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Jean-Louis Dayan analyse pour Metis la place des seniors dans le marché du travail en France. Grace à eux, les taux d’activité remontent. Mais à quel prix ? La transition emploi-retraite reste pour beaucoup peu sécurisée.

 

mains ordinateur vieux

 

Ce n’est un pas un scoop : la population vieillit en France, même si c’est plus lentement que dans beaucoup d’autres pays de la vieille Europe. C’est vrai de la population totale, où la part des 65 ans et plus devrait selon l’INSEE passer de 18 % à 26 % entre 2013 et 2040. Ça l’est aussi de la population active, qui tout en augmentant peu (de 29,5 millions aujourd’hui à 31,1 millions en 2040) verrait la part des seniors (55 ans et plus) passer de 17,5 à 21 %. C’est là un véritable renversement : longtemps la France a fait figure en Europe de championne de la gestion défensive des âges. En temps de pénurie d’emploi, « une seule génération travaillait à la fois », et jeunes et seniors restaient sur la touche, les uns en étudiant plus longtemps, les autres en partant en préretraite. Un portrait schématique, mais ressemblant, qui n’est cependant plus vrai : depuis le tournant du siècle, c’est presque exclusivement aux seniors que l’on doit la (timide) remontée du taux global d’activité en France. Une sorte de révolution silencieuse, largement orchestrée par les politiques publiques et plutôt réussie, du moins sous l’angle quantitatif.

Seniors et marché du travail : le retour

Il y a 20 ans, les projections de l’INSEE voyaient la population active décroître en France après 2015 ; si elles se sont trompées (elle a encore augmenté de 100 000 personnes par an après 2010), c’est faute d’avoir anticipé la remontée spectaculaire de l’activité des seniors après le tournant du siècle. Tombée à 32 % en 2000, la proportion d’actifs est aujourd’hui de 55 % (dix points de plus qu’en 1975) parmi les 55-64 ans ; elle est passée de 52 à 77 % entre 55 et 59 ans, de 11 à 31 % entre 60 et 64 ans.

Taux d’activité selon l’âge 1980-2017

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Source : Insee, enquête emploi

 

Le retournement a été particulièrement marqué chez les femmes, pour qui les réformes des retraites se sont superposées à la montée de long terme de l’activité professionnelle à l’âge adulte. Au total, la prolongation de l’activité après 60 ans a été la conséquence directe du report de l’âge d’ouverture des droits à retraite (de 60 à 62 ans en 2010), du jeu de la décote-surcote (amélioré en 2010 puis 2014) et de l’augmentation de la durée d’assurance requise pour le taux plein (2003 puis 2012). Mais l’impact des réformes s’est fait aussi sentir dès 55 ans sous la forme d’un « effet horizon » : sachant que l’âge de la retraite à taux plein recule, employeurs, salariés ou indépendants ajustent en conséquence leurs choix de départ ou de séparation. S’y est ajoutée entre 55 et 60 ans l’extinction concomitante des multiples dispositifs de préretraite (y compris la dispense de recherche d’emploi pour les seniors au chômage) qui ont massivement contribué aux retraits anticipés du marché du travail durant les décennies 70 à 90, accueillant jusqu’à 12 % des 55-64 ans au milieu des années 1980. Aujourd’hui seuls subsistent les dispositifs de retraite anticipée, principalement celui ouvert au titre des carrières longues en 2003 puis élargi en 2012.

Personnes en cessation anticipée d’activité – 1968-2017

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Source DARES

 

Le changement des comportements d’activité et d’emploi n’explique cependant pas tout : la démographie a aussi joué dans les années 2000 avec l’entrée dans l’âge senior (ici 55 ans) des baby-boomers plus souvent actifs que leurs aînés ; corrigé de cet effet, l’impact de l’allongement de la vie active n’en est que plus net.

Taux d’activité apparent des seniors et taux corrigé de l’effet démographique (%)

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Source Insee, enquêtes Emploi 2003-2016 ; calculs Dares.

 

Au total, la remontée de l’activité professionnelle des seniors (50-64 ans) a contribué à la croissance de la population active à raison de + 216 000 personnes par an entre 2007 et 2012, puis de +  115 000 les cinq années suivantes, tandis que la contribution des plus jeunes était franchement négative (- 54 000 puis – 92 000).

