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Sous le haut patronage du Sénat, Netexplorateur, observatoire mondial d’information et de réflexion sur les enjeux du numérique créé par Martine Bidegain et Thierry Happe, s’apprête à tenir son forum 2010 et à primer dix lauréats parmi les innovations internet les plus significatives. Au palmarès et dans la catégorie management RH, Getagreatboss.com, un site sud – africain à vocation mondiale. De quoi s’agit-il ?

 

Le slogan fondateur du site : « les gens entrent dans les entreprises, mais quittent les patrons. Nous avons la conviction que les gens devraient chercher à entrer dans les entreprises à cause de leur super patron ! ».

boss

Fort de ce constat, Getagreatboss propose de valoriser les offres d’emploi d’une entreprise, en mettant en exergue les qualités professionnelles et surtout relationnelles du patron. L’objectif est « de faciliter la rencontre entre super patrons et super employés sur des critères humains ». Le « boss », et non le manager, le choix du terme n’est pas un hasard, est un « great » boss du fait de son charisme. C’est son caractère, sa personnalité, ses aptitudes relationnelles, la manière dont il s’occupe de ses collaborateurs qui sont analysés et mis en avant.

 

Comment ça marche ?

Tout boss, ce peut donc être un PDG ou un chef de service, peut souscrire pour la somme de 220 $ à l’organisation d’un « audit de son style de management ». Le patron donne les coordonnées d’au moins huit collaborateurs qui seront invités à répondre de façon anonyme à une enquête très détaillée, multi dimensionnelle, assortie de contributions libres, dont la « qualité » a retenu l’attention des experts internationaux de Netexplorateur.

Le site fait également appel aux salariés qui peuvent envoyer les coordonnées de leur « great boss », ils reçoivent une prime de 50 $, si celui-ci, séduit par la méthode, souscrit à l’étude de son propre profil. L’anonymat des salariés qui recommandent leur patron est garanti.
Les résultats de l’audit sont fournis au seul manager – client, celui-ci est libre de donner accès ou non à ces informations. Il a alors la possibilité de lier son profil à ses petites annonces de recrutement.

Netexplorateur souligne dans son analyse que le but du site est clairement « de promouvoir les couronnes de lauriers tressées à un patron par son personnel… si elles en valent la peine ». Il s’agit d’un outil d’autopromotion patronale à l’objectivité pour le moins fragile, rien n’empêche en effet de solliciter des collaborateurs zélés. Mais les experts ont retenu ce site au palmarès car ils y voient « une innovation fonctionnelle » : valorisation des offres d’emploi d’une entreprise sur un nouveau critère, la dimension humaine du patron et « une innovation sociologique » : manifestation d’une course à la transparence (surmultipliée par internet) qui revalorise le facteur humain.

 

Quand le web impacte le management des hommes

On peut bien sûr souligner les limites de l’outil, dénoncer telle pratique mercantile ou se réjouir d’une tentative de recul de la sur-gestion au profit de l’humain. On peut également, au vu de quelques sites de recrutement de grandes entreprises multinationales, estimer qu’elles ont des progrès à faire. Ainsi des « témoignages », avec nom et prénom du témoin ! , qui vantent fort bien les mérites de l’entreprise (pas du patron) et qui attestent surtout de la qualité des communicants et autres marketers qui les ont conçus. Pour en savoir plus, on cherche sur le net et on trouve… de tout. Des sites d’évaluation de telle catégorie professionnelle, des notations de stagiaires sur leur entreprise, des vidéos « sauvages » prises lors de manifestations internes aux entreprises (Didier Lombard en sait quelque chose), des échanges au sein des réseaux sociaux, des blogs …, sources variées d’informations dont certes, il faut faire le tri, qui manifestent et concrétisent cependant besoins d’expression et de transparence.

Le net impacte profondément l’organisation de la société, les lignes bougent et vite. Comme les internautes, les entreprises s’en servent, s’adaptent, subissent ou anticipent, elles ne sauraient y échapper, y compris en matière de management. Un champ d’analyse encore peu exploré.

 

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