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Les emplois verts au secours de l’économie sociale et solidaire

publié le 2012-06-13

Les « emplois verts » ont le vent en poupe. La nécessaire transition écologique qui s’annonce représente pour beaucoup un créneau porteur dans un contexte de crise économique et de chômage élevé. Le think tank européen « Pour la solidarité » s’est demandé si cet espoir était fondé pour le secteur de l’économie sociale et solidaire. Dans une étude paneuropéenne portant sur les entreprises d’insertion, il montre que celles-ci auraient peut-être effectivement intérêt à sauter le pas.

emploi vert

Vu sous le prisme du « développement durable », le mariage entre l’économie sociale et les « emplois verts » semble couler de source. Ce concept – censé inspirer l’ensemble des politiques européennes depuis son inscription dans le traité d’Amsterdam – désigne en effet l’équilibre entre développement économique, protection de l’environnement et justice sociale. Mais au-delà de cette proximité de principe, quelles sont les possibilités pratiques pour le secteur de l’économie sociale d’investir le créneau « vert »?
Le think tank européen « Pour la solidarité » a justement cherché à répondre à cette question en interrogeant près de 200 entreprises d’insertion réparties en Europe et au Québec. Si les conséquences de la crise se font naturellement sentir dans ce secteur économique particulier, les résultats de l’enquête semblent indiquer que les « emplois verts » pourraient lui offrir une bonne porte de sortie. Une voie que les entreprises d’insertion seraient par ailleurs bien placées pour emprunter.

Une réorientation doublement avantageuse
Il s’agit en effet d’un secteur flexible et dynamique par définition. On y cherche en permanence « à proposer des emplois et des formations les plus adaptés au marché du travail afin de faciliter le retour des personnes en difficulté vers un emploi dit « classique », en fonction des évolutions socio-économiques de leur territoire ». C’est ainsi que 44% des entreprises interrogées auraient déjà expérimenté une forme de réorientation stratégique. Or, dans 35% des cas, le choix s’est porté vers des emplois considérés comme « très verts » (agriculture, recyclage, énergies renouvelables, entretien d’espaces verts). Et cette proportion monterait même à 50% si l’on y incluait les BTP et les transports.
C’est que les emplois verts présenteraient le double avantage de « diversifier sans trop de difficulté les activités des structures d’insertion et de faciliter l’insertion des bénéficiaires dans le marché du travail aujourd’hui « verdissant ». D’autre part, dans la plupart des cas, ils ne nécessitent que peu d’investissements ».

Un secteur pas toujours reconnu comme tel
Un choix sensé donc, que beaucoup effectuent sans nécessairement l’inscrire dans une démarche « écologique » consciente. Ils sont ainsi 46% des répondants à ne pas connaitre le concept « d’emplois verts » tel que présenté dans l’étude. Plusieurs ont néanmoins indiqué avoir déjà proposé des prestations vertes. Il ne s’agit donc pas d’un secteur « unanimement reconnu comme tel par les acteurs de l’insertion ».
Ce qui ne les empêche pas d’en avoir une vision largement positive. Pour 90% des personnes interrogées, « les emplois verts seraient adaptés aux publics accueillis dans les entreprises d’insertion ». L’entretien d’espaces verts, les services à la personne et le recyclage sont les activités perçues comme convenant le mieux à la majorité de ces publics en difficulté, parmi lesquels on retrouve des chômeurs, des jeunes, des femmes, des personnes handicapées, d’anciens détenus, des immigrés, des séniors ou encore des toxicomanes.

Les emplois verts constituent donc, pour les auteurs de l’étude, « une voie de réorientation stratégique très intéressante pour les entreprises d’insertion […] tant pour assurer une certaine viabilité économique de ses structures que pour optimiser l’insertion des personnes éloignées de l’emploi ».

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