Mais une chose est de rester sur le marché du travail, une autre d’occuper ou de retrouver un emploi. Les données apportent à ce sujet une autre bonne nouvelle : à la reprise de l’activité professionnelle a répondu chez les seniors la remontée des situations d’emploi. Entre 2000 et 2017, la proportion de personnes en emploi (le taux d’emploi) a gagné plus de 20 points (de 30 à 51 %) entre 55 et 64 ans, et triplé entre 60 et 64 ans (de 10 à 29 %), avec là encore une progression particulièrement marquée chez les femmes, dont les taux se sont beaucoup rapprochés de ceux des hommes, et les ont même dépassés après 60 ans. Même s’ils partaient de plus bas, la progression est également forte pour les 65-69 ans, dont le taux fait plus que doubler (de 3 à 6,6 %) sur la période. En conséquence, comme la population active, l’emploi a vieilli : depuis 2000, la part des 50 ans et plus y est passée de 20 à 30,5 % du total ; dit autrement, le nombre d’emplois occupés par des seniors s’est accru de 3,3 millions quand celui des plus jeunes reculait de près d’un million.

Encore une bonne nouvelle, qui découle de la précédente : le report des âges de fin de vie active ne s’est pas traduit par une explosion du chômage des seniors. L’écart avec le taux de chômage des 25-49 ans s’est quelque peu réduit au cours des années 2000 – principalement après 60 ans avec la réforme des retraites de 2003 -, mais il a suivi sensiblement les mêmes inflexions tout en lui restant continûment inférieur. Ce n’est pas nouveau : les seniors qui se maintiennent dans l’emploi y occupent généralement des postes plus stables, et pour ceux qui perdent le leur, l’inactivité (hors retraite) joue plus souvent comme un substitut au chômage. Pour autant ces derniers ne sont pas mieux protégés que les autres des dommages d’une perte d’emploi.

Taux de chômage (BIT) selon l’âge (%)

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Source : Insee, enquête Emploi

 

Autre bémol : si la France ne fait plus tout à fait figure de lanterne rouge en Europe, le taux d’emploi des seniors y demeure nettement inférieur à la moyenne en dépit de sa remontée récente. Avec un taux de 51,3 % entre 55 et 64 ans elle arrive en 18e position dans l’UE28 (57,1 %), loin derrière l’UE 15 (58,8 %). À y regarder de plus près, il existe en outre un contraste frappant entre les 55-59 ans, dont le taux est désormais dans la moyenne de l’UE15 (71,9 % contre 71,2 en 2017) et les 60-64 ans, chez lesquels il reste très en deçà (29,4 % contre 44,7). La France continue de se singulariser par le décrochage brutal du taux d’activité après 55 ans, du fait d’une proportion de retraités particulièrement élevée dès 60 ans.

 

Entre emploi et retraite, une transition à risques

 

Une enquête menée en 2013 sur le passage de l’emploi à la retraite montre que sur 100 personnes âgées de 50 à 69 ans ayant continué à travailler après 50 ans, la moitié étaient encore en emploi en 2012, 41 à la retraite et 9 se situaient dans l’entre-deux, dont 3 au chômage. Comparée à 2006, à 60 ans la part des retraités avait diminué de 27 points, celle des préretraités de 6 points tandis que l’emploi en avait gagné 22 et le chômage 4. L’impact du report de l’âge de la retraite opéré en 2010 était donc déjà patent, comme celui de l’extinction programmée des préretraites et (pour la période considérée) du resserrement la même année de l’accès à la retraite anticipée pour carrière longue, ouvert en 2003.

 

Parmi les retraités de 2012 (60-69 ans), deux tiers étaient directement passés de l’emploi à la retraite – avec de nets écarts selon qu’ils travaillaient dans le public (80 %), le privé (60 %) ou comme indépendants (69 %). Les autres ont connu une transition indirecte, avec quatre types de parcours. La moitié (surtout composée d’hommes, de diplômés et de personnes en bonne santé) avait choisi d’arrêter de travailler avant la date de la retraite. Un tiers (majoritairement des femmes ou des actifs peu qualifiés) étaient passés par le chômage après avoir perdu leur emploi, souvent avant 55 ans ; un sur six l’avait quitté pour cause de maladie ou d’invalidité, et 7 % pour raisons familiales. Pour un retraité sur six, passer de l’emploi à la retraite a donc constitué une transition subie, et souvent semée d’embûches.

