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par Christophe Teissier

Shadow Economies of 145 Countries all over the World: What Do We Really Know?, Friedrich Schneider, Center for Research in Economics, Management and the Arts (CREMA), working paper n° 13, juin 2005.

Rédigé par un économiste spécialiste de ces questions, ce document de travail tente de livrer une estimation de l’ampleur de l’économie de l’ombre dans 145 pays à travers le monde et d’isoler les raisons susceptibles d’expliquer le phénomène. L’objectif est  ambitieux car mesurer statistiquement l’économie souterraine n’est pas chose facile, comme le rappelle l’auteur en préambule : dissimulation volontaire des acteurs de cette économie parallèle, bien entendu, mais également controverses nombreuses quant aux contours de la notion et aux critères à retenir pour son évaluation. Dans une première partie, le document livre des éléments théoriques relatifs à la définition de la notion ainsi qu’aux raisons expliquant son émergence. Du côté des définitions, l’auteur en retient une relativement large : l’économie de l’ombre est définie comme incluant les activités marchandes de production de biens et services délibérément dissimulées aux autorités publiques pour plusieurs séries de raisons (parmi lesquelles : éviter les prélèvements sociaux et fiscaux et échapper à la réglementation du travail). Sont ainsi exclues les activités criminelles (économie souterraine) mais également la production et le travail informel au sein de la famille et l’évasion fiscale. En regard de cette définition, sont présentés ensuite, sur la base d’enseignements tirés d’enquêtes empiriques, certains éléments explicatifs de l’ampleur de « l’économie de l’ombre» dans un environnement donné : niveau des prélèvements obligatoires, volume des réglementations existantes, mais aussi état de l’opinion publique sur la question.
La seconde partie de l’article présente une estimation économétrique de la taille de l’économie de l’ombre dans 145 pays sur la période 1999/2003. L’auteur recourt pour ce faire à un modèle baptisé DYMIMIC (dynamic multiple-indicators multiple causes) mais prend soin en appendice au texte de présenter de manière critique les différents méthodes susceptibles d’être utilisées pour ce type d’exercice (incluant celle à laquelle il recourt ici). Sur le fond, l’étude relève l’ampleur importante de l’économie de l’ombre dans les pays étudiés, qu’ils s’agissent des pays dits en développement, des pays en transition ou des pays développés (avec cependant, des différences sensibles entre ces différents groupes). Sur un plan politique, l’auteur préconise des mesures visant à rendre le travail dans l’économie «officielle» plus attractif, tout en soulignant les raisons propres à inciter les gouvernements à différer leur adoption.

http://www.crema-research.ch/papers/2005-13.pdf

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