« Dans certains secteurs (électricité, santé) les partenaires sociaux préfèrent en rester aux formes traditionnelles de formation. Dans les petites et moyennes entreprises les développements de la RPL sont négligeables, malgré l’usage d’ « ambassadeurs de formation » ». Danielle Kaisergruber livre pour Metis son analyse de ce qui se passe au Danemark en la matière.
Ce pays donne l’exemple de l’intégration de mesures fortes consacrées à la reconnaissance et la validation des acquis non formels et informels (recognition of prior learning, RPL) dans un système où les dépenses d’éducation et de formation en rapport au PIB atteignent le niveau le plus élevé des pays européens* et où la politique de l’emploi est basée sur la « flexisécurité » depuis le milieu des années 90. En 2007, une loi promulguée donne à chaque citoyen le droit de demander à une institution de formation du système de la formation professionnelle et de l’éducation des adultes d’évaluer ses acquis en vue d’une reconnaissance de ses compétences*.
Dans la foulée, un accord tripartite Ministère de l’éducation, confédérations syndicales et organisations patronales était signé qui entérinait la décision et visait à en promouvoir la mise en œuvre, en même temps qu’était créé un Centre national dédié à la validation des acquis de l’expérience* et que des actions d’information étaient lancées en direction des syndicats et des employeurs. La démarche était soutenue par des campagnes d’information auprès du grand public. L’accent était mis sur la motivation des travailleurs pour reprendre des études et développer leur formation professionnelle et sur l’intérêt des employeurs à recruter des employés motivés et plus compétents.
Les partenaires sociaux ont pris une part active à la mise en œuvre de la RPL. A titre d’exemple, le National Transport Training Board (mis en œuvre en vue de la promotion de la formation professionnelle dans le secteur et cogéré par les partenaires sociaux) est actif depuis 2002 dans la validation de l’expérience en vue d’obtenir la qualification et le statut de conducteur. Le processus commence avec une évaluation de 2 à 3 jours suivie d’une formation de 4 à 12 semaines financée par l’Etat, répartie sur un an et prenant fin avec un examen final donnant lieu à la validation. Plus de 1000 conducteurs ont été ainsi formés depuis le lancement de l’opération.
Malheureusement, le rapport ne donne pas de statistiques sur la participation aux actions de RPL. Peut être est il trop tôt pour en tirer un bilan précis. Pour autant, le rapport fait état de résultats limités. Dans certains secteurs (électricité, santé) les partenaires sociaux préfèrent en rester aux formes traditionnelles de formation. Dans les petites et moyennes entreprises les développements de la RPL sont négligeables, malgré l’usage d’ « ambassadeurs de formation ». L’information sur les processus de validation n’est pas disponible dans toutes les institutions de formation (moins de 50% dans le sous système de la formation professionnelle pour adultes AMU*) Plus généralement, les développements de la RPL ont été entravés par la crise économique et financière et les développements du chômage. Le gouvernement et les employeurs ont marqué leur souci d’accroître la flexibilité au détriment de la sécurité.
Dans ce contexte, le Ministre de l’éducation a lancé en 2012 une série d’initiatives destinées à relancer la RPL. Il s’agit d’abord de lancer des campagnes d’information mieux ciblées, notamment auprès des femmes, des plus âgés et des moins qualifiés. Des liens plus clairs seront établis avec le système de crédits. Des actions seront entreprises auprès des écoles, des universités et des centres de formation. Les développements de la RPL vont devenir partie des critères d’attribution des crédits dans le cadre des contrats de performance signés par les centres de formation… Poursuivant la réflexion, des experts danois évoquent le besoin d’un rôle plus effectif de la RPL dans les politiques de flexisécurité dans ce qu’ils se proposent d’appeler « mobication » (mobility and education).
Notes :
* Environ 8% contre 5,4% pour la moyenne européenne
* Il peut même faire appel auprès de l’organisme national des qualifications (Qualifications Board) s’il n’est pas satisfait de la décision prise par l’institution.
* National Knowledge Centre for the Validation of Prior Learning (NVR)
* Le système danois d’éducation et de formation continue des adultes est très riche et se compose de plusieurs sous systèmes, GVU pour l’éducation de base, AMU pour la formation professionnelle, AVU pour l’éducation générale, FVU pour la préparation à l’éducation, sans oublier les dispositifs de l’enseignement supérieur.
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