 

Une proportion importante des seniors, dont une majorité de femme, 1,4 million de personnes, soit 10 % du total, mais jusqu’à 30 % à l’approche de la soixantaine n’est ainsi ni en emploi ni en retraite. Sans revenu d’activité ni pension, ils sont en moins bonne santé et moins diplômés que les autres seniors et sont beaucoup plus souvent en situation de pauvreté (32 % contre 7), particulièrement lorsqu’ils vivent seuls. Parmi eux, la part du chômage et de son « halo » (ceux qui souhaitent travailler, mais ne recherchent pas d’emploi ou ne sont pas disponibles) reste relativement stable jusqu’à 60 ans, aux alentours de 8 %. C’est surtout celle des inactifs hors retraite qui augmente avec l’âge, au fur et à mesure que celle de l’emploi diminue, jusqu’à regrouper un senior sur cinq à 60 ans. L’enquête de 2013 montrait qu’à l’époque beaucoup étaient des chômeurs « découragés », c’est-à-dire sans illusion sur leurs chances de retrouver un emploi, ou indisponibles pour raison familiale ou de santé ; ouvriers, employés et salariés licenciés y étaient surreprésentés.

Situation des seniors (50-69 ans) selon l’âge en 2016

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Source : rapport annuel du COR 2016, enquête emploi INSEE

 

De fait, les chances pour un chômeur de retrouver un emploi d’un trimestre à l’autre s’amenuisent fortement avec l’âge, tandis que le risque de rester au chômage ou de se retrouver dans son « halo » faute de recherche active ou de disponibilité est au plus haut chez les seniors.

 

Transition trimestrielle des personnes au chômage vers… (%)

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Source Insee, Enquête emploi 2016

 

D’où la prégnance du chômage de longue durée, qui touchait en 2015 près de deux chômeurs sur trois après 55 ans, contre moins de la moitié tous âges confondus. Un signe distinctif des seniors pris de longue date en compte par le régime d’assurance chômage, qui leur accorde une durée d’indemnisation plus longue (36 mois au lieu de 24 à partir de 53 ans) comme par le régime de solidarité dont l’allocation spécifique leur est dédiée. En revanche la proportion des 55-64 ans inclus dans le halo du chômage (2,5 %) est inférieure à la moyenne tous âges confondus (3,7 %), sans doute parce qu’ils en sortent aussi plus souvent en cessant de vouloir travailler, même si c’est avant de pouvoir prendre leur retraite. Lorsqu’il a lieu, le retour à l’emploi s’accompagne d’une forte dégradation de sa qualité ; c’est vrai à tout âge, mais le décrochage est particulièrement fort après 50 ans.

Situation comparée des seniors (50-64 ans) en emploi et revenus à l’emploi (%)

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Source Insee, Enquête emploi 2016

 

Des conditions d’emploi et de travail spécifiques après 50 ans

 

Qu’ils s’y soient maintenus ou qu’ils y soient revenus, les emplois occupés par les seniors (55-64 ans ici) présentent certains traits particuliers. Les contrats temporaires sont nettement plus rares (7 % en 2015, contre 15 % pour l’ensemble des actifs occupés), et le temps partiel à l’inverse plus fréquent (25 % contre 19), particulièrement chez les hommes. Ils sont pourtant un peu moins nombreux (5 % contre 7) à se déclarer en sous-emploi (c’est-à-dire à souhaiter travailler plus s’ils le pouvaient). Moins souvent contraint, le temps partiel répond chez eux pour une part à des aménagements de fin de carrière ou à des motifs personnels (raisons familiales, santé) ; avec 22 heures par semaine, il est en moyenne un peu plus court qu’aux âges médians (24 heures entre 30 et 54 ans). Les seniors sont aussi proportionnellement plus nombreux à travailler à leur compte (19 % contre 12), et cela d’autant plus qu’ils sont plus âgés. Plus qu’un regain des créations d’entreprise en fin de vie active, ce sont ici les professions libérales et les artisans qui tirent la moyenne en prenant leur retraite plus tard que les autres.

