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par Pierre Tartakowsky

« Lors des négociations sur l’intéressement, la direction nous a proposé de prélever 1% pour un fonds humanitaire et social », explique Denis, élu CGT d’une filiale du groupe Renault gérée par une commission dont la CGT est partie prenante, bien qu’elle n’ait pas signé l’accord sur l’intéressement. « Nous étions partagés : lutter contre la misère, d’accord, bien sûr. Mais comment dépasser le stade de “l’envoi de riz” ? » Denis prend contact avec sa fédération, laquelle lui suggère de prendre langue avec le Crid (Centre de recherche pour l’information et le développement qui fédère une cinquantaine d’associations françaises de solidarité internationale), où on lui indique une association qui possède pratique, expérience, savoir-faire et se montre enthousiaste à l’idée d’un partenariat syndical.

Il en résulte plusieurs projets, axés sur l’insalubrité, le ramassage des ordures, projets pour lesquels le syndicat CGT demande un cofinancement par l’entreprise. L’anecdote, donne la mesure de ce qui est en train de se cristalliser entre organisations syndicales et mouvement associatif. Une évolution largement portée par le processus de rencontres entamé à Seattle, lors du sommet de l’Organisation mondiale du commerce, et poursuivie par la création des forums sociaux mondiaux. Avec, dans ce cas précis, une innovation majeure: la Métallurgie-CGT avait invité le Crid a une rencontre sur son terrain, avec les secrétaires de syndicat. La rencontre a donc permis de revenir sur des expériences concrètes de solidarité et d’explorer la diversité des pistes de coopération possibles : au travers de jumelages de villes, dont les programmes ignorent la plupart du temps la dimension syndicale, de rencontres professionnelles entre organisations d’une même entreprise, à l’image de ce qu’a réalisé la CGT de Turbomeca qui, après des discussions avec les syndicats sud-africains, a saisi la direction pour que l’entreprise prenne en charge la prévention du VIH.

Dans le même ordre d’idée, une rencontre précédente, tenue dans les locaux du CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développement) avait permis de confronter les « modes d’intervention » des organisations syndicales, plutôt marquées par le rapport de forces et des centres d’intérêts multiples et celles des associations de solidarité internationale, dont l’activité se caractérise davantage par le plaidoyer, le lobbying et une polarisation sur des objectifs moins nombreux. La CFDT et la CGT, la FSU et Solidaires, y avaient pris part.

Pierre Tartakowsky

Centre de recherche pour l’information et le développement
www.crid.asso.fr

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