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La syndicalisation s’adapte aux migrations

publié le 2006-11-01

Le plombier polonais ? Les syndicats britanniques l’accueillent à bras ouverts ! La troisième grande organisation de Grande Bretagne, le GMB (600 000 membres), vient de créer, en partenariat avec Solidarnosc, un syndicat entièrement dédié aux travailleurs polonais très nombreux à aller tenter leur chance de ce côté de la Manche. Ainsi, entre mai 2004 et mars 2006, les autorités précisent que 392 000 Européens de l’Est se sont officiellement installés en Grande-Bretagne. Plus de la moitié d’entre eux (58%) venaient de Pologne. Un chiffre qui ne prend pas en compte tous ceux qui ne sont pas déclarés. Certains observateurs estiment qu’il faudrait le multiplier par deux pour se faire une idée exacte de la présence polonaise au Royaume-Uni. Faut-il considérer les travailleurs immigrés comme un groupe à part ? Une telle initiative serait certainement perçue en France comme une nouvelle manifestation d’une dérive communautaire, même si l’on sait qu’il existe dans certains secteurs des filières « nationales » de recrutement. Pour les Britanniques, il s’agit de lutter le plus efficacement contre les abus dont cette main d’oeuvre est victime. Parmi les premiers projets figure d’ailleurs la préparation d’un guide en polonais décrivant les droits des salariés.

Comment défendre des personnes qui n’ont aucune existence légale ?

Ce n’est pas la première fois que des travailleurs étrangers s’organisent. A la fin des années 1990, des employés de maison philippins se sont regroupés au sein de l’association « Waling Waling » qui encourageait ses membres à adhérer au Syndicat des transports et industries diverses (TGWU), lequel incitait également les employés philippins à les rejoindre. Cette migration de travailleurs est une des facettes de la mondialisation, moins médiatisée, qui impacte les organisations syndicales. Aux Pays-Bas, comme dans le cas anglais, c’est encore une association d’immigrés philippins qui a innové en créant très récemment au sein de la FNV, la grande centrale syndicale néerlandaise, un syndicat pour les employés de maison. Mais il y a un hic. Les deux tiers de ces travailleuses sont clandestines. Comment défendre des personnes qui n’ont aucune existence légale ? Même si une cinquantaine de personnes étaient prêtes à adhérer, la FNV a stoppé cette initiative. Avant de pouvoir se défendre en tant que salariées, ces employées de maison devront d’abord se battre pour obtenir des papiers. Un combat, dans l’Europe d’aujourd’hui, des plus rudes…

Frédéric Rey

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