par Frédéric Rey
Comment viser performance économique et développement durable ? La réponse n’est pas toujour simple comme témoigne cette expérience d’une entreprise de transport routier qui roule moins vite.
Chaque année, environ 2 milliards de tonnes de marchandises sont transportées en France par des véhicules de plus de 3,5 tonnes, ce qui fait un des principaux secteurs d’émissions de CO2. «Dans notre organisation de la production en flux tendu, les stocks des industriels sont aujourd’hui sur les routes », souligne Charles Prévost. Ce dirigeant d’une PME parisienne de 300 salariés dans le secteur du transport de marchandises a décidé d’apporter sa contribution à la lutte contre le réchauffement climatique. Depuis le début de l’année, une partie de ses véhicules ont été bridés afin de ne pas dépasser la vitesse de 80 kilomètres par heure. « Les conducteurs se plaignent parfois de ne plus pouvoir dépasser d’autres véhicules, mais cette décision est nécessaire autant pour la protection de l’environnement que par souci d’économie, précise-t-il, le carburant représente le coût le plus important après les salaires, un poste qui ne cesse d’augmenter. La mise en oeuvre de cette limitation nous a déjà permis d’économiser 250 000 euros sur un seul trimestre ».
La contrepartie, c’est l’accroissement des délais de livraison. Il faut désormais compter une demi heure de plus de trajet au départ de Paris vers certaines villes françaises. « Le préjudice économique est tout à fait acceptable », note Charles Prévost. « En revanche, il est impossible de l’appliquer sur de plus longues distances Si on veut respecter à la fois une limitation de vitesse et la réglementation qui impose des temps de pause, il faudrait recourir à deux conducteurs qui se relaieraient. Mais nous ne serions plus concurrentiels ». Reprise par la fédération nationale des transports routiers (FNTR), cette idée de limitation de vitesse à 80 kilomètres heures avait été proposée au Grenelle de l’environnement. » Il s’agit, selon la fédération patronale de réduire les nuisances liées au développement du transport routier tout en préservant les progrès de la mobilité des personnes et des marchandises ». Six entreprises ont signé une charte de la réduction de leurs émissions de CO2. Si elle était mise en pratique dans l’ensemble du secteur, cette réduction de la vitesse de circulation aurait permis une économie totale de 1,5 millions de tonnes de CO2 par an. Mais la mesure n’aura finalement pas été retenue. Difficile de l’appliquer aux seuls conducteurs de camion sans l’étendre à tous les automobilistes, une catégorie qui fait actuellement l’objet de toutes les attentions politiques.
Frédéric Rey
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