cette conclusion qui pourrait sortir Opel de ses difficultés à l’horizon 2021, elle démontre la difficulté d’une entreprise française à s’adapter au dialogue social allemand. Habituée au passage en force, elle a dû s’adapter aux règles et usages du dialogue social allemand qui s’appuie sur un syndicalisme puissant mais aussi la volonté de parvenir à une solution négociée.

 

Une leçon que Peugeot a du mal à retenir

 

Comment expliquer la récidive de Peugeot qui laisse ses intentions filtrer dans la presse concernant le centre de recherche de Rüsselsheim centre historique de la marque ? Gageons que, malgré une nouvelle tension entre direction et IG Metall, il sera encore trouvé une solution de consensus.

 

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