Arcelor Mittal : le retour des maîtres de forge !
publié le 2006-10-01
Quel bilan tirez-vous du rachat d’Arcelor par Mittal ?
Jacques Laplanche : « Personne n’est heureux de voir un fleuron de la sidérurgie tomber entre les mains d’une famille non européenne. C’est le retour des maîtres de forge version 21ème siècle ! Nous allons être maintenant très exigeants sur le maintien du dialogue social européen.
Quelle a été la stratégie du comité d’entreprise européen ?
Jacques Laplanche : « Nous avons suivi l’avis de la Fédération européenne de la métallurgie (Fem) qui a pris position contre cette OPA hostile. Cette main mise n’est qu’une simple opération financière sans fondement industriel et donc préjudiciable pour l’emploi. Tout cette affaire a été un échec collectif. Le comité d’entreprise européen n’a qu’une voix consultative. La politique de la Commission européenne, d’inspiration libérale, continue de plaider pour une régulation par les marchés. De leur côté, les gouvernements se sont contentés de gesticulations mais ils ne nous ont jamais donné les moyens de nous défendre. Au moment de la création d’Arcelor, les Etats, à l’exception du Luxembourg, n’ont pas gardé de parts significatives du capital et se sont ainsi privés de toute capacité à pouvoir peser ».
Agiriez-vous différemment aujourd’hui ?
Jacques Laplanche : « La direction d’Arcelor a profité de notre réticence à cette OPA. Durant cinq mois, elle nous a fait croire qu’elle bataillerait jusqu’au bout, elle s’est appuyée sur notre opposition au projet. Pour quel résultat ? Au bout du compte, embrasser Mittal ! Le seul qui a tenu parole, c’est Guy Dollé. Si c’était à refaire, je ne laisserai plus la direction d’Arcelor nous utiliser comme elle l’a fait ».
Propos recueillis par Frédéric Rey
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