La vie des entreprises est souvent traversée par les oppositions entre le capital et le travail, l'actionnaire et le salarié. Tout serait-il plus simple si les salariés étaient actionnaires. La question ne date pas d'aujourd'hui...Au 19e siècle, l'actionnariat salarié a été vu comme une solution pour répondre au rejet du capitalisme par les ouvriers. Au tournant du 20e siècle et jusqu'à la Première Guerre mondiale, cette question, loin d'être anecdotique, a fait l'objet de débats, de tentatives multiples en France, en Angleterre et aux États-Unis notamment.Deux grands courants, l'un issu d'une frange marginale du patronat, l'autre porté par des ouvriers de métier ont développé cette thématique. Le premier vise à transformer les salariés en actionnaires, le second à remplacer la notion d'action par celle de coopération. Nous en avons un aperçu détaillé dans une thèse de Jean Granier parue en 1910 chez Sirey, « Les actions de travail ». Dans ce premier article, Pierre Maréchal présente deux exemples d'actionnariat salarié et en tire des leçons.