 

Quant aux salaires, ils suivent comme ailleurs une courbe légèrement descendante après le milieu de carrière, tout en restant supérieurs à ceux des débutants ; mais le différentiel en faveur des seniors (55-64 ans) est un peu plus marqué en France : en 2014 ils gagnaient en moyenne 20 % de plus que les 24-54 ans, contre 10 % dans l’ensemble de l’OCDE et 8 % en Suède. Même si cet écart s’amenuise (il était de 34 % en 2006), il ne manque pas d’entretenir chez les économistes orthodoxes l’idée que les difficultés particulières que rencontrent les plus âgés pour se maintenir dans l’emploi tiendraient à des exigences salariales excessives. Pourtant le retour à l’emploi des chômeurs seniors s’accompagne plus souvent (30 % des cas) d’un déclassement salarial que d’une progression (18 %), signe que ces exigences sont flexibles, au moins après la perte d’un emploi.

 

Hors temps partiel, la durée effective du travail des seniors (55-64 ans) est un peu inférieure à celle des 30-54 ans (1 654 heures par an contre 1698 en 2016), l’écart venant pour l’essentiel des non-cadres. Les congés ordinaires sont plus longs en fin de carrière, mais ce sont surtout les arrêts pour maladie ou accident du travail sont plus fréquents. En revanche les seniors sont un peu moins exposés que les autres aux horaires atypiques : ils travaillent moins souvent le soir, la nuit ou le week-end que les autres, et sont un peu moins soumis aux horaires variables ou alternés. De même, ils sont en moyenne un peu moins exposés que les autres aux contraintes et pénibilités physiques du travail. Mais ce résultat doit être pris avec prudence car il masque selon toute probabilité des effets de sélection, les travailleurs les plus soumis à ces contraintes en cours de carrière encourant un plus grand risque de devoir cesser précocement le travail. De fait, l’enquête longitudinale « Santé et itinéraires professionnels » montre que la probabilité de rester en emploi après 50 ans est plus faible chez les personnes ayant subi de longues expositions aux contraintes physiques en cours de carrière ; et qu’à l’inverse, elle est plus élevée pour celles qui ont bénéficié d’aménagements ou de changements de poste qui les en ont protégées.

 

L’écart entre les seniors et les autres est net aussi en matière d’accès à la formation continue, même s’il s’est un peu réduit depuis 2000, particulièrement pour les plus âgés d’entre eux. Moins fréquentes, les formations suivies en fin de carrière diffèrent aussi quelque peu dans leurs modalités : moins de formations certifiantes ou en situation de travail, plus de séminaires d’ateliers ou de conférences. Difficile de dire si ce sont les employeurs qui investissent moins dans la formation de leurs salariés âgés faute d’horizon suffisant, ou si ces derniers manifestent moins d’appétence pour la formation.

 

Evolution du taux trimestriel d’accès à la formation selon l’âge

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Source : INSEE, enquête sur l’emploi

 

De fait, les enquêtes montrent à la fois que les politiques de formation à l’œuvre dans les entreprises ciblent moins souvent les seniors (avec par exemple 40 % d’entretiens professionnels après 50 ans contre 46 % avant 30 ans) et que ces derniers sont moins demandeurs : moins d’un quart disent avoir besoin de se former après 55 ans, contre une bonne moitié tous âges confondus, et près des trois quarts ne souhaitent pas le faire. Parmi les raisons invoquées, le refus ou la réticence de l’employeur, ou encore l’absence d’une offre de formation adéquate sont un peu plus fréquents chez eux.

 

À cheval entre la retraite et l’emploi, le cumul emploi-retraite mérite, pour finir, attention. Près de 480 000 personnes étaient dans cette situation en 2016, ce qui représente 3,4 % des retraités et 8,2 % des seniors en emploi. Âgés pour les deux tiers de 60 à 69 ans, plus diplômés (un sur deux a au moins le bac) et en meilleure santé que la moyenne des retraités, ils se distinguent des autres seniors en emploi par la prévalence particulière des emplois temporaires (la moitié seulement est en CDI) et des statuts d’indépendant (un sur trois). Loin d’être homogène, la population des cumulants réunit plusieurs groupes au profils contrastés, qui vont des cadres très diplômés exerçant une activité régulière aux femmes peu qualifiées travaillant à temps partiel court, en passant par la succession d’activités occasionnelles en contrats temporaires.

