La Révolution verte d’Obama
publié le 2009-06-17
Alors que tous les indicateurs économiques sont dans le rouge depuis plusieurs mois, le président Obama a ouvert la voie à une nouvelle ère placée sous le signe du « vert ».
L’objectif affiché du président américain est de prendre la tête de la révolution écologique. A quelques mois de la conférence de l’ONU sur le climat qui se tiendra à Copenhague (Danemark) en décembre, le président américain tente de rattraper le retard pris durant huit ans par George Bush dans le domaine de l’environnement. A peine élu, Barack Obama lance les grandes lignes de son « New Deal Vert » et débloque 60 milliards de dollars pour le développement des énergies renouvelables et la promotion des véhicules électriques. Le 19 mai, il va plus loin en présentant son plan pour l’environnement. Il s’engage à réduire la part du charbon dans l’électricité dont 10% devra désormais provenir d’énergies renouvelables, d’ici à 2012, puis 15% d’ici à 2020.
Pour réussir le pari de l’indépendance énergétique, le président promet la création de 5 millions d’emplois destinés à l’industrie « verte ». Cela passe notamment par le financement des programmes de formation et à la reconversion des 837 000 vétérans. Enfin, il prévoit la création de véhicules propres. Il veut réduire, d’ici 2016, d’un tiers la consommation d’essence des voitures (en moyenne 6,6 litres au 100 km). « Cela permettra d’économiser 1,8 milliards de barils de pétrole », au cours des premières années, a précisé le président. Présent lors de ces annonces, le gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger, s’est félicité des mesures prises. La Californie est précurseur en la matière. L’Etat a voté en 2002 une loi imposant aux constructeurs automobiles de réduire de 30% d’ici à 2016 les émissions polluantes des véhicules pour revenir à un niveau comparable à celui de 1990.
Une ambition affichée
Le plan pour l’environnement est la première étape du programme américain destiné à limiter les émissions de gaz à effet de serre. Certains économistes pensent depuis longtemps que si les Etats-Unis veulent meintenir leur leadership, ils doivent être le moteur de cette révolution verte, comme l’Europe fut le moteur de la révolution industrielle au XIXe siècle.
Le président américain affiche ses ambitions. « La nation qui mènera le monde en matière de création de nouvelles sources d’énergie propre sera celle qui mènera l’économie globale du XXIe siècle (…) Je veux que cette nation soit l’Amérique ». Le ton est donné. Face à l’ère « verte » d’Obama, les puissants lobbies pétroliers craignent de perdre leur puissance à la faveur des écologistes.
Reportage à Détroit, où les petites voitures tuent
L’industrie de l’automobile est opposée depuis des années aux mesures écologiques. Mais, en proie à de grosses difficultés économiques, et alors que leurs concurrents européens et japonais dominent le marché des hybrides, les trois constructeurs ont applaudi les mesures « vertes », destinées à relancer l’automobile américaine.
A Detroit, bastion de l’automobile, la voiture propre est accueillie fraîchement. « Ca peut limiter le déclin de l’automobile et relancer l’exportation vers l’Europe. Mais les Américains ne veulent pas de ce type de voiture », constate Jeff Schueller, concessionnaire General Motors. Son avis est partagé par les membres du puissant syndicat de l’automobile UAW. « L’usine d’Hamtramck, actuellement au chômage technique, est appelé à construire la voiture de demain. Cela va générer des emplois dans toute la région. Mais, moi, à 63 ans, je veux me sentir en sécurité sur la route. Mon assurance-vie, c’est mon gros pick-up, les petites voitures sont trop dangereuses », explique George McGregor, Président d’une locale syndicale.
« Les Américains vivent dans une société ‘super size’. Les standards requis sont toujours plus, plusieurs voitures, plusieurs maisons… Dans les années 30-40, l’infrastructure autour des villes s’est développée pour répondre au besoin automobile. A Detroit, les routes se sont allongées pour les besoins des véhicules. Los Angeles a été construite pour la voiture. La ville s’étend sur 100km, les piétons n’y ont pas leur place », explique Dan Roberts, professeur d’urbanisme à l’Université de Detroit. Ecolo avant tout, ce père de famille d’une trentaine d’années a opté pour le vélo. Mais, son énorme 4×4 trône devant sa maison. « J’ai des enfants et je dois assurer leur sécurité. Même si elles sont écologiques, ces petites voitures tuent », explique-t-il un peu mal à l’aise. Les mentalités évoluent, indiquait Barack Obama lors de l’annonce de son plan gouvernemental. Manifestement, le changement n’est pas pour demain.
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