La crise, toujours et encore. Un développement malheureusement durable de ses conséquences sociales. Comment les Européens la perçoivent-ils ? L’eurobaromètre a lancé deux vagues d’enquête sur le sujet en juillet et en décembre 2009. Analyse des principaux résultats.
Augmentation de la pauvreté, une crainte largement partagée
La pauvreté augmente, tel est le sentiment de deux tiers des Européens. Ils sont 75 % à estimer que la pauvreté a augmenté dans leur pays mais ils ne sont que 61% à penser qu’elle a augmenté dans leur région. Les disparités sont considérables. Les Français se placent juste derrière les Lituaniens avec 79% d’opinions estimant que la pauvreté a augmenté dans leur région contre moins de 40% pour les Danois, les Néerlandais ou les Suédois.
Les chiffres sont néanmoins tous élevés et traduisent une forte préoccupation des Européens. En octobre 2008, le parlement européen et le Conseil de l’Union ont proclamé l’année 2010 « année européenne de la lutte contre la pauvreté ou l’exclusion sociale », les projets sont lancés dans tous les pays mais les vents contraires soufflent toujours. Pour mémoire, le taux de pauvreté (personnes vivant avec des revenus inférieurs à 60% du salaire moyen) était en 2008 de 17% pour l’UE, de 21% en Lettonie, 13% en France, 12% aux Pays bas et 11% en Suède.
Des difficultés pour honorer les dépenses courantes
Un cinquième des Européens ont déclaré avoir rencontré des difficultés au cours de l’année 2009 pour faire face aux factures courantes ou aux crédits en cours. La santé et les soins aux enfants (le fameux « care ») ont notamment fait les frais de ce manque de ressources, les dépenses étant remises à plus tard. Là encore des différences notables. L’Europe du Nord et l’Autriche ont des scores inférieurs ou égaux à 10%, à l’Est et dans les pays baltes, on atteint des niveaux supérieurs à 30%.
Expectative sur l’évolution de la situation financière des ménages
En décembre 2009, 22% des Européens pensaient que leur situation financière allait empirer au cours de l’année suivante, 54% qu’elle allait rester stable et 21% qu’elle allait s’améliorer, soit un regain d’optimisme d’environ 4% par rapport à la vague de juillet 2009. En décembre 2009, on annonçait la sortie de crise, la croissance allait revenir et le chômage reculer. La crise de l’Euro et des dettes souveraines n’était pas encore au rendez vous et bien des plans d’austérité encore dans les cartons.
Les moyennes européennes cachent cependant une très grande diversité des opinions publiques nationales.
Notons sur cette question et comparativement aux réponses précédentes, le relatif optimisme des Français, des Britanniques ou des Italiens.
Crainte de perdre son emploi et de ne pas en retrouver rapidement
Plus de trois quarts des Européens pensent garder leur emploi en 2010, 46% sont très confiants, 31% assez confiants. Ce qui a contrario veut dire que près d’un quart des Européens se sentent menacés. Les plus pessimistes sont les citoyens des pays Baltes, les plus optimistes sont les Finlandais, Autrichiens, Néerlandais, et Danois.
L’eurobaromètre a regardé de plus près ceux qui redoutent la disparition de leur emploi.
Si l’on retrouve logiquement les plus grandes craintes à l’Est et les moindres au Nord, le pessimisme est général quant à la possibilité de retrouver un emploi dans les 6 mois qui pourrait suivre un hypothétique licenciement. les Danois sont les plus optimistes mais ils ne sont que 7,2% à estimer pouvoir retrouver un emploi. Les Irlandais sont les plus pessimistes avec un taux de 4,2%.
Une retraite qui n’inquiète pas tous les Européens au même degré
Il a été demandé aux interviewés d’apprécier sur une échelle de 1 à 10 si le montant de leur future retraite leur permettrait de vivre décemment. On retrouve sur cet item comme sur tous les autres la confiance de l’Europe du Nord et de l’Autriche et l’inquiétude de L’Europe de l’Est à laquelle on peut ajouter celle du Sud.
En guise de conclusion, focus sur l’Allemagne
On peut noter que l’Allemagne. Les Allemands sont à peine plus confiants que les Français dans la situation sociale présente et à venir de leur pays. Seule leur perception moins pessimiste sur l’augmentation de la pauvreté souligne, avec un écart de 20 points, une singularité française sur le sujet. Sur toutes les autres questions, les Allemands ont des perceptions peu éloignées de celles des Français, pessimistes notoires comment chacun sait.
Le pessimisme des Allemands s’est aggravé en 2010 si l’on en juge par l’étude toute récente de GFK.
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