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par l’austérité[/fusion_title]

par Peggy Corlin

La fonction publique européenne n’échappera pas à la vague de restructurations qui touche l’ensemble des administrations nationales en Europe.

 

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Sous la pression des États membres réunis au Conseil de l’UE, la Commission européenne présentera cette semaine une série de propositions visant à faire 1 milliard d’euros d’économie d’ici 2020, puis 1 milliard par an à l’horizon 2060. Pour atteindre cet objectif, l’exécutif européen prévoit notamment de tailler dans 5% des effectifs, faire passer le temps de travail de 37,5 à 40 heures par semaine, sans compensation, et l’âge de départ à la retraite de 63 à 65 ans.

 

La méthode de calcul du salaire des fonctionnaires est également en cause. Alors que les 27 veulent supprimer le système d’indexation des salaires sur l’inflation, la Commission projette la mise en place d’un nouvel index, la suppression de la prime d’expatriation qui gonfle actuellement de 16% les salaires, et l’augmentation de la prime de crise instituée en 2004 (4 à 6%).

 

Organisés en front commun, les syndicats de la fonction publique européenne se dressent depuis plusieurs semaines contre une réforme qu’ils voient comme une nouvelle tentative de démanteler l’administration publique européenne. « Le statut des fonctionnaires européens devient de moins en moins attractif. Or il s’agit de faire venir à Bruxelles des jeunes très diplômés parlant au moins trois langues. Le risque est de les voir préférer le secteur privé capable de leur proposer des conditions de travail plus intéressantes » explique le représentant syndical Georges Vlandas.

 

Actuellement les salaires de base vont de 2 300 euros pour un nouvel arrivant au grade le plus bas à 16 000 euros pour un directeur général, au plus haut grade, en fin de carrière. Les fonctionnaires bénéficient aussi d’allocations familiales très avantageuses. Au titre des prélèvements, ils doivent s’acquitter d’un impôt européen (8 à 45%) ainsi que des cotisations retraites et maladies.

 

Mais c’est surtout la précarisation de la fonction publique européenne que condamnent les syndicats. Il y aurait déjà près de 44% de contractuels dans l’administration européenne. « Réduire les effectifs n’a aucun sens, poursuit Vlandas, nous avons la taille d’une administration comme celle de la ville de Paris, pour des compétences et une quantité de travail plus importante ». Selon eux, le statut de fonctionnaire est un gage d’indépendance, d’autant plus important que les pressions nationales s’exercent toujours plus sur une institution comme la Commission européenne, censée représenter l’intérêt général européen.

  

Externalisation rampante

Le processus d’externalisation de la fonction publique européenne remonte à la grande réforme administrative de 2004. Initiée en 2000 par le Commissaire européen britannique Neil Kinnock, la réforme s’est faite dans un contexte particulier : à la suite de l’affaire Édith Cresson qui a provoqué la démission de la Commission Santer en 1999, le soupçon est alors à tous les étages. Une partie de la réforme a visé à accroitre les contrôles. De manière parfois excessive raconte un fonctionnaire, sous condition d’anonymat : « dans certains domaines on a un fonctionnaire qui fait un travail et trois qui en font l’audit et la surveillance. Ce qui est manifestement illogique ».

 

Or dans le même temps l’exécutif européen perdait de son poids politique face aux États membres. La tendance a culminé avec la nomination du président José Manuel Barroso jugé à la botte de ces derniers. « Depuis l’arrivée de Barroso, la Commission n’est plus un acteur politique. Elle se transforme en organe de gestion. Or la réforme de 2004 a bureaucratisé les méthodes de travail jusqu’à paralyser l’institution et la rendre presque superflue » ajoute cet autre fonctionnaire.

 

À la mi-novembre, les syndicats ont proposé des mesures alternatives au commissaire européen qui s’occupe aujourd’hui des questions administratives, Maroš Sefcovic. Outre une meilleure gestion des carrières, ils proposent un ensemble de mesures d’économies qui passent notamment par l’amélioration des structures administratives en éliminant les incohérences, jugées coûteuses, issues de la réforme de 2004.

 

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