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par Gilles Bouvaist

obama

Difficile de savoir quelles priorités Barack Obama privilégiera au début de son mandat, dès le 20 janvier 2009. Coincé entre une avalanche d’indicateurs économiques catastrophiques et le passage de témoin entamé avec l’administration de George W. Bush, l’avenir du programme de Barack Obama ne lui appartient plus vraiment.

Lors de sa première conférence de presse dans son nouveau rôle le 7 novembre dernier, il a néanmoins rappelé le thème majeur de sa campagne : « nous avons besoin d’un plan de sauvetage pour la classe moyenne, qui investisse dans des créations d’emplois et soulage les familles qui voient leurs salaires s’effriter et leurs économies disparaître ».

Un tel plan pourrait prendre forme lors de la session de transition du Congrès qui doit se tenir la semaine prochaine. Parmi les « priorités les plus urgentes », Obama a notamment insisté sur « une extension de l’assurance-chômage pour les travailleurs qui ne parviennent pas à trouver un emploi dans un environnement économique de plus en plus fragile ».

Et pour cause : le marché du travail américain a perdu près d’1,2 millions d’emplois lors des dix premiers mois de 2008, selon les statistiques du département du Travail. Fin octobre, 800000 chômeurs avaient déjà épuisé leurs allocations d’assurance-chômage – qui équivalent en moyenne à 296,69 dollars (environ 233 euros) par semaine et dont la durée maximale est de 26 semaines. Une limite que le Congrès a déjà prolongé de 13 autres semaines et qu’il pourrait encore accroître dans les Etats où le taux de chômage est supérieur à 6% (comme le Michigan ou l’Ohio).

Assurance maladie : sujet sensible

La marge de manœuvre reste donc étroite pour lancer le chantier social le plus attendu de Barack Obama : son projet d’assurance-maladie universelle. Il veut s’appuyer sur les employeurs, dont dépend la couverture de la majorité des Américains. La plupart d’entre eux négocient avec un assureur un plan pour l’ensemble de leurs salariés, mais les coûts souvent prohibitifs en découragent plus d’un. Son dispositif les contraindrait soit à offrir un plan à leurs employés, soit à contribuer à un fond destiné à couvrir les quelque 47 millions de personnes qui en sont dépourvues et les petites entreprises. Malgré une insatisfaction généralisée du public américain, la question de l’assurance maladie reste cependant idéologiquement très sensible -sans même parler du coût de la réforme. Bill et Hillary Clinton s’y sont cassé les dents en 1994.

Autre question délicate, son soutien déclaré à un projet de loi voté en 2007 (mais rejeté par le Sénat), l’Employee Free choice act, destiné à faciliter l’implantation des syndicats au sein des entreprises américaines. La loi, poussée par les syndicats qui y voient une chance de renverser leur déclin (seuls 7,5% des salariés du privé sont syndiqués) et qu’Obama a promis de faire passer en 2009, pourrait lever un vent de rébellion chez les républicains et les lobbys d’employeurs.

In fine, tout dépendra de la stratégie adoptée par Obama : certains lui conseillent de se servir des cent premiers jours de son mandat pour passer le maximum de législation et profiter d’une éphémère fenêtre d’opportunité. Mais la prudence dont il a usé tout au long de sa campagne suggère qu’il pourrait choisir le chemin inverse.

Gilles Bouvaist, à New York

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