On gagne toujours à fréquenter les écrits de Richard Sennett. Ils nous donnent une longueur d'avance sur ce qui nous attend. Son dernier livre ne fait pas exception. Dans son ouvrage sans doute le plus célèbre en France, « Le travail sans qualités », il pointait les effets délétères du « travail jetable » et de ce qui allait devenir la décennie de la précarisation du travail. Dans « La culture du nouveau capitalisme » paru en 2006 aux Etats-Unis, deux ans avant la chute de Lehman Brothers et ce qui allait s'en suivre, il nous alertait sur les conséquences de l'envahissement de la sphère sociale par les normes de la finance. Enfin, dans « Ce que sait la main - La culture de l'artisanat » il se livrait à une critique acérée du taylorisme et des effets néfastes engendrés par la séparation de la tête et de la main, des tâches de conception et d'exécution. « Ensemble - Pour une éthique de la coopération », paru cette année chez Albin Michel, est la poursuite de ce fil qui ne lâche jamais la thématique du travail mais s'autorise de multiples incursions.