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Anticiper et former aux métier en tension. Pour Pierre Ferracci, P-DG du groupe Alpha, la formation se lie davantage à l’emploi et non plus à la promotion sociale. Reste encore à clarifier les dispositifs

 

Ferracci

En France, la formation peine à cibler les personnes qui en ont le plus besoin : les salariés les plus fragiles, les demandeurs d’emploi et les bénéficiaires de minima sociaux. La loi orientation/formation du 24 novembre 2009 qui transpose l’ANI (accord national interprofessionnel) du 7 janvier 2009 renforce le DIF (droit individuel à la formation) et créé un nouveau dispositif paritaire (Etat-partenaires sociaux). Le Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP) va orienter une partie des fonds de la formation professionnelle (au total 28 milliards par an) vers les personnes les plus fragiles.

 

Les partenaires sociaux se sont fixés pour objectif de former, chaque année, 500 000 salariés et 200 000 demandeurs d’emploi supplémentaires. La région qui s’occupait des demandeurs d’emplois depuis les lois de décentralisation, n’est plus le seul pilote, Etat et partenaires sociaux à travers le FPDPP auront également leur mot à dire.

 

« Ni le pilotage, ni le financement ne sont vraiment clarifiés, prévient Pierre Ferracci P-DG du groupe Alpha. Les régions ont été tenues globalement à l’écart de la loi qui vient d’être votée. Or, comme les différents acteurs peuvent avoir des intérêts contradictoires, s’il n’y a pas de pilote dans l’avion, ce sera très difficile de se mettre d’accord en situation d’urgence, ou en période électorale ».

 

Le fonds national s’articulera parfois à des fonds régionaux qui existent déjà dans certaines régions. Si comme le décrit enthousiaste Christian Valenza (lien) la mobilisation de tous les acteurs a été efficace en Franche Comté, « c’est probablement car c’est une région industrielle stratégique, dont la présidente de région très dynamique, a pu mobiliser la bonne volonté de tous les acteurs, observe M. Ferracci. Mais, imaginez quand il y a crispation, ou quand la machine grippe ! ».

 

Orienter et former vers le métiers en tension

« La formation devrait agir avant même que les personnes se retrouvent au chômage, pour éviter qu’elle ne se découragent. Aussi peut-on les inviter à se tourner vers des métiers en tension. Cependant, le système peut être un peu pervers, car l’offre de formation domine toujours la demande ». Le droit à l’orientation est une autre avancée. « En France, que ce soit dans l’Education Nationale, ou dans la formation professionnelle, on pêche encore dans l’orientation ».

 

Les partenaires sociaux se sont attelés à la bataille de l’anticipation, mais la GPEC (Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences) fonctionne encore assez mal et n’englobe pas de plan de formation. « En France, on pratique la politique de l’autruche, car en refusant de voir le danger, on pense qu’il ne va pas se manifester. Par conséquent, on s’attaque très tardivement aux problèmes. Le Danemark anticipe mieux les difficultés des entreprises, des secteurs et des métiers. La formation intervient avant même que se dessine une transition professionnelle. Aussi l’indemnisation est plus longue et même assez élevée pour les salaires les plus bas. Par contre, si la personne ne fait pas assez d’efforts dans sa recherche d’emploi, elle peut être sanctionnée ».

 

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