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par Frédéric Rey

Quelle est la part de sous-traitance dans l’activité ?
La sous-traitance est une composante importante d’un modèle de production qui recherche avant tout la flexibilité. Ateliers, études, administration, conception assistée par ordinateur… De nombreux secteurs sont concernés par cette externalisation qui atteint 60% de la production. Airbus sous-traite dans la région toulousaine mais aussi à l’étranger. Le site de Toulouse emploi environ 12 000 salariés auxquels il faut ajouter 6000 à 8000 salariés des sous-traitants. Ces effectifs fluctuent d’une semaine à l’autre, c’est une réalité difficile à appréhender. La taille des entreprises est très variable, on retrouve des micro sociétés comptant quelques personnes et des PME de plusieurs dizaines de collaborateurs.

Quelles sont les répercussions de la crise sur les sous-traitants ?
Ils sont dans une position très vulnérable, en particulier si ils n’ont pas diversifié leur donneur d’ordre, des salariés vont être licenciés. Lorsque Dominique de Villepin est venu à Toulouse, il a promis 80 millions d’euros pour le plan social dédié aux sous-traitants, mais nous n’en avons toujours pas vu la couleur. L’accompagnement social des salariés d’Airbus, sera de bon niveau, mais nous sommes plus inquiets en ce qui concerne la situation des salariés des sous-traitants. Par ailleurs, Louis Gallois souhaite revoir les relations avec les sous-traitants en diminuant le nombre d’interlocuteurs directs, ce qui les obligera à se réorganiser.

Avez-vous une gestion commune de la crise avec les sous-traitants ?
Elle est très difficile à mettre en oeuvre étant donné la forte dispersion des sous -traitants. Dans les entreprises de plus de 50 salariés, nous parvenons à nouer des contacts. Si aucun lien juridique ne nous unit, nous avons des représentants syndicaux parmi eux. Nous sommes un peu comme les grands frères. En revanche, le problème se pose ches les plus petits où les patrons rechignent à l’idée d’avoir des représentants et font pression sur leur personnel. Là, nous n’avons pas les clés pour mettre en place une action commune ne serait-ce que parce que nous ne sommes pas en relation directe.

Comment envisagez vous la coopération avec vos collègues allemands ?
Nos relations sont permanentes notamment à travers l’instance du comité d’entreprise européen qui est coprésidé par un syndicaliste allemand et français. On cherche à opposer les représentants de chaque pays, mais ce n’est pas la réalité. Nous avons certainement beaucoup plus de points communs entre nous que n’en ont nos dirigeants. On ne peut pas dire que Airbus aura été un modèle d’intégration.

Propos recueillis par Frédéric Rey

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