Désillusion européenne des Bulgares
publié le 2007-09-01

Les Bulgares esquissent un bilan, neuf mois après leur adhésion à L’Union européenne : apprentissage douloureux.
C’est au début de l’année 2007 qu’est intervenue l’adhésion si attendue de la Bulgarie à l’Union européenne. Pour bien des Bulgares, c’était la panacée. Dans les faits, que s’est-il passé ?
Nous avons maintenant nos propres députés au parlement européen. Nous voyageons très facilement en Europe sur simple présentation de nos cartes d’identité. Mais chez nous, la vie devient chaque jour plus difficile. Les prix ont commencé à monter, progressivement pour certains produits, brutalement pour d’autres. Depuis le 1er juillet, l’électricité a augmenté de 7,5% pour les particuliers et de 17,3% pour les professionnels, elle était déjà quasi inabordable avant… A la mi juillet, le prix du pain a augmenté de 70 % et d’après le journal Novinar, « les Bulgares devront suivre les recommandations de Marie Antoinette, manger des gâteaux plutôt que du pain ». Dans le même temps, le Bureau National d’Audit annonçait sur son site que l’an dernier, un ministre avait « complété » son salaire de plus de 2 millions d’euros ! Les ministres de l’économie et de l’énergie, les vice ministres de la culture et de la justice ont dû démissionner pour corruption.
Des vagues de grèves et de protestations ont balayé le pays. D’abord les chauffeurs des transports publics de Sofia. Ils ont déclaré qu’ils ne pouvaient plus travailler pour les salaires qu’ils recevaient. Face à la menace, la municipalité de Sofia a convoqué une réunion d’urgence et doublé leurs salaires.
Puis il y eût les enseignants du primaire et du secondaire qui ont exigé un doublement de leurs salaires mensuels de 150 à 160 euros. Ils ont menacé de se mettre en grève le 15 septembre, jour de la rentrée, et de ne pas assurer l’année scolaire si le gouvernement ne satisfaisait pas leur revendication. Avant l’été, les professeurs de français du secondaire ont déclaré qu’ils ne donneraient que des notes excellentes aux élèves de terminale.
Récemment, les médecins et infirmières de l’hôpital Pirogov de Sofia ont engagé une action pour obtenir des salaires plus élevés, des équipements et pour protester contre le management de l’hôpital. Leur grève s’est achevée par une victoire partielle, le remplacement des managers.
Tout récemment, les mineurs de Maritsa Iztok ont bloqué la route Ruse Svilengrad pour protester contre les prélèvements sociaux et exiger des augmentations.
Le gouvernement s’est opposé à toutes les revendications, déclarant que celles-ci s’élèveraient à plus de 1000 millions de levas (500 millions d’euros). « Accorder ces augmentations serait dangereux pour la nation et pour la société, la stabilité financière serait mise à mal, provoquant une inflation qui effacerait les hausses de revenu ».
Le 6 juillet, après trois heures de discussions, syndicats et patronats ont abouti à un accord. Les salaires du privé augmenteront de 12,9%. A l’issue de leur rencontre, les négociateurs ont exprimé leur grande inquiétude face au manque de cadres qualifiés et à la vague d’émigration.
Cependant tout n’est pas négati … En juin dernier, le chômage ne s’élevait qu’à 7,4%, plaçant la Bulgarie à la quinzième place des pays de l’Union européenne. Parmi les nouveaux pays membres de l’Union, la Bulgarie est reconnue comme la destination touristique la plus populaire. Pour la période de juin à septembre 2006, quelques 11,6 millions de nuitées ont rapporté 5,8 millions d’euros soit une amélioration de 3,1% par rapport à l’année précédente. 82% des touristes concernés étaient étrangers.
Irina Terzyiska
Institut européen du travail de Sofia
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