par Elsa Fayner, Et Voilà le travail !, Metis
Que se passerait-il en cas d’accident nucléaire en France ? Qui est en charge de la sécurité et de la maintenance ? Elsa Fayner fait un reportage sur son blog Et Voilà le Travail ! sur les employés qui sont chargés de la maintenance des centrales : pour la plupart des intérimaires et des sous-traitants. Deux entretiens précisent leurs conditions de travail, de santé et de sécurité en cas d’accident nucléaire.
Au pied du château de Chinon, ils occupent le camping. Ils sillonnent la France en caravane et huit mois par an. Des journées de 12h, une vie sociale à réinventer à chaque étape. Puis ils repartent. 600 km dans la nuit, vers la centrale suivante. On les appelle les « nomades du nucléaire ». Ce sont eux qui supportent plus de 80% de la dose collective annuelle d’irradiation reçue dans le parc nucléaire français. Ils sont près de 30 000 intérimaires à travailler pour des entreprises prestataires (environ 1000). Car aujourd’hui, les sous-traitants assurent 80 % des activités de maintenance des centrales, contre 50% au début des années 90. De manière générale, « ce sont les travailleurs extérieurs qui nettoient, par exemple, les zones dangereuses », précise Michel Lallier, ex- secrétaire du CHSCT de la centrale nucléaire de Chinon dans un entretien. Pour deux raisons : réduire les coûts (privatisation d’EDF oblige), et ventiler les doses de radioactivité qui, auparavant, se concentraient sur les agents EDF.
Quelle est la procédure en cas d’accident ? Ce représentant de la CGT au Haut Comité à la transparence et à l’information sur la sécurité nucléaire, qui pourrait être chargée de l’audit du parc nucléaire français annoncé par le gouvernement sait qu’ « après Tchernobyl, EDF a dressé des listes des agents volontaires en cas d’accident. À Chinon, sur 800 agents habilités à travailler en zone à risque, il y a eu 700 volontaires. Ca s’est fait en accord avec la médecine du travail. Et, le moment venu, il leur sera demandé à nouveau s’ils sont toujours volontaires ».
« Je voudrais bien les voir, les volontaires, le jour J, rétorque dans une autre interview Philippe Billard, ancien salarié d’Endel, un sous-traitant du nucléaire. Nous qui travaillons en zone à risques, notre crainte, c’est pas tellement ça. C’est de rester enfermés dans la centrale. Car ce sont les sous-traitants qui travaillent dans les machines, du côté des réacteurs. Or, ces réacteurs sont isolés par des sas. Les portes en ferraille de ces sas font 15 centimètres d’épaisseur. Si une alerte est lancée, elles se ferment. Et qui reste à l’intérieur ? On y pense à ça, absolument ». Ce militant CGT, président de l’association Santé et Sous-traitance avait été licencié de façon abusive pour avoir osé lever le tabou des conditions de travail et du suivi médical des sous-traitants. Il vient de gagner devant les prud’hommes.
À lire les articles dans leur intégralité sur le blog Et Voilà le Travail !
Sacrifiés du nucléaire, en France aussi
« Nous qui travaillons en zone à risques, notre crainte, c’est de rester enfermés dans la centrale »
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