À l’issue de ce tour d’horizon, on serait tenté de conclure que le mouvement de réintégration des seniors dans l’emploi, amorcé dans les années 1990 après trois décennies de mise à l’écart, s’est produit sans heurt ni difficulté majeures. Il s’agissait – c’est l’un des objectifs posés avec force par la Stratégie Européenne pour l’Emploi qui prend forme à l’époque – de répondre au vieillissement annoncé de la main d’œuvre en Europe par l’allongement de la vie professionnelle. Pas seulement pour assurer l’équilibre financier des régimes de retraite – même si l’enjeu a pesé lourd dans les décisions -, mais aussi pour sauvegarder le potentiel de croissance des économies en mobilisant plus longtemps la main d’œuvre disponible. Objectif assez largement atteint vingt ans après, si du moins l’on s’en tient aux agrégats statistiques.

 

Mais à nouvelle configuration du marché du travail, nouvelles questions et nouveaux risques. Il y a d’abord la grande vulnérabilité de cette partie des seniors, minoritaire certes, mais statistiquement et socialement significative, pour qui le passage de l’emploi à la retraite passe par le chômage de longue durée, la précarité ou la pauvreté, sans le filet de sécurité qu’offraient les préretraites. Il y a aussi, et la population concernée est beaucoup plus nombreuse, la nécessité d’organiser collectivement le maintien dans l’emploi et le vieillissement au travail de telle sorte que la prolongation de la vie active ne rime pas avec repli, rétrogradation ou souffrance au travail. Force est de constater que la partie n’est pas gagnée, en dépit d’indicateurs plutôt rassurants, mais à coup sûr biaisés par les mécanismes silencieux d’éviction qui mettent sur la touche les seniors les plus exposés. Avec les préretraites a disparu un levier de gestion des restructurations certes défensif et plein d’effets pervers, mais qui avait l’avantage d’assurer un retrait digne. Aujourd’hui, ce sont la gestion prévisionnelle des compétences, l’amélioration de la qualité de vie au travail et le dialogue social, formel ou informel, qui sont les clés d’un maintien dans l’emploi réussi. C’est sans doute moins coûteux, mais beaucoup plus compliqué à organiser que des départs anticipés, à s’en tenir aux résultats de tentatives récentes comme les contrats de génération ou la négociation obligatoire sur les seniors (obligation d’ailleurs levée par les ordonnances travail de 2017). Ce n’est pas tant les idées, les expériences et les méthodes – largement développés ces dernières décennies par les experts du travail – que les moyens qui manquent pour en banaliser l’usage dans les entreprises et les organisations.

 

Reste la réforme des retraites : elle a déjà produit des effets substantiels sur les comportements d’emploi et d’activité ; mais comme on le sait, elle n’est pas terminée. Un nouvel épisode s’annonce avec l’actuel projet d’un régime universel de retraite par points, qui pourrait bien avoir, lui aussi, quelque effet sur l’âge effectif de départ. Ce serait une erreur de croire que nous en avons fini avec l’allongement de la vie au travail.

 

Pour en savoir plus :

– « Les seniors, l’emploi et la retraite », rapport, France Stratégie, octobre 2018

– « Emploi, chômage et population active en 2017 », DARES Analyses n ° 031, juillet 2018

– « Les seniors au travail », DARES Analyses n° 050, août 2017

– « Emploi et chômage des seniors en 2015 », DARES Résultats 2016-073

– « Cumul emploi-retraite : deux personnes sur trois travaillent à temps partiel », DREES, Etudes et Résultats n° 1021, septembre 2017

– « Un tiers des seniors sans emploi ni retraite vivent en dessous du seuil de pauvreté », DREES, Etudes et Résultats n° 1079, septembre 2018

– Rapports annuels du Conseil d’Orientation des Retraites (COR)

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Socio-économiste, Jean-Louis Dayan a mené continûment de front durant sa vie professionnelle enseignement, étude, recherche et expertise dans le champ des politiques du travail, de l’emploi et de la formation. Participant à des cabinets du ministre du travail, en charge des questions d’emploi au Conseil d’analyse Stratégique, directeur du Centre d’Etudes de l’Emploi… Je poursuis mes activités de réflexion, de lectures et de rédaction dans le même champ comme responsable de Metis.