Début octobre, la Cegos a rendu publics les résultats d’une enquête menée dans 5 pays européens auprès de 3000 jeunes salariés de moins de 30 ans sur leur rapport à l’entreprise, au travail et au management. Cette enquête, déjà menée en 2009 permet, entre autres, de mesurer les premiers impacts de la crise sur les attitudes de ces salariés. En voici les grandes lignes.
Si la vie de famille arrive largement en tête de leurs valeurs – Français et Espagnols sont 90 % à la plébisciter – la valeur travail reste forte mais obtient des scores bien inférieurs. Elle est moins forte chez les Français, qui lui préfèrent les amis, alors qu’elle est très élevée chez les Italiens qui y voient d’abord un moyen de se réaliser plus que de gagner de l’argent. Se réaliser donc par le travail ? Pour les Français l’argent vient d’abord ! En revanche seuls 4% de ces jeunes trouvent important de s’engager pour une cause ; c’est en France que cette valeur est la plus faible (2%) et en Italie la plus élevée (7%)…
Dans la vie en général, qu’est qui est le plus important pour vous ?
S’agissant de leur premier emploi, seuls 39% de ces jeunes ont trouvé un CDI. La palme revient ici au Royaume Uni (pays où la protection de l’emploi diffère peu selon les contrats) alors que ce sont les jeunes Espagnols qui y accèdent le plus difficilement. Pour s’intégrer au marché du travail, les Français, les Italiens et dans une moindre mesure les Allemands misent d’abord sur les candidatures spontanées, tandis que les Britanniques choisissent surtout les annonces et les cabinets de recrutement. Les Espagnols misent sur leurs relations personnelles et, sans surprise, l’apprentissage est une voie non négligeable pour les Allemands.
Si la stabilité de l’emploi est ce qui attire le plus les jeunes dans une entreprise – sauf au Royaume Uni où ils mettent d’abord en avant les opportunités de carrière – la rémunération et le contenu du poste comptent aussi mais diminuent sensiblement chez les jeunes Français par rapport à 2009. La crise est bien passée par là ! Le stress et la dégradation de l’ambiance de travail sont les premiers facteurs qui les feraient changer d’entreprise. D’ailleurs, moins de 50% d’entre eux envisagent de rester dans la même entreprise dans les trois prochaines années. Tentés eux aussi par le zapping, les jeunes français sont cependant les plus enclins à rester dans l’entreprise si elle répond à leurs attentes et permet leur développement.
Grosses structures et secteur privé ont la préférence des moins de 30 ans mais le secteur public est prisé partout, y compris au Royaume Uni ! A l’inverse, le secteur associatif intéresse moins et c’est particulièrement vrai en France et en Espagne. Un petit tiers des jeunes auraient souhaité créer leur entreprise, mais cette moyenne recouvre de fortes disparités : c’est en Italie que l’envie créatrice est la plus forte (près d’un jeune italien sur deux) et en France qu’elle est la plus faible (un jeune sur 5).
S’agissant du management, plus d’un jeune sur deux attend un management élargi à des personnes ressources autres que leur seul manager. La demande de reconnaissance, d’écoute, de soutien et d’individualisation de la relation managériale est forte. L »insatisfaction est non négligeable, notamment sur les apports en compétences techniques, la vision des évolutions et l’accompagnement du changement … Mais au fait, confie-t-on fréquemment des responsabilités managériales aux moins de 30 ans ? L’Europe du Sud y est plus réticente, et en France, plus encore qu’en Espagne ou en Italie. En revanche, c’est au Royaume Uni ou en Allemagne qu’on pratique le plus l’affectation dans des postes à responsabilité managériale… Pour autant, l’appétence des jeunes à manager est réduite : seuls 15 % d’entre eux y sont prêts, les Français le désirant plus que les autres (peut-être aussi parce qu’ils en sont les plus exclus !)… Une fois aux manettes, il est intéressant de noter que 82% des jeunes managers affirment manager différemment de leurs aînés et prendre au sérieux le contrat et… l’humain !
En matière d’organisation du travail et de politiques RH, les jeunes privilégient la souplesse et la flexibilité dans le temps de travail, un environnement propice à l’innovation, ou encore le partage des connaissances entre générations… Par contre, les organisations apprenantes ou le télétravail ne suscitent pas d’engouement particulier.
Quels enseignements tirer de cette enquête ? Ils sont sans doute nombreux. Limitons nous ici à faire un constat simple : sans tomber dans le jeunisme, l’enquête Cegos apporte de l’eau au moulin à tous ceux qui depuis quelques années plaident pour d’autres mode de gestion et de management. Les nouvelles générations, avec leurs qualités et leurs défauts, y poussent. Encore faudrait-il leur faire une place, ce à quoi l’Europe du Sud, France en tête, résiste …
Pour en savoir plus
Cegos enquête « les jeunes et le travail »
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