2 minutes de lecture

Le président de LVMH est l’Homo economicus parfait de Daniel Cohen. Un livre d’une richesse exceptionnelle pour donner à comprendre les effets pervers sur les comportements individuels et collectifs du « tout au fric » de l’ultralibéralisme.

 

creche

Je retiend une pépite au milieu de la tonne d’autres que comporte le livre. Voici donc l’anecdote empruntée au travail d’une chercheuse. Le directeur d’une crèche veut s’attaquer aux incivilités des parents qui sont très souvent en retard pour venir chercher leurs chérubins. Il va donc décider de faire payer aux retardataires 10 euros. Contrairement à son attente, le directeur fait le constat que loin de réduire les retards, cela les augmente. Comme quoi il vaut mieux s’appuyer sur la culpabilité du citoyen lorsqu’il transgresse, plutôt que lui offrir d’en payer la nuisance et ainsi de se dédouaner de sa responsabilité.

 

Mais encore faut-il que persiste ne serait ce qu’une once de culpabilité. Une donnée devenue étrangère à la population envoûtée dans le « tout au fric » et la toute puissance qu’elle génère, ne laissant plus la moindre place au doute et donc à toute éventuelle culpabilité. Être le plus riche en France expose au premier chef à nier toute culpabilité et naturellement à se faire le leader naturel de vivre sans elle.

 

Si le directeur de la crèche, au lieu de chercher à comprendre, avait consulté notre futur tenant de la double nationalité, celui-ci lui aurait expliqué qu’il avait commis l’erreur de sous-estimer le montant de la sanction financière. A 50 euros, c’est à dire trois fois le prix, charges comprises, d’une heure de baby-sitting, il aurait sans coup férir résolu son problème de retard. Mais il aurait généré un autre problème, étranger aux décideurs du « tout au fric » : le nombre de chérubins qu’il lui resterait diminuerait et il ne rendrait plus aux parents le service qu’il comptait leur fournir.    

Print Friendly, PDF & Email
+ posts