Comment parler du travail, objet central des correspondances européennes de Metis ? Comment parler de l’Europe, porteuse d’une espérance et d’un avenir que ses représentants et citoyens ne parviennent plus à penser et à incarner ? Comment faire abstraction du fait que toutes choses ne sont plus égales par ailleurs, ce que l’on a vécu brutalement avec les attentats du 13 novembre ?
Le développement du numérique, le réchauffement de la planète bouleversent tout, les donnes sociales, économiques, sociétales, géopolitiques. Un bouleversement radical mais néanmoins progressif qui, semble-t-il, nous autorise à changer pour que rien ne change ou à réclamer encore une minute au bourreau. Mais des bouleversements qui nous poussent aussi, à en tenir compte et à œuvrer pour apprivoiser, voire même tirer partie des mutations inéluctables qui se profilent. Le travail en Europe et au-delà continue à être partie prenante de ces évolutions que nous sommes en capacité de comprendre et d’appréhender.
Le vendredi 13, pour nous Français, Européens – au sort plus lié que jamais – est d’une nature toute différente. Il relève de la rupture foudroyante pour chacun de nous et soulève la question du pronostic vital de nos sociétés démocratiques. Une situation qui se lit et se vit autrement que celle d’autres pays aux régimes autoritaires, depuis longtemps aux prises avec la guerre. Il ne s’agit pas d’une de ces ruptures qui consiste à fixer l’âge de la retraite à 63 ans au lieu 62, à refondre le code du travail ou à appliquer la taxe carbone. Non, une rupture qui affecte la société et chaque individu immédiatement dans sa vie quotidienne et dans les projections de son avenir. Une rupture qui mêle inexorablement les affects et la raison et qui, en tout cas dans un premier temps, retient toute l’attention, interdit le zapping et relativise le reste.
La dernière parution de Metis le 17 novembre est révélatrice. Quels articles avez-vous lu ? Loin devant les autres, celui de Xavier Baron « ils ont tiré sur mon fils » puis l’éditorial qui en chapeau annonçait que Claude-Emmanuel Triomphe avait été blessé mais qu’il s’en était sorti. Vous, comme nous, perceviez comme quelque peu dérisoires les articles traitant directement de l’un des aspects du travail.
Vous avez été très nombreux à nous adresser des messages de sympathie et de soutien, sur les boîtes mail, sur les réseaux sociaux, au téléphone. Merci de la part de Claude Emmanuel, de Xavier et de toute l’équipe de Metis.
Et pourtant, il va bien falloir retourner au boulot comme on l’a fait l’autre lundi, après ce week-end suspendu dans un ailleurs insupportable. Ce travail va rester une composante essentielle de la vie de tout un chacun dans un environnement certes désormais différent. Nous allons poursuivre, non pas comme si de rien n’était, mais au contraire avec conscience et obstination nos investigations sur le travail et la société dans leurs différents états.
N’oubliez pas que pour ce faire, Metis a besoin de vous et que vous pouvez nous aider en envoyant un chèque à l’association des Amis de Metis.
Encore merci.
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