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Migrations : la crise bouleverse la donne en Europe

publié le 2013-02-18

Historique, la crise pourrait aussi le devenir au niveau des bouleversements qu’elle occasionne dans les flux migratoires européens. Si le vieux continent demeure une terre d’immigration privilégiée, les candidats au départ se font en effet de plus en plus nombreux. De quoi modifier les équilibres démographiques aussi bien au sein de l’Europe, qu’avec le reste du monde.

 

émigration

L’émigration est probablement la plus universelle et la plus ancienne des stratégies d’adaptation aux crises en tous genres. L’histoire regorge de ces exodes massifs causés par les famines, les guerres ou les catastrophes climatiques. Il n’est donc pas surprenant de voir qu’une crise aussi grave que celle que traverse l’Europe actuellement se traduise par une résurgence marquée du phénomène migratoire.

 

Ironie de l’histoire, les pays les plus concernés (Grèce, Irlande, Italie, Portugal, Espagne) ont déjà presque tous connu des émigrations de masse dans leur histoire récente. Si l’on est loin d’atteindre la même ampleur cette fois (ce sont surtout les travailleurs qualifiés qui se déplacent), la simultanéité du phénomène dans ces différents pays est toutefois un élément marquant de la situation actuelle.

 

Qui se déplace ?
À l’image de l’Irlande ou de l’Espagne, les États qui avaient connu une croissance soutenue ces dernières années, attirant de nombreux migrants, voient tout d’abord ceux-ci rentrer chez eux. En 2011, en Irlande, les candidats au départ étaient aussi nombreux chez les Irlandais que chez les étrangers.

 

Irlande émigration

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les suivants sont généralement les jeunes et/ou travailleurs qualifiés qui fuient le chômage ou les diminutions de salaires. On estime ainsi qu’entre 50 000 et 100 000 Portugais quittent désormais leur pays chaque année. En 2010, le nombre d’Espagnols inscrits dans un consulat étranger a augmenté d’environ 100 000 personnes. Les Irlandais connaissent quant à eux une chute continue de leur population âgée de 20 à 29 ans depuis 2009. Sans parler des Grecs, dont le nombre de migrants à destination de la seule Allemagne a triplé entre 2012 et 2011 (de 10 000 à 30 000).

 

L’Allemagne et les anciennes colonies privilégiées
Une Allemagne qui, sans surprise, est devenue l’un des principaux pays d’accueil pour les migrants économiques venus du monde entier. Selon l’Institut de recherche allemand Kiel Economic, le pays devrait d’ailleurs accueillir 2.2 millions de personnes en plus d’ici 2017. Une tendance qui ne peut lui être que bénéfique, puisque la chute de sa natalité lui rend actuellement nécessaire l’arrivée de 200 000 immigrés de plus par an. Néanmoins, selon un expert de l’OCDE, la situation est moins avantageuse du côté des immigrés fraîchement débarqués, qui subissent généralement une forme plus ou moins marquée de déclassement professionnel.

 

Immigration Allemagne

 

C’est pourquoi les ressortissants des anciennes puissances coloniales que sont le Portugal et l’Espagne peuvent être tentés de profiter de leur atout linguistique pour tenter leur chance dans des régions émergentes aux économies plus dynamiques. Angola et Brésil pour les Portugais, Argentine, Venezuela ou Uruguay pour les Espagnols, le rattrapage économique du « Sud » se traduit ainsi sur le plan migratoire avec des conséquences géopolitiques inévitables.

 

 

Mais les bouleversements peuvent également être internes aux États. L’Italie a ainsi connu ces dernières années un véritable « tsunami démographique » interne, à en croire Svimez, l’observatoire de l’économie du Meezogiorno. Rien qu’en 2010, 134 000 Italiens du Sud ont migré au Nord, contre 13 000 ayant choisi de partir à l’étranger. Un mouvement massif donc, mais que le caractère infra-national a tendance à occulter.

 

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