L’Irlande, l’un des rares pays européens à avoir connu une croissance à deux chiffres avant la crise, est aujourd’hui l’un des Etats de l’Union les plus fragiles. Son système bancaire, pourtant déjà renfloué par l’Etat à hauteur de 46 milliards de fonds propres, suscite la méfiance des marchés. Les engagements du secteur bancaire irlandais représentent huit fois le PIB de l’Irlande et sa capacité de redressement est mise en doute. Le sort des banques irlandaises et de l’Etat qui a corrélativement vu son déficit exploser dépend largement de la Banque centrale européenne et du FMI.
Le « tigre » celtique, tant envié et tant loué par les ultra libéraux, ne fait plus l’admiration du monde de la finance, les marchés se sont retournés et les risques de contagion au reste de la zone euro sont bel et bien réels. L’aide à l’Irlande « est justifiée afin de sauvegarder la stabilité financière de l’Union européenne et de la zone euro », ont expliqué les ministres européens des Finances réunis hier 21 novembre.
Ils se sont entendus pour activer un mécanisme d’aide à l’Irlande d’un montant « de moins de 100 milliards d’euros ». Symboliquement, il a semblé nécessaire d’éviter un montant à trois chiffres. La Grèce avait bénéficié de 110 milliards il y a trois mois.
Les détails du plan de sauvetage du FMI et de l’Union européenne devraient être progressivement connus dans les jours qui viennent, restructuration du système bancaire et de la politique budgétaire en sont la contrepartie. Le Royaume Uni et la Suède devraient également consentir des prêts binationaux.
L’Etat providence irlandais va en faire les frais
Le gouvernement irlandais devrait faire connaître son plan d’austérité sur quatre ans dans quelques jours. Ce sont 5 milliards d’impôts nouveaux et 10 milliards d’économies qu’il s’agit de réaliser. Une nouvelle taxe foncière, une diminution du salaire minimum qui passerait de 8,65 € à 7,65 €, une diminution des allocations chômage et des allocations familiales, une réduction de 28 000 fonctionnaires, une suppression des allocations pour le gaz et l’électricité des plus de 70 ans sont, entre autres mesures, au programme.
L’impôt sur les sociétés de 12,5% ne devrait pas être modifié, contrairement au souhait de certains Etats membre comme la France ou l’Allemagne qui y voient un dumping fiscal déloyal.
Le mécontentement populaire grandit, le 3 novembre, ce sont les étudiants qui organisaient la plus importante manifestation depuis 30 ans pour protester contre l’élévation des frais d’inscription universitaires, la manifestation s’était terminée par l’envahissement du ministère des finances. Pour beaucoup d’Irlandais, le gouvernement est responsable de la situation actuelle et ils réclament des élections générales anticipées.
En attendant les places boursières ont réagi positivement au plan de sauvetage de l’Union et du FMI, quand aux actions des banques irlandaises, elles sont remontées !
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