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Peut être, mais ça ne suffit pas pour relever l’enjeu. Globalement la situation des femmes s’améliore, mais trop lentement. Mouvement irréversible ? Pas sûr et pas partout. L’égalité hommes femmes reste d’actualité, ce n’est pas un marronnier de journalistes ou une obsession féministe. C’est une vraie solution économique, politique, sociale.

Les études et rapports internationaux sur le sujet ne manquent pas, Metis ne s’en lasse pas et y trouve toujours de nouvelles matières à réflexion. Quelques zooms sur l’Europe et le reste du monde.

Les femmes européennes travaillent 59 jours gratuitement
Un récent communiqué de presse de la Commission affirme qu’en Europe, les femmes travaillent encore 59 jours gratuitement. Cela correspond à l’écart de rémunération entre hommes et femmes qui s’élève en moyenne à 16,2% au sein de l’Union européenne. Cet écart ne s’est réduit que de 1,1% entre 2008 et 2011. La crise, bon dos la crise !
La palme de l’égalité salariale revient à la Slovénie avec un écart de 2,3%, l’Estonie est en queue de peloton avec un écart de 27,3%.

Décidément certaines directives européennes semblent mal appliquées, en l’occurrence la directive Egalité de 2006. La Commission a dû engager des procédures d’infraction contre 23 pays qui l’avaient mal transposée ! C’est beaucoup, volonté politique défaillante ? Seuls la France et les Pays Bas avaient correctement fait le travail. Pourtant, l’écart de rémunération est encore en 2011 de 14,8% en France (16,9% en 2008) et de 17,9% aux Pays Bas (18,9% en 2008). Amélioration certes, mais lente.

Le classement mondial de l’égalité
Le Forum économique mondial vient d’éditer un volumineux rapport sur l’égalité homme femme The globalgender gap report 2013. Quatre critères d’analyse sont retenus : participation et perspectives économiques, niveau d’éducation, accès à la santé, participation à la sphère politique. Chacun de ces critères est subdivisé en différents sous critères. Ce sont les écarts entre hommes et femmes qui sont analysés, indépendamment des niveaux absolus atteints dans chacun des pays.

 

136 nations ont fait l’objet d’analyses approfondies, le schéma suivant indique la moyenne globale mondiale obtenue sur les 4 critères. On constate qu’en matière de santé et d’éducation l’écart homme femme est peu important. Par contre, l’écart se creuse sur le critère économie et surtout sur le critère politique.

gender gap

Les disparités entre pays sont bien sûr très importantes, mais un haut niveau de développement économique n’est pas une garantie d’égalité, même si, dans l’absolu, la situation des femmes est infiniment plus enviable en Suisse qu’au Lesotho.

Sur l’ensemble des quatre critères, c’est l’Europe du nord qui est la plus égalitaire. En première place on trouve l’Islande, suivie de la Finlande, de la Norvège et de la Suède. Les Philippines occupent la 5ème place, le Nicaragua la 10ème, précédant la Belgique 11ème, l’Allemagne 14ème, Cuba 15ème, le Lesotho 16ème, puis les Etats Unis 23ème, la France 45ème, la Pologne 54ème.
Le classement des pays diffère selon les critères observés et là encore, ce n’est pas le degré de développement du pays qui constitue un facteur discriminant.
Sur participation et perspectives économiques, les quatre premiers pays sont la Norvège, la Mongolie, le Burundi puis le Malawi. La France, surprise, n’est que 67ème.
Sur l’accès à l’éducation, 25 pays se partagent la 1ère place, dont la France, les pays scandinaves, mais aussi le Botswana ou les Emirats Arabes Unis.
Sur le critère santé, 32 pays figurent en 1ère place, Europe, Afrique, Amérique du Sud, Asie y sont représentées, Amérique du Nord et Océanie détiennent des scores moins élevés.
Enfin sur la participation à la sphère politique, l’Islande est la plus égalitaire, suivie de la Finlande, de la Norvège et de la Suède. La France est sur ce critère loin derrière, 45ème.

Incidence de l’égalité sur l’économie des pays
Le Forum économique mondial examine la corrélation entre compétitivité globale du pays et égalité homme femme. Le résultat semble sans appel, plus le pays est égalitaire, meilleure est sa compétitivité. A moins que ce ne soit le contraire pourraient penser certains, plus la compétitivité est élevée, meilleur est le score d’égalité. Ce n’est pas le point de vue du Forum qui souligne qu’une population féminine éduquée et qui participe à la vie économique contribue à l’amélioration du développement et de la compétitivité et non l’inverse.

 

egalite competitivite

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le résultat est du même ordre lorsque l’on compare PIB par tête et taux d’égalité ou encore développement humain (combinaison de facteurs sociaux et économiques) et taux d’égalité. Bref, tout le monde aurait intérêt à favoriser l’égalité hommes femmes puisque, entre autres, le niveau de vie du pays s’améliore. Une raison importante mais sans doute pas toujours suffisante pour accélérer les actes.

Les tendances
Le Forum économique mondial a établi son premier rapport en 2006. Sur 110 pays observés pendant cette période, 86% ont amélioré leur performance, 14 % l’ont détériorée. Certains pays ont comblé les écarts très rapidement quelle que soit leur situation économique : Nicaragua, Bolivie, Equateur, Arabie Saoudite, Suisse. D’autres, déjà très bien classés ou au contraire très inégalitaires ont enregistré un recul de l’égalité : la Suède, la Croatie, le Sri Lanka dans le groupe des « bien classés », le Mali, la Jordanie, le Koweit dans le groupe des moins bien classés.
« La route est droite mais la pente est forte » comme dirait l’autre. Encore un effort…

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