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Bas salaires : le cercle vicieux

publié le 2012-03-06

L’OCDE définit les emplois à bas salaires comme ceux dont la rémunération correspond à moins de deux-tiers du salaire national médian. Leur proportion importante dans de nombreux pays (parfois en nette augmentation) pousse à en faire un enjeu du débat politique.

Le Center for Economic and Policy Research (CEPR) s’est penché sur la question, avec quelques enseignements intéressantes concernant les principaux pays de l’OCDE.

 

Tout d’abord, il ne semble pas exister de corrélation significative entre croissance et réduction du nombre d’emplois à bas salaires. Pas plus d’ailleurs qu’un PIB par habitant élevé ne parait signifier une faible proportion de travailleurs mal payés.

 

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À l’inverse, le caractère inclusif des institutions du marché du travail (importance de la négociation collective, étendue de la sécurité sociale) aurait quant à elle un impact déterminant sur la proportion d’emplois faiblement rémunérés.

 

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Par ailleurs, sur la nature transitoire ou durable de ce type d’emplois, de même que sur leur vertu intégrative, l’étude du CEPR se révèle riche d’enseignements. Si, comme l’expliquent les auteurs, les emplois à bas salaires étaient essentiellement des « tremplins » vers des postes mieux rémunérés ou plus stables, leur importance ne serait pas forcément néfaste. Mais il semble que les personnes en situation de faible rémunération aient plutôt tendance à le rester d’une année à l’autre. Pire, elles sont plus susceptibles que leurs homologues mieux payés de se retrouver au chômage ou de quitter le marché du travail. Dès lors, à en croire les auteurs, l’idée communément admise, selon laquelle tout travail vaut mieux que pas de travail du tout, mériterait d’être nuancée.

 

Les enseignements américains
L’étude tire enfin quelques enseignements du cas américain, champion de l’OCDE en matière d’emplois mal rémunérés (plus du quart de la main d’œuvre US travaille pour un bas salaire). Ainsi, le salaire minimum serait trop faible pour jouer son rôle de soutien à une rémunération décente. Dans le meilleur des cas, celui-ci n’atteindrait en effet que 80% du seuil fixé par l’OCDE pour sortir de la catégorie des « bas salaires » (pour rappel, deux tiers du salaire national médian). Difficile dans ces conditions de peser sur les taux de rémunération des employés peu qualifiés.

 

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Mais ceux-ci auraient également d’autres soucis que la seule modicité de leur salaire. La quasi absence de garanties légales en matière de protection sociale aux Etats-Unis pèse en effet particulièrement lourd sur les épaules de ces travailleurs. À titre d’exemple, 68% des employés se trouvant dans le dernier quart de la distribution salariale n’auraient pas droit à des congés maladies, contre 11% pour ceux qui se trouvent dans le premier quart. Et la tendance est la même en ce qui concerne les indemnités de licenciement, les congés parentaux ou encore l’assurance-maladie. Dans ce contexte, la question du salaire n’est plus qu’un seul aspect du problème, nous rappelle le CEPR. Et peut-être pas le plus urgent…